Ce n’est pas faute de l’avoir dit, il est plus facile d’entrer dans l’Union Européenne que d’en sortir, quand bien même un Etat y aurait posé un pied prudent et aurait conservé sa monnaie nationale. Le Royaume-Uni en fait aujourd’hui l’expérience, tant il est vrai que le cas d’Albion, forcément perfide aux yeux des Bruxellois les plus enragés, doit servir d’exemple et dissuader tous ceux qui seraient tentés de s’en évader. A J-17 avant la date officielle du Brexit, une large majorité de 391 députés britanniques (contre 242) ont infligé hier un nouveau désaveu cinglant à la pugnace Theresa May, en rejetant son accord de rupture avec l’UE. Un nouveau vote aura lieu aujourd’hui qui jugera de la possibilité d’une sortie sans accord et demain ces mêmes députés devront se prononcer sur la proposition d’un report (limité) du Brexit. On admirera dans ce contexte ce tweet de Michel Barnier, négociateur en chef pour l’Union européenne chargé de mener les négociations liées au Brexit, jouant le registre de la bonne volonté et de la sincérité douloureuse: «L’Union européenne a fait tout son possible pour que l’accord soit adopté. L’impasse ne peut être résolue qu’au Royaume-Uni. Nos préparatifs en vue d’une sortie sans accord sont maintenant plus importants que jamais.» Euronews rapporte pareillement les avertissements de Donald Tusk, le président du Conseil européen: «s’ils doivent demander le report du Brexit il faudra qu’ils se justifient de manière crédible pour ne pas perturber le bon (sic) fonctionnement de l’Union européenne.»
Telle est l’actualité européenne qui sert de toile de fond aux derniers jours de ce Grand débat national initié par Emmanuel Macron, lequel doit officiellement s’achever vendredi. Grand débat ou plutôt grande arnaque d’un représentant d’un Système aux abois qui a trouvé ce moyen, cette diversion, au plus fort de la crise des Gilets Jaunes (mais le feu couve toujours) pour gagner du temps, tout en affirmant qu’il ne dérivera pas du cap politique, économique et idéologique qui est le sien. Félicitons nous tout de même de ce que le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), saisi notamment par le Rassemblement National, ait officiellement confirmé lundi sur son site que les interventions fleuves de M Macron dans le cadre du Grand débat (plus de 140 heures de prose élyséenne et jupitérienne ont été diffusées sur l’ensemble des chaînes d’information!) seraient décomptées du temps de parole de l’exécutif. Voilà qui devrait également réjouir le juriste Régis de Castelnau, opposant de la première heure au nouveau monde macroniste qui voyait dans ce Grand débat, un «Macron Tour » de soutien à la liste LREM aux élections européennes, «strictement illégal et qui caractérise un comportement pénal. »
Les Français, certes, ne sont plus dupes de grand chose. Un récent sondage Ifop-Fiducial indique que 62% des personnes interrogées pensent qu’Emmanuel Macron et le gouvernement ne prendront pas en compte les propositions et demandes formulées par les Français dans le cadre du grand débat. Et BFMTV notait hier que les cinq garants désignés du grand débat (Jean-Paul Bailly, Nadia Bellaoui, Guy Canivet, Isabelle Falque-Pierrotin, Pascal Perrineau) «ont déploré ce mardi les interventions répétées d’Emmanuel Macron et des membres du gouvernement dans la consultation, qui ont selon eux pu renforcer la méfiance des Français (…). Il était peut-être utile qu’il y ait une communication présidentielle et gouvernementale importante au début du processus pour mobiliser les citoyens, a souligné (le politologue) Pascal Perrineau au cours d’un point de presse du collège des cinq garants. Mais, la manière dont ça s’est prolongé a pu contribuer, après avoir mobilisé, à entraver la mobilisation. » Bref, autrement dit, cette manœuvre a manqué singulièrement de finesse.
Pascal Perrineau, est-il dit encore, a souligné à ce propos «des difficultés pour rassembler ces échantillons de citoyens dans certaines régions. La participation moyenne pourrait, selon lui, se situer plutôt aux alentours de 50 à 70 citoyens par conférence au lieu d’une centaine prévue au départ.» RT, citant ici un article du Parisien, a précisé par ailleurs, dixit un autre politologue, Jérôme Fourquet, que «la France qui a participé à cette vaste enquête est celle qui a voté pour Emmanuel Macron au premier tour de l’élection présidentielle. Par voie de conséquence, il note des disparités entre la participation des départements les plus riches et celle des moins aisés (…) Aussi, le Grand débat initié par Emmanuel Macron, et organisé par le gouvernement en dehors d’un cadre indépendant (comme le souhaitait à l’origine la Commission nationale du débat public) semble être, d’abord, une affaire macronienne. La carte des non-contributeurs correspond à celle du non à Maastricht, résume par ailleurs Jérôme Fourquet qui constate une fracture civique et démocratique».
Lors de l’émission 20 heures politique sur BFM hier soir, le sondage en ligne repris sur son compte twitter était sans appel et balayait d’un revers de la main les «10 000 réunions organisées, les 1,4 million de contributions récoltées en ligne et les 16 000 cahiers de doléances ont été remplis par des citoyens.». À la question posée aux auditeurs Etes-vous optimistes quant aux réponses que le gouvernement va apporter ? , 87% des sondés répondaient NON… Et Jean-Paul Bailly enfonçait le clou en estimant que le compte-rendu (du grand débat) ne sera pas un sondage représentatif de l’opinion des Français.»
D’autant que la crédibilité de ce gouvernement, dans sa capacité à dire le vrai, a été très largement anéantie par sa gestion de la crise des Gilets Jaunes. Déni pathétique du chef de l’Etat , infox, fausses nouvelles véhiculées à la tête de l’Etat et par ses relais, diabolisation, reductio ad hitlerum, délires verbaux des Griveaux, Schiappa, Castaner…: des sommets dans la propagande mensongère à gros sabots ont été atteints.
Laurent Dauré l’a (d)écrit longuement sur le site Les crises, «la synthèse des délires macronistes à propos des Gilets jaunes » parle d’elle même : «il s’agit d’un mouvement de factieux néonazis incendiaires dont le mouvement est orchestré en sous-main par Stephen (dit Steve) Bannon, Vladimir Poutine et le gouvernement italien. La pensée complexe, ça décoiffe (…). Les médias dominants ont maintes fois condamné les Gilets Jaunes pour les fausses informations diffusées sur les réseaux sociaux, ils en ont proposé des compilations (quelques exemples : BFM-TV, France Inter, Le Parisien, TF1, CNews, RTL), en occultant presque systématiquement leurs pendants macronistes. Pourtant, si on prétend s’intéresser avec honnêteté et rigueur aux phénomènes des fake news et du conspirationnisme – qui ne sont pas récents –, il convient de se pencher aussi et peut-être même en priorité à l’abondante production du pouvoir..»
Quitte en effet à se pencher sur le sujet (bien réel) de la pensée conspirationniste et de son impact sur nos comportements, notamment électoraux, «On attend avec impatience des études sur la perméabilité de la petite et grande bourgeoisies à certaines théories du complot (en particulier sur la Russie), la spécificité de leurs biais intellectuels et la faible dilection des classes éduquées à l’égard de la démocratie. À ce sujet, on a pu constater que les médias dominants se sont abstenus de rendre compte d’une étude importante exposée dans le New York Times le 23 mai 2018 : « Les centristes sont les plus hostiles à la démocratie, pas les extrémistes. Difficile de ne pas reconnaître le macronisme sous les traits de ce centrisme totalitaire ».
Difficile en tout état de cause de croire encore aux lendemains qui chantent et de penser printemps. Et ce, affirme Bruno Gollnisch, en cette période ou les défis qui attendent la France et les Français (ils vont atteindre leur taille critique dans les mois et les années à venir), certainement les plus dangereux que nous aurons à affronter depuis les commencements de notre longue histoire, commanderaient de rompre, définitivement et urgemment , avec la catastrophique utopie euromondialiste.
https://gollnisch.com/2019/03/13/la-grande-arnaque-en-debat/