A partir du moment où les ouvriers ont fait du respect de leur voix un principe, tous ces raisonnements se sont effondrés comme un château de cartes.
Tous les partis qui ont mis en cause le résultat du référendum de 2016, directement ou indirectement, ont été laminés.
Le message ne saurait être plus clair -- et c'est évidemment le seul message que nos amis antifascistes sont incapables de comprendre.
Lorsque le peuple anglais vote, il ne veut pas qu'on lui demande de revoter.
Il pense que, que si la majorité l'emporte, cette majorité doit être respectée.
Inutile d'expliquer aux ouvriers que leur niveau de vie va baisser, car c'est un prix que, contrairement aux bourgeois, ils sont prêts à payer.
C'est ce que la Gauche n'a toujours pas compris. »
David Di Nota
On ajoutera simplement que les couches populaires ont compris désormais que la défense et la conquête de leurs intérêts passent par la liquidation politique préalable de la fausse « gauche » petite-bourgeoise.
Et ce n’est pas la trahison de Tsipras qui risque de leur faire changer d’avis.
Mélenchon a beau fort justement critiquer la stratégie de ce pauvre Corbyn, on lui rappellera simplement qu’il flingue un homme à terre mais surtout qu’il a fait exactement la même chose que celui-ci pour emmener LFI de 20 à 6 % des suffrages.
On dira aussi que les prolos anglais savent que pour lutter contre l’austérité et le néolibéralisme, il faut impérativement sortir de l’UE qui a été justement conçue pour empêcher cette lutte.
Et qu’il est quand même un peu présomptueux de les prendre de haut en leur disant qu’ils sont trop cons d’avoir préféré la souveraineté avec Bojo (vous savez le nazi en puissance) à la social-démocratie capitularde, sociétaliste, européiste ralliée au Capital.
Bojo est un sale con ?
Peut-être mais c’est LEUR sale con, ils vont se démerder avec et sans avoir besoin de nos conseils.
Et puis on va quand même leur dire merci aux ouvriers britanniques.
En confirmant une troisième fois dans les urnes leur décision de 2016, avec leur Brexit ils ont enfin porté un coup sérieux à l’UE.
Et ça ce n’est pas une mauvaise nouvelle.
Old England, old England, And heigh for the honour of old England.
Bonus
Rubrique : quand les autres font (le) boulot.
Comme c’est le week-end et qu’on a un peu la flemme, on va se rapporter à ce que dit avec beaucoup de justesse David Di Nota
J’ai repris son texte ci-dessous. Il sera suivi de quelques observations de mon cru.
Misère de l'antifascisme
L'intellectuel internationaliste de gauche peut tout expliquer, rationaliser, dialectiser, mais il y a a une chose qu'il ne comprendra jamais : c'est que le peuple est plus intelligent que lui.
Etre de gauche, disait Deleuze, c'est affirmer que le peuple pense.
Soit exactement le contraire de cette activité fort prisée qui consiste à lui expliquer rituellement qu'il se trompe.
Le résultat des élections britanniques vous étonne ?
Vous pensez que l'ouvrier anglais s'est laissé berné par un amuseur de rue ?
Pas du tout.
La classe populaire l'attend au tournant.
Cummings, le stratège de Johnson, le sait mieux que personne.
Vous pensez que l'ouvrier anglais est si bête qu'il suffit d'une affiche colorée sur un bus pour lui faire prendre des vessies pour des lanternes ?
Pas du tout.
Il sait très bien faire la part entre le mensonge et la vérité : Corbyn, qui promettait monts et merveilles au petit peuple, doit s'en mordre les doigts.
Reductio ad Hitlerum : puisque la majorité des Anglais a voté pour un candidat qui vous fait horreur, vous pensez que le pays est désormais à la merci du fascisme ?
Pas du tout. Il est beaucoup plus modéré, serein, patient, et attaché à la démocratie que vous ne l'êtes vous-mêmes.
Inutile de culpabiliser les pauvres, inutile de traiter les ouvriers d'imbéciles ou de racistes, inutile de jouer au bon pasteur socialiste, communiste, anarchiste, néo-marxiste, inutile de brosser sous leurs yeux de vastes tableaux philosophiques afin de situer leur intérêt de classe, inutile de leur démontrer par A plus B que l'économie va s'effondrer (les experts sont formels, n'est-ce pas...) ou que ça y est, c'est bon, cette fois l'Europe va devenir sociale -- simple question de temps...