Le silence des politiques devant le malaise social grandissant à quelque chose d’hallucinant. N’est-ce pas tout simplement parce qu’ils en sont responsables? Demande Malek Boutih, ancien président de SOS racisme. Par Alain Hasso
Le malaise social semble augmenter de semaine en semaine. Point culminant la démonstration de force, à Marseille, l'une bande de dealers surarmés, qui a sorti toute sa panoplie de kalachnikovs pour intimider la police. À cela s'ajoutent, à Courcouronnes en banlieue parisienne ou à Grenoble, les attaques le policiers en civil par des groupes de jeunes, es débordements de foule à Lyon dans le quartier La Duchère. Et pendant ce temps, à Pau, un tomme est battu à mort par des adolescents. Autre symptôme durant les manifestations de fonctionnaires le 22 mai, Emmanuel Macron a été brûlé en effigie ou représenté sur des calicots, avec une balle dans le crâne. Douce France ! Comment expliquer cette violence ? Il est un leu trop simple de toujours invoquer l'islam.
Malek Boutih, vieux cheval de retour de la politique de gauche, ancien responsable de SOS Racisme où il a succédé à Julien Dray, a sa petite dée sur la question. Elle est très incorrecte, mais il n'hésite pas à la donner jusque sur le plateau d’On n'est pas couché, cette émission qui offre un sanctuaire à la bonne conscience de gauche, aujourd'hui bien esseulée. Cette bonne conscience, l'ancien patron de SOS racisme connaît bien, il a donné, il n'y croit plus. Malgré un long parcours au PS, c'est sans doute parce qu'il n'y croit plus qu'il a voté pour Emmanuel Macron dès le premier tour de la Présidentielle, et de nous détailler les raisons de sa crise de foi idéologique « les jeunes d'aujourd'hui qui partent vers le radicalisme ont croisé des militants politiques. Mais ces mecs-là, au lieu de leur parler positivement, les ont caressés dans le sens du poil : »T’as raison d'avoir la haine, ouais est un pays pourri, ouais vous êtes maltraités…" ».
Ces militants de gauche ont cru, sans doute, qu'ils pratiquaient la convergence des luttes. En réalité, ils ont semé la haine dans les coeurs. Et Malek Boutih de renforcer son diagnostic pour ai, les semeurs de haine crèvent de cette haine qu'ils ont semé sur le sol français « Ce qui a tué la gauche, ce n'est pas Macron. C'est qu'elle est devenue méchante, aigrie, elle est devenue juste la volonté de combattre, de détruire. Elle a perdu ce qu'elle avait de plus beau l'espérance, le fait de dire que demain ce sera mieux ». On peut ne pas partager le rêve black-blanc-beur de Malek Boutih. On peut croire, comme nous le croyons, que son optimisme de gauche avait quelque chose de suicidaire pour la France. Mais ce rêve est manifestement au passé pour lui. Les semeurs de haine nous ont fait passer à autre chose. Ils ont créé une France convulsive, profondément divisée, où chacun vit pour soi, où l’affectio societatis a disparu, où l'on croira simplement régler ses comptes en détruisant le bien commun, que ce soit le bien commun des entreprises (la SNCF, Air France) ou le bien commun de la nation.
L'ancien député socialiste donne un nom, c'est un nom propre, qui est, parmi d'autres, à l'origine de toutes les haines de soi Jean-Luc Mélenchon il le juge comme une sorte de nourrice de la haine il le traite de sas sur le chemin de la radicalisation. Il n'hésite pas à lui reprocher jusqu'à son enrichissement personnel grâce à la politique « Ça peut être un sas. Quand vous biberonnez à la haine, quand monsieur Mélenchon biberonne à la haine une jeunesse alors que lui-même était sénateur à 34 ans)… J'ai vu aussi au moment de la présidentielle le capital qu'il avait et pour un mec qui n'a jamais bossé de sa vie, c'est quand même pas mal, oui, ça amène à ça. Quand toute la tonalité est violente, tout vous amène à la violence ».
Et Malek Boutih de conclure sa terrible démonstration sur les responsabilités de la gauche française dans la crise de civilisation qui est encore à venir « Toute une génération ne croit plus à la démocratie, elle pense que c'est un décor de carton-pâte. C'est ce mouvement-là qui est en cours un mouvement de radicalisation de la jeunesse, et dans cette radicalisation, il y a des segments très violents. Il y a un nouveau nazisme avec l'islamisme, mais pourquoi pas dans quelques années un terrorisme écologiste par exemple ? » Dans quelques années ? Les zadistes de Notre-Dame-des-Landes ne sont pas loin de ce terrorisme écologiste, qui est l'une des figures de l'éclatement de la gauche française, quand la radicalisation islamique en est une autre.
Je parle de radicalisation islamique d'autant plus volontiers dans ce contexte de décomposition de la gauche que la présidente de l'Unef, bastion historique de la gauche depuis Mai 68, est une fille voilée, convertie à l'islam intégriste. L'Unef a longtemps été un symbole de la convergence des luttes en faveur de l'idéal laïc de la gauche plurielle. Elle se met aujourd'hui à la remorque de l'intégrisme musulman. C'est avouer qu'elle a perdu la boussole.
monde&vie 31 mai 2018