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Remaniement des persécutions

durer.pngJean-Luc Mélenchon expliquait sur son blogue en octobre 2011, au début des révolutions arabes qui chassèrent du pouvoir Moubarak en Egypte et  Ben Ali en Tunisie,  que «  n’en déplaise aux Le Pen, (les arabes) sont des êtres humains en proie aux exigences universelles de liberté et d’égalité dont la philosophie des Lumières et la grande révolution de 1789 a montré qu’elles formaient le décalogue des temps contemporains. »  Les résultats du départ des « tyrans » ne furent certainement pas à la hauteur des espoirs de M. Mélenchon. Pour autant, « dans la galaxie arabo-musulmane, la Tunisie peut se targuer de cultiver sa différence de manière éclairée, pour le bien de tous ses concitoyens, sans exclusive » écrivait le site communautaire oumma.com dimanche. Un éloge accueillant le vote le 9 octobre par les parlementaires tunisiens d’une loi, la première dans un pays arabe, « pénalisant le racisme – le discours raciste, l’incitation à la haine et la discrimination. » Il est notoire que le racisme vis-à-vis des noirs – la Tunisie compterait 10% de noirs tunisiens et de  subsahariens- est structurellement assez répandu au Maghreb,  dans les pays arabo-musulmans dont la longue tradition esclavagiste n’est plus à démontrer,  quand bien même l’islam, religion à prétention  universelle, serait par essence antiraciste

C’est d’ailleurs une députée affiliée au parti islamiste  Ennahda,  proche des Frères musulmans et de la Turquie,  Jamila Ksiski,  elle-même issue de la minorité noire, qui a porté  ce « long combat législatif » rapporte oumma.comBruno Gollnisch rappelait dernièrement qu’il combattait l’idéologie des Frères musulmans, a fortiori  quand ils veulent l’imposer en France et en Europe, mais aussi sa sympathie pour le peuple tunisien qui n’est pas réductible à l’intolérance islamiste. Il en voulait  pour preuve l’ouverture d’esprit des organisateurs d’une exposition à la cité de la culture à Tunis qui avaient  retranscrit  une  citation de ses propos – Il n’est de véritable tradition qu’enracinée dans la modernité -, ce qui dérangea  en France un certain nombre de  bien-pensants…

Si cette loi  antiraciste peut apporter à Ennahda une image plus positive sous nos latitudes - la toute petite minorité chrétienne autochtone (1% de la population)  est souvent victime de   menaces et  de persécutions - ce parti ne ménage pas ses efforts  pour  tenter de lisser son image extrémiste.  Il s’agirait d’une stratégie assez grossière qui ne doit  pas faire oublier sa violence et ses buts politiques.  Alain Chouet, ancien chef du service de renseignement de sécurité de la DGSE, expliquait dans l’Humanité en juillet 2015 que les islamistes tunisiens  « avant de quitter le pouvoir – ils y sont revenus depuis en intégrant une coalition gouvernementale, NDLR -  ont organisé une réforme fiscale qui ruine la classe moyenne laïcisée, laquelle constitue le pire ennemi des Frères musulmans. Depuis, de nombreux attentats ont ensanglanté la Tunisie visant à tuer son économie, ruiner le secteur touristique, les syndicats, les associations, de façon à revenir au pouvoir. C’est la stratégie systématique des Frères musulmans. » En  juin 2012, invité de l’Association Régionale Nice Côte d’Azur de l’IHEDN, M. Chouet   relevait  plus globalement   que  le « printemps arabe  n’a mis que six mois à se transformer en hiver islamiste (…). Seul le régime syrien résiste à ce mouvement généralisé d’islamisation au prix d’une incompréhension généralisée et de l’opprobre internationale (…). »

Toujours peut-être au nom des exigences universelles de liberté et d’égalité, Jean-Luc Mélenchon a réagi avec virulence  hier à la quinzaine de perquisitions  qui ont eu lieu au siège de La France Insoumise (LFI), à son domicile et à ceux d’anciens ou d’actuels collaborateurs de son parti . Bruno Gollnisch rappelait incidemment sur twitter  hier à ce  propos   qu’« il y a deux ans (les policiers)  sont venus à 6h du matin à l’adresse parisienne de mon assistant fictif alors que cet assistant fictif était réellement à Bruxelles, au Parlement européen ! Pourtant la procédure continue : révoltante persécution politico-judiciaire. »

Le dirigeant de LFI  a donc a dénoncé  un  « coup de force »,  une volonté de museler l’opposition en pleine période de  remaniement gouvernemental, une mise en scène indigne.  Ce qui n’est pas totalement faux, l’opposition nationale  ayant eu à subir dernièrement des procédés identiques et par les mêmes.  Il fut même une époque où  campagne était menée en faveur de l’interdiction du FN, à laquelle pris part M. Mélenchon, mais ça c’était avant…  

Le quotidien Le Monde explique que « les perquisitions ont été réalisées par l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (OCLCIFF), dans le cadre de deux enquêtes préliminaires ouvertes par le parquet de Paris. La première est relative à l’emploi d’assistants parlementaires européens. Les enquêteurs veulent savoir si des fonds européens destinés à l’emploi d’assistants d’eurodéputés ont été utilisés pour rémunérer des collaborateurs du parti. Il s’agit de l’élargissement, en juillet 2017, de l’enquête visant, pour les mêmes motifs, l’ex-Front National, désormais Rassemblement National. La seconde a été ouverte en mai de cette année, à la suite d’un signalement du président de la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP) visant ceux de la présidentielle 2017, soupçonnés d’irrégularité.»

« Dans un communiqué, LFI a souligné que l’enquête sur les emplois fictifs du Parlement européen a été ouverte à la suite d’« une dénonciation d’une élue d’extrême droite, Sophie Montel (ex FN, ex Patriotes, NDLR) , qui avouait elle-même qu’elle n’était pas sérieuse. Elle parlait en effet d’un pied de nez ». « Concernant les comptes de campagne pour la présidentielle de 2017, la CNCCFP a validé, le 13 février, ceux de Jean-Luc Mélenchon sans aucune irrégularité. Ce n’est pas le cas pour ceux d’Emmanuel Macron pour lequel des irrégularités ont été notées. Afin de prouver publiquement son honnêteté, M. Mélenchon a demandé, le 8 juin, le réexamen de tous les comptes de campagne .»

Invité de RTL ce matin, le  secrétariat d’Etat auprès du Premier ministre et porte-parole du gouvernement Benjamin Grivaux a eu bien du mal à défendre à l’occasion du remaniement ministériel  l’allocution ratée et sépulcrale – dixit Christophe Barbier c’est dire! –   dans la forme comme dans le fond d’Emmanuel Macron hier soir. Un discours  grossièrement anxiogène,  suintant la peur du vieux monde  bruxellois de voir les Français et les  peuples européens  secouer le joug de de l’euromondialisme. «Ces  nationalistes  a relevé Bruno Gollnisch  que M. Macron attaque constamment n’ont  (pourtant) aucune responsabilité dans les difficultés du pays, contrairement aux partis du Système dont il prétend faire la synthèse.»

Plus prosaïquement, M. Grivaux  a tenu  cependant à coller   le mistigri de  l’infréquentabilité et de l’extrémisme à M. Mélenchon en assimilant ses griefs (encore une fois non dénués de fondements) à ceux formulés par l’opposition nationale:  «il a les mêmes arguments que Marine Le Pen. Ça devrait commencer à l’interroger de reprendre, en permanence, les mêmes arguments que Marine Le Pen. Il est inadmissible en France de mettre en cause l’indépendance de la Justice. On n’est pas à Caracas, on n’est pas au Venezuela, même si je sais qu’il a une fascination pour ce pays et la manière dont l’état de droits est réglé dans ce cas-là. Ici, on est en France, l’indépendance de la justice, elle est totale » a-t-il assuré. Oui bien sûr, totalement indépendante, totalement imperméable aux pressions du pouvoir,  totalement apolitique… c’est une évidence… non?

https://gollnisch.com/2018/10/17/remaniement-des-persecutions/

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