C’est ce que révèle Michel Thooris, secrétaire général du syndicat France Police —Policiers en colère :
«Notre organisation syndicale tient à souligner l’extrême difficulté qu’ont rencontrée nos collègues officiers de police judiciaire dans le cadre de la mission qui leur a été confiée le 8 décembre. Ils sont soumis à deux autorités. La première est l’autorité administrative qui peut être exercée par le commissaire, le préfet ou le ministère de l’Intérieur. Or cette autorité a fait pression sur nos collègues afin qu’il y ait un maximum d’interpellations suivies de gardes à vue. La seconde autorité est judiciaire, en l’occurrence le procureur de la République. On ne met pas les gens en garde à vue n’importe comment. Il faut que la situation le justifie. Il se trouve que beaucoup des motifs d’interpellation donnés le 8 décembre étaient légers. Raison pour laquelle de nombreux individus s’en sont sortis avec un simple rappel à la loi.»
Nicole Belloubet, ministre de la Justice, refuse d’entendre parler «d’interpellations préventives» pour la journée du 8 décembre, un terme qui «n’est pas justifié» selon la Garde des Sceaux.
Michel Thooris la contredit :
«Notre organisation avait demandé des interpellations préventives du moment où nous avions les éléments nécessaires afin d’être à peu près certains que les individus allaient se livrer à des violences. En revanche, un certain nombre de personnes ont été arrêtées pour simplement avoir été en possession de masques. La difficulté pour nos collègues était de répondre à la très forte demande de notre autorité administrative pour multiplier les arrestations quitte à composer avec un cadre légal et juridique contestable.»
Me Avi Bitton, avocat d’un interpellé, déclare :
«Je ne vais pas crier à la dictature, mais il y a une dérive autoritaire du gouvernement. Dès 8 heures du matin, avant même que la manifestation ne démarre, des interpellations arbitraires ont eu lieu en marge. Le gouvernement voulait dissuader les Gilets jaunes d’aller manifester, les chiffres des gardes à vue ont immédiatement été donnés. C’était une opération de communication. Le résultat c’est que 70% des gardes à vue se terminent sans poursuite. La justice est prise en otage. Les gardes à vue préventives, ça n’existe pas dans le Code pénal.»
En revanche, pour les racailles qui sont venues effectuer des razzias dans la capitale, il semble qu’il n’y ait pas eu d’arrestation préventive… Faible avec les forts, et fort avec les faibles.