La France médiatique trouve souvent à redire quand il s’agit de régimes qu’elle n’apprécie pas, ou encore de démocraties dites illibérales au sujet de la liberté de la presse. Par contre quand on vandalise un Institut d’études supérieures à Lyon il n’y a plus grand-monde.
Les faits
Dans la nuit du 26 au 27 mars 2019, des agitateurs d’ultra gauche se revendiquant des black-blocs ont vandalisé un Institut d’Études supérieures reconnu par l’État, l’ISSEP, dans le quartier confluence de Lyon. Cet acte nocturne a été revendiqué sur les réseaux sociaux par un « groupe antifasciste » qui y tient librement page sans être inquiété, comme tous les groupes black-blocs de France et de Navarre, près de deux semaines après les faits, et sans qu’une quelconque Commission de lutte contre les violences d’ultra gauche ait vu le jour, contrairement à celles d’ultra droite, à l’Assemblée nationale. Ces individus se sont d’ailleurs filmés en train de perpétrer leur attentat.
L’ISSEP, ou Institut de Sciences Sociales Économiques et Politiques est réputé pour être « l’école de Marion Maréchal » dans les médias. Ceci explique-t-il la façon dont ils ont traité cet acte de violence mené par un groupuscule d’ultra gauche à l’encontre d’un lieu d’enseignement et de savoir, sur le territoire de la République ? Cela ne paraît guère douteux. Que l’on en juge : les rares médias qui ont évoqué les faits se sont contentés de reprendre les termes d’une information d’abord publiée sur le site du Figaro, et ont veillé à demeurer dans le pur factuel, sans condamner l’acte,ce qui est une façon déguisée de ne rien dire. Une réaction très éloignée de ce qui aurait eu lieu si un institut d’enseignement, reconnu officiellement par l’État, insistons sur ce point, avait été ainsi attaqué par un groupuscule appartenant à d’autres courants extrémistes de la vie politique française. Difficile de ne pas voir un deux poids deux mesures dans le silence assourdissant de l’immense majorité des chaînes de télévision et stations de radios d’État.
Qui en a parlé et comment ?
Le Figaro, Franceinfo, avec un article qui est exemplaire de la façon dont un média officiel peut ne pas parler du sujet dont… il parle.
L’AFP en fin de journée de 27 mars, une agence informée par… Le Figaro (le monde de la presse à l’envers), Le Parisien, Libération, L’express Cnews, quelques médias locaux.
En apparence, cela peut ressembler à une bonne couverture médiatique. Ce n’est en réalité par le cas. La question n’étant pas seulement qui en a parlé, quoique (où sont Le Monde, France Inter…), mais plutôt comment : reprendre de façon aussi discrète une telle information, la plupart du temps en dans une rubrique faits divers, sans interpeller plus avant sur la gravité des faits peut laisser pantois tout observateur soucieux de la pluralité d’opinions comme d’information . Les médias qui se fendent d’une brève recopient l’AFP qui… recopie Le Figaro.
Notons que Valeurs Actuelles, TV Libertés et le quotidien Présent ont réagi à la violence perpétrée contre l’ISSEP en la condamnant.
Délit d’opinion et délit de voies de fait sont traités différemment
Pour qui douterait que les conceptions politiques ne sont pas traitées de la même façon en France, il est intéressant de remarquer la réaction médiatique massive, et gouvernementale rapide quant à l’action menée par Génération identitaire sur le toit de la CAF de Seine Saint-Denis, département où la population est majoritairement issue de l’immigration et où 14 % des femmes qui accouchent sont excisées. Dans ce cas, le premier ministre a indiqué qu’il étudiait les possibilités de dissoudre Génération identitaire. Notons que cette organisation n’a mené aucun acte de violence, ni aucune dégradation, ce qui est du reste la marque de fabrique de ses actions politiques. Il s’agit donc de la mise en œuvre d’un délit d’opinion au sein de la République, le seul fait qui peut leur être reproché, sauf mauvaise foi, est d’avoir demandé de l’argent pour les Français et non pour les étrangers, ainsi que l’indiquait leur banderole. La majorité des personnes touchant de l’argent de la CAF dans ce département où la majorité de la population est issue de l’immigration, cette revendication tient de l’opinion, une opinion dont l’illégalité demeure à démontrer. Reste que 19 militants de Génération identitaire, délogés par la police, seront jugés pour entrave à la liberté du travail, encourant des peines de 3 ans de prison et 45 000 euros d’amende.
En France, en 2019, la liberté d’expression a donc un coût. Ce qui n’est pas le cas de la violence politique. Tout dépend du bord politique auquel les uns et les autres sont censés appartenir.
Médias et politiques du politiquement corrects se plaignent souvent d’être mis dans la même case, voire d’être accusés de collusion. Que dire dans ce cas ? Non seulement la majorité des médias taisent un acte d’une extrême gravité, contre l’ISSEP, aucun n’appelant par exemple à la dissolution de ce genre d’organisation gauchiste paramilitaire et violente, mais le silence règne de même dans la classe politique. Dans le même temps, tout le monde se précipite contre Génération identitaire. Qu’un institut d’enseignement supérieur soit attaqué et, dans toute démocratie digne de ce nom, un membre du gouvernement ou le premier ministre serait monté au créneau pour défendre la liberté d’enseigner et d’apprendre. Ou alors les médias se seraient indignés d’un tel silence.
Article paru le site de l’OJIM daté du 9 avril 2019