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Une si longue crise

6a00d8341c715453ef0240a4f6d1d7200b-320wi.jpgLe 11 décembre tout le monde s'étonnait, y compris chez les macroniens. Les annonces du Premier ministre se révélaient contradictoires. Braquant la CFDT, elles prolongeaient, et durcissaient, le conflit social en cours.

Or, le même jour, l’Agence France Trésor révélait que l'État central parisien s'apprête à émettre, au cours de l'année 2020, de nouveaux emprunts à hauteur de 205 milliards d’euros. Cet accroissement de la dette servira, il est vrai, à payer une partie des déficits sociaux et à honorer certaines échéances. Les technocrates omni compétents qui gèrent nos Finances se frottent les mains car ils continuent, dans cette course à l'abîme, à bénéficier de taux négatifs. Le Trésor Public ne recule pas, qu'on se le dise : il se replie sur des positions déterminées l'avance.

Cette nouvelle, est passée bien sûr, largement inaperçue. Ni les présentateurs des grands médias, ni les observateurs agréés ne cherchent à focaliser le grand public sur ce détail qui fâche.

La France est surendettée, en raison même de l'étatisme et de son système social, aggravé désormais clairement par l'immigration[1]. Elle ne peut plus se permettre d'éviter ni les mesures dites "paramétriques" – l'allongement de la durée du travail – ni les réformes présentées pour "systémiques". Dans un tel contexte politico-financier le gouvernement de Paris n'est plus qu'une préfecture de l'Eurozone.

Cela vient de loin.

Un souvenir me revient, il remonte à 1963 : celui de mon premier exposé sciencepotard, en 10 minutes, 2 parties, 4 sous parties ; consciencieusement minuté, tapé à la machine, il était consacré aux Conséquences économiques de la première guerre mondiale.

La vérité commandait de constater que les effets considérables de la paix de Versailles, tant sur le plan financier et monétaire, que sur la législation sociale et sur l'intervention de l'État, se sont révélés au moins aussi désastreux que les aspects géopolitiques, dénoncés de manière assez pertinentes en 1920 par Bainville.

En ce temps-là tout jeune nationaliste demeurait tributaire de cette idée caractéristique de la pensée de Maurras, dont la formule maîtresse affirmait la priorité du politique, ce que ses disciples interprètent, d'ailleurs, de manière contradictoire.

Ainsi, au lendemain du long réquisitoire de Louis Marin[2], chef de file de la droite républicaine modérée, Maurras avait écrit : "La lumineuse critique de M. Marin porte trop durement sur la personne et l’action de M. Clemenceau. Elle ne porte pas assez sur M. Tardieu. Or la faiblesse du traité résulte d’une erreur de l’esprit fondamentale, strictement propre à M. Tardieu, et que celui-ci a avouée à la tribune, le respect superstitieux de l’unité allemande."

Le 3 octobre, au lendemain du vote, il dénonce : "L’armistice était médiocre, disait-il ; le traité est mauvais… L’essentiel du mal est venu de l’absence de préparation à la paix."[3]

Maurice Barrès de son côté écrira : "Nous ne voulons point ratifier une équivoque."[4]Mais si Maurras de son côté se rallie, finalement, à un soutien à Clemenceau, si Barrès lui-même le 2 octobre vote la ratification, c'est en fonction de l'idée que "Nous ne pouvons point amender le traité, mais nous pouvons amorcer la politique qui en sortira"[5]. Cet appel au sursaut patriotique se révélera illusoire.

Car si Tardieu, principal rédacteur du traité signé en juin 1919, conçut l'échafaudage désastreux de la paix de Versailles, c'est tout simplement parce qu'il avait joué un rôle central dans la négociation du financement, par les banques américaines, de l'effort de guerre français. Ce n'était donc pas un"respect superstitieux"(pour reprendre la formule de Maurras) mais les préoccupations des créanciers, qui déterminaient l'attitude ministérielle.

Le drame de l'étatisme parisien, sous la république comme à la fin de l'Ancien Régime, se révèle toujours dans l'ordre budgétaire. Au cours du XXe siècle la France s'est redressée quelques années du fait de la politique budgétaire et monétaire conduite par Antoine Pinay en 1959. Les effets en furent totalement balayés en 1968.

Les prochains développements de la politique européenne nous rappellerons bientôt aux réalités de cette très longue crise.

JG Malliarakis 

Apostilles

[1] Il faut lire à ce sujet la tribune libre publiée par Michèle Tribalat sur  Figarovox  "Où Jean-Paul Delevoye a-t-il vu que l’Europe a besoin de 50 millions d’immigrés supplémentaires?" Cette tribune avait été initialement publiée sur sa propre chronique qu'il faut suivre.
[2]cf. "La Ratification du traité de Versailles" chapitre IX pp. 135 sqq.
[3]cité par Beau de Loménie page 179 du livre "La Ratification du traité de Versailles". Pour plus de références aux positions de l'Action française face à la paix de Versailles on se reportera aux deux volumes du recueil d'articles de Maurras intitulé "Le Mauvais traité"sous-titre"De la victoire à Locarno chronique d'une décadence" publié en 1928 aux éditions du Capitole.

[4]Il reprendra sa préoccupation centrale, celle d'une politique rhénane de la France dans un article de L'Écho de Parisdu 6 octobre 1919

[5]cf. son intervention du 29 août 1919, citée par Beau de Loménie  page 42 du livre "La Ratification du traité de Versailles"

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