Jean-Paul Delevoye et la clause grand-père, c’est tout un poème.Grand-père, il l’est, d’après sa bio Wikipédia, et plus de dix fois.
Félicitations. Et à 73 ans, après une carrière politique bien remplie, il est toujours ministre (pardon : « haut-commissaire ») chargé de la réforme des retraites.
Un multi-retraité toujours en activité (qui cumule très légalement son salaire de 10.000 euros bruts avec ses pensions du régime général) pour faire avaler aux Français une nouvelle réforme des retraites qui va rogner un peu plus leurs pensions sous prétexte de clarté et d’uniformisation des régimes.
N’est-ce pas, encore une fois, une erreur de casting de la part d’Emmanuel Macron ?
Pour le moment, les Français n’ont encore rien avalé, et le plat que mijote le grand-père Delevoye commence à dégager un fumet qui leur déplaît.
Mais, comme le disait Éric Woerth, c’est M. Delevoye lui-même qui a, jeudi, « avalé un boa » en se faisant recadrer en Conseil des ministres, puis au téléphone, par le Premier ministre Édouard Philippe.
En cause : « la clause du grand-père », ainsi baptisée par notre grand-père haut-commissaire.
En dehors du cocasse de situation, de quoi s’agit-il ?
Tout simplement des destinataires (ou victimes) de la réforme : à qui s’appliquera-t-elle ?
Ce n’est pas une question mineure !
Cela veut dire, au passage, qu’au sommet de l’État, on ne le sait pas ou on ne veut pas le dire ou on attend de voir ce qui se passera, le 5 décembre, journée de grève nationale contre cette réforme, pour le dire ou pour placer le curseur sur une classe d’âge : les 1963 ? Les 1970 ?
La roulette tournera-t-elle en fonction du vote de telle ou telle classe d’âge comme les suppressions de postes de Mme Belloubet en fonction de la couleur des maires ? Mystère…
Quelles sont les options ?
Au début, Emmanuel Macron lui-même voulait un nouveau régime universel par points pour tous en 2025 : basculement général.
C’est son côté Bonaparte.
Prière de ne pas rire.
Et puis, avec l’année entière de concertation menée par le même M. Delevoye, on a découvert qu’un basculement complet, cela allait poser des problèmes d’adaptation, de transition, de conversion des droits acquis : mes 25 années de cotisation, ça fera combien de points, M’sieur ?
Et le sieur Delevoye n’avait pas toujours des réponses claires.
Et, parfois, il en avait même des inquiétantes.
Les Français ont donc flairé le loup dans le flou…
La grogne montant, Emmanuel Macron a dit, il y a dix jours, qu’il comprenait qu’« qu’un salarié d’EDF, de la RATP ou de la SNCF âgé de 48 ou 50 ans proteste » contre la réforme des retraites.
Il aurait pu rajouter un enseignant et une mère de famille nombreuse.
Et beaucoup d’autres, évidemment.
Du coup a germé dans la tête de certains l’idée – déjà appliquée pour la réforme du statut de cheminot, par exemple – que la réforme pourrait ne concerner que les nouveaux entrants.
Enfin, pour certains, histoire de maintenir certains avantages : fin et maintien des régimes spéciaux, quoi, « en même temps »…
M. Delevoye a protesté, arguant que cela reviendrait « à créer un 43e régime. C’est impossible ! Si on fait « la clause du grand-père » pour une profession, il faut la faire pour tout le monde, question d’équité, ça veut dire que l’on renonce à la réforme. »
Et puis cette réforme des retraites n’aurait alors un impact qu’à leur départ à la retraite dans… 42 ans. D’ici là, M. Delevoye ne sera plus là pour en voir la réussite.
M. Delevoye ne travaille pas pour dans 40 ans, lui.
Le problème, c’est qu’il était déjà aux commandes il y a quelques décennies, et que, s’il avait bien fait son boulot alors, lui et ses chefs de l’époque, on n’en serait pas là aujourd’hui.
Alors, morale de la fable ?
M. Delevoye a raison de s’inquiéter.
Et M. Macron aussi.
Mais les Français encore plus.
Pascal Célérier
Félicitations. Et à 73 ans, après une carrière politique bien remplie, il est toujours ministre (pardon : « haut-commissaire ») chargé de la réforme des retraites.
Un multi-retraité toujours en activité (qui cumule très légalement son salaire de 10.000 euros bruts avec ses pensions du régime général) pour faire avaler aux Français une nouvelle réforme des retraites qui va rogner un peu plus leurs pensions sous prétexte de clarté et d’uniformisation des régimes.
N’est-ce pas, encore une fois, une erreur de casting de la part d’Emmanuel Macron ?
Pour le moment, les Français n’ont encore rien avalé, et le plat que mijote le grand-père Delevoye commence à dégager un fumet qui leur déplaît.
Mais, comme le disait Éric Woerth, c’est M. Delevoye lui-même qui a, jeudi, « avalé un boa » en se faisant recadrer en Conseil des ministres, puis au téléphone, par le Premier ministre Édouard Philippe.
En cause : « la clause du grand-père », ainsi baptisée par notre grand-père haut-commissaire.
En dehors du cocasse de situation, de quoi s’agit-il ?
Tout simplement des destinataires (ou victimes) de la réforme : à qui s’appliquera-t-elle ?
Ce n’est pas une question mineure !
Cela veut dire, au passage, qu’au sommet de l’État, on ne le sait pas ou on ne veut pas le dire ou on attend de voir ce qui se passera, le 5 décembre, journée de grève nationale contre cette réforme, pour le dire ou pour placer le curseur sur une classe d’âge : les 1963 ? Les 1970 ?
La roulette tournera-t-elle en fonction du vote de telle ou telle classe d’âge comme les suppressions de postes de Mme Belloubet en fonction de la couleur des maires ? Mystère…
Quelles sont les options ?
Au début, Emmanuel Macron lui-même voulait un nouveau régime universel par points pour tous en 2025 : basculement général.
C’est son côté Bonaparte.
Prière de ne pas rire.
Et puis, avec l’année entière de concertation menée par le même M. Delevoye, on a découvert qu’un basculement complet, cela allait poser des problèmes d’adaptation, de transition, de conversion des droits acquis : mes 25 années de cotisation, ça fera combien de points, M’sieur ?
Et le sieur Delevoye n’avait pas toujours des réponses claires.
Et, parfois, il en avait même des inquiétantes.
Les Français ont donc flairé le loup dans le flou…
La grogne montant, Emmanuel Macron a dit, il y a dix jours, qu’il comprenait qu’« qu’un salarié d’EDF, de la RATP ou de la SNCF âgé de 48 ou 50 ans proteste » contre la réforme des retraites.
Il aurait pu rajouter un enseignant et une mère de famille nombreuse.
Et beaucoup d’autres, évidemment.
Du coup a germé dans la tête de certains l’idée – déjà appliquée pour la réforme du statut de cheminot, par exemple – que la réforme pourrait ne concerner que les nouveaux entrants.
Enfin, pour certains, histoire de maintenir certains avantages : fin et maintien des régimes spéciaux, quoi, « en même temps »…
M. Delevoye a protesté, arguant que cela reviendrait « à créer un 43e régime. C’est impossible ! Si on fait « la clause du grand-père » pour une profession, il faut la faire pour tout le monde, question d’équité, ça veut dire que l’on renonce à la réforme. »
Et puis cette réforme des retraites n’aurait alors un impact qu’à leur départ à la retraite dans… 42 ans. D’ici là, M. Delevoye ne sera plus là pour en voir la réussite.
M. Delevoye ne travaille pas pour dans 40 ans, lui.
Le problème, c’est qu’il était déjà aux commandes il y a quelques décennies, et que, s’il avait bien fait son boulot alors, lui et ses chefs de l’époque, on n’en serait pas là aujourd’hui.
Alors, morale de la fable ?
M. Delevoye a raison de s’inquiéter.
Et M. Macron aussi.
Mais les Français encore plus.
Pascal Célérier
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