Il faisait beau, il faisait chaud, le soleil descendait sur la mer et le Président, ceint de son collier de jasmin, cédait à ses penchants lyriques : « Mayotte française, c’est plus de sécurité ! » Bien dit. Et d’enchaîner : « apporter la sécurité, c'est lutter contre l’immigration clandestine ! » Parfait. Clair, concis. Voilà, en quelques mots, la situation bien résumée.
Petite remarque, toutefois : et nous ? Certes, nous avons moins de soleil, moins de mer, moins de parfums entêtants qu’à Mayotte, mais question clandestins et insécurité, on est bien servi aussi, sur le territoire métropolitain.
La preuve, ces gros titres ce matin dans Le Parisien : « Pickpockets dans le métro à Paris : des bandes organisées de plus en plus agressives ». À rapprocher de cet autre papier, paru hier, celui-là : « Vols dans le métro : 113 années de prison cumulées contre un clan roumain ».
Les chiffres sont ceux du ministère de l’Intérieur, donc très officiels : « Le nombre de vols à la tire constatés est en augmentation de 32 % à Paris sur les neuf premiers mois de l’année. » Consciente, la RATP y met les formes, et cela dans toutes les langues « touristiques » : « Des pickpockets sont actuellement à l’œuvre », nous vous invitons à faire attention à vos affaires personnelles, fermez sacs et restez vigilant en utilisant votre téléphone, répète-t-on en boucle. En français, bien sûr, puis en anglais, allemand, espagnol, japonais, chinois… Le quidam ouvre des yeux ronds : ah bon, on les a repérés et on n’intervient pas ? Il n’y a qu’à les cueillir à la descente, se dit-il benoîtement, sauf que ce n’est pas si simple…
En mars dernier, quand on notait déjà « une hausse de plus de 33 % des vols à la tire sur les voies des métros, RER, et Transilien », un commissaire divisionnaire déplorait dans Le Parisien : quand on est mobilisé tous les samedis avec les gilets jaunes, on n’a plus le temps de s’occuper du reste. Surtout, 56 % des interpellés pour vol à la tire sont mineurs. Et le commissaire de développer : « Par conséquent, les suites judiciaires sont limitées du fait de l’âge des personnes interpellées. Les reconduites à la frontière ne peuvent pas non plus s’effectuer. Il y a donc des réponses pénales très limitées par rapport à des majeurs. » Si bien que quelques heures, seulement, après leur interpellation, les gangs sont de retour sur les quais du métro ou des gares.
Résultat : un sentiment d’impunité totale pour les pickpockets et de laisser-faire pour la population et les agents de la RATP ou de la SNCF. Situation vécue dans ces commissariats où l’on fait la queue pour déposer plainte comme aux urgences d’un hôpital (parfois les deux, si le vol s’est doublé d’une agression…) : le policier qui prend la plainte confie, totalement désabusé, avoir « le sentiment de vider la mer à la petite cuillère ».
Il a raison, notre Président, lorsqu’il dit qu’« apporter la sécurité, c’est lutter contre l’immigration clandestine » car, disait encore ce commissaire chargé de « la délinquance acquisitive » (quelle belle expression) : « Les voleurs viennent à 90 % d’Afrique du Nord – Algérie, Maroc, Tunisie – et surtout d’Europe de l’Est. » À rapprocher, aussi, de cette info peu diffusée : la majorité des demandeurs d’asile viennent, eux aussi, d’Europe de l’Est, et principalement d’Albanie…
Parfois, ô miracle, on parvient à démanteler un réseau. C’est ainsi qu’un « clan de Roms sédentarisés » est passé, vendredi dernier, devant le tribunal de Paris pour « traite d’êtres humains sur mineurs », recel, blanchiment et « association de malfaiteurs ». Les interpellations ont eu lieu simultanément en France, en Roumanie, en Espagne et en Italie. En effet, « ces familles n’ont aucune implantation en France, elles font des allers-retours avec la Roumanie pour accompagner les enfants et faire tourner ceux trop identifiés par la police », a expliqué le parquet de Paris.
Et devinez quoi : « Plusieurs mineurs sont revenus depuis le début de l’année… »