Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Chute annoncée du « califat » de l’EI en Syrie : un simple épisode d’une guerre sans fin, par Franck Deletraz

Etat-islamique-9305-chard-600x462.jpg

Si la coalition arabo-kurde des Forces démocratiques syriennes et la plupart de ses alliés occidentaux se félicitent depuis plusieurs jours déjà de la « fin imminente » du « califat » de l’EI en Syrie, nous commettrions une grave erreur d’appréciation en pensant que ce conflit est non seulement terminé mais surtout gagné. De par sa nature et celle de notre ennemi, la faculté qu’a ce dernier à « disparaître » pour frapper à nouveau là où l’on ne l’attend pas, ses innombrables relais et bases arrière dans le monde entier, et notamment en Europe, tout porte à croire, au contraire, que la guerre de l’Occident contre la barbarie islamiste, à l’instar de celle du Bien contre le Mal, n’en finira jamais vraiment.

« Victoire tactique » mais « défaite stratégique »

Alors que les combats continuaient de faire rage dans Baghouz, dernier réduit officiel de Daech en Syrie, un commandant des FDS indiquait encore samedi que « la victoire sera annoncée dans quelques jours ». Or, tous les services de renseignement savent parfaitement que les djihadistes de l’EI ont, depuis longtemps déjà, minutieusement organisé leur retour à la clandestinité. C’est d’ailleurs là l’une des très justes observations faites récemment par le colonel Legrier, commandant de la Task Force Wagram, dans une tribune publiée par la Revue de la Défense nationale, dans laquelle il parle d’une victoire « tactique » de la coalition, mais d’une « défaite stratégique ». En effet, explique-t-il, « l’ennemi » n’a « pas été autant [détruit] qu’on a bien voulu le faire croire », et il n’a pas été atteint dans « son moral et sa volonté de combattre » puisqu’il a « déployé jusqu’au bout une combativité inébranlable ». En outre, poursuit le colonel Legrier, la « défaite devenue inéluctable, il s’est exfiltré vers des zones refuges pour poursuivre la lutte en mode insurrectionnel, ne laissant sur place qu’une poignée de combattants étrangers ».

Comment importer une guerre chez soi

Des combattants notamment « français » qui, faits prisonniers, continuent de bénéficier de la générosité suicidaire de notre pays. Ainsi, rappelons-le, alors que ces assassins ont pris les armes contre nos soldats, notre gouvernement, craignant de les voir tomber aux mains des autorités irakiennes qui n’hésitent pas à fusiller, se démène aujourd’hui pour obtenir leur rapatriement en France où, nous promet le secrétaire d’Etat à l’Intérieur, « ils seront tous judiciarisés, et incarcérés » dès leur arrivée. Au total, cela représenterait pas moins de 150 individus, dont 90 mineurs, pour la plupart tellement endoctrinés que certains experts les jugent « irrécupérables »… De quoi améliorer la situation en France où, comme l’a annoncé jeudi Nicole Belloubet, une trentaine de détenus, condamnés pour des liens avec le djihadisme et ayant séjourné dans la zone syro-irakienne, seront libérés en 2019. Evénement pourtant décrit par François Molins, ex-procureur de la République de Paris, comme constituant « un risque majeur » pour la sécurité de notre pays.

Bref, une situation tellement ubuesque que l’on en vient aujourd’hui à se demander si l’Etat est à ce point stupide qu’il ne voit pas qu’il creuse aujourd’hui notre tombe.

Franck Deletraz

Article paru dans Présent daté du 18 février 2019

https://fr.novopress.info/

Les commentaires sont fermés.