Alors que les citoyens de l’Union européenne sont en pleine campagne électorale, en vue du suffrage qui aura lieu le 26 mai prochain pour désigner les députés européens, le Parlement de Strasbourg poursuit, en catimini, son œuvre fédéraliste.
C’est ainsi que, le jeudi 4 avril dernier, l’instance européenne a voté un « règlement carte d’identité » instaurant le principe d’un document officiel porteur d’un symbole européen, d’un format et d’une couleur identique dans les différents pays de l’Union. Il est également prévu que ces différentes caractéristiques communes devront, peu à peu, compléter les documents que chaque État continuera à émettre, tout en gardant la possibilité (mais pour combien de temps ?) de maintenir des éléments spécifiquement nationaux.
Pourtant, interrogé sur l’instauration de ce nouveau titre officiel, qui a tout d’une pièce d’identité européenne, le rapporteur du projet, le Belge Gérard Deprez, membre du groupe des libéraux et démocrates, déclare sans ambages : « Il n’est pas question de remplacer les cartes nationales d’identité par une carte européenne ; ni d’obliger les États membres qui n’en délivrent pas à en délivrer une ; ni de créer une banque de données européenne des empreintes digitales ; ni de constituer une base légale pour en créer une au niveau national comme se plaisent à le proclamer certains, au mépris de la vérité ! »
Alors, à quoi va-t-elle servir ? Toujours selon l’eurodéputé belge, ce nouveau document serait simplement destiné à faciliter la circulation des personnes au sein de l’Union européenne. Mais n’est-ce pas, déjà, le but assigné d’une carte d’identité nationale ? Par ailleurs, les passeports actuellement délivrés par les États membres ne portent-ils pas, déjà, la mention « Union européenne » ? Quant à la bannière étoilée, ne figure-t-elle pas, par exemple, sur les nouveaux permis de conduire ? Autant dire que les explications avancées par l’élu européen ne sont pas très convaincantes. En réalité, avant même le choix des peuples qui aura lieu dans quelques semaines, et vraisemblablement inquiets du progrès des votes observés ces derniers mois dans plusieurs pays de l’Union, le Parlement de Strasbourg, encore majoritairement occupé par des fédéralistes, tente de poser quelques repères forts de dernière minute.
Sans doute les élus concernés, savamment encouragés par une Commission apeurée, espèrent-ils faire émerger dans l’urgence et la précipitation cette notion de citoyenneté européenne après laquelle ils courent désespérément mais qui semble s’éloigner au gré des élections nationales. Citoyen européen « par les papiers » à défaut de l’être de cœur, c’est le message que porte cette nouvelle tentative de forcer l’avenir et le destin de peuples décidément récalcitrants. Comme si la distribution, sous un prétexte fallacieux, d’un documents officiel venu d’ailleurs pouvait, à elle seule, forger un sentiment d’appartenance à une entité supranationale dans laquelle de moins en moins de citoyens européens se reconnaissent.
C’est dire la déconnexion totale qu’il existe désormais entre l’Europe fédéraliste et ultralibérale voulue par Bruxelles et les peuples qui subissent, au quotidien, la pression et les diktats de cette institution hors-sol. Le 26 mai prochain, sans doute pour la dernière fois, les citoyens qui composent les 27 pays de l’Union européenne (les Britanniques ayant déjà choisi) auront la possibilité de reprendre leur destin en main. Ce projet de carte d’identité européenne fixe l’objectif poursuivi par les fédéralistes : la fin des nations. ce funeste projet, il est encore possible de répondre par le choix d’une Europe des peuples libres et des grands projets. Ni plus ni moins que celle voulue par le général de Gaulle.