Tout le monde sait que la procédure n’a aucune chance d’aboutir et qu’il s’agit d’une pure gesticulation politicienne. Les démocrates tablaient sans doute sur le fait que cette procédure allait entacher la popularité de Donald Trump. Eh bien, sur ce plan-là aussi, c’est déjà raté.
Le 23 octobre, avant les auditions publiques dans le cadre de cette affaire, la popularité de Trump était de 38%. Le 10 décembre, alors qu’on annonçait le vote des députés, elle était de 41%. Hier, alors que le vote aura lieu demain, elle était de 43%. Et c’est la cote record de Donald Trump : c’est la première fois qu’il atteint ce score.
Les démocrates se disaient aussi qu’au moins ils sèmeraient le trouble dans le rang des républicains, et que nombreux seraient ceux qui finiraient par lâcher le président.
Or chez les républicains ils sont… 92% à lui faire confiance. Là aussi, c’est complètement raté.
Dans Présent, Christian Daisug écrit :
[…] Deux articles : abus de pouvoir et obstruction au Congrès. Deux pauvres articles qui devraient être, en bonne logique, chargés de dynamite alors qu’ils paraissent maladifs, fiévreux, pâles tant ils sont écrasés par la fraude, le mensonge et l’imposture. C’est la première remarque « à chaud ». La seconde la suit de près, étant de même nature : les démocrates ont abandonné d’autres chefs d’accusation qu’ils avaient pourtant longtemps caressés avec délectation. La corruption, la trahison, l’obstruction à la justice et les abus dans le financement de campagnes électorales ne figurent pas, en effet, dans l’arsenal des agresseurs. Bizarre ? Non. L’aveuglement a des limites.
L’abus de pouvoir est donc censé constituer l’un des deux « gros » morceaux des tirs de barrage démocrates. On accuse Trump d’avoir sollicité l’intervention des autorités de l’Ukraine afin d’interférer dans les élections présidentielles de 2020. On désigne Trump comme celui qui a exercé des pressions sur son homologue Volodymyr Zelensky pour inculper Joseph Biden, ex-vice-président – impliqué dans une sale histoire de corruption locale – et ainsi écarter un rival politique dans l’intense compétition actuelle. Rien de vrai dans ces allégations. Tous les témoins ont confirmé l’absence de preuves établissant le troc d’une aide militaire américaine de 400 millions de dollars contre l’ouverture d’un dossier judiciaire Biden par un juge d’instruction ukrainien. Le président Zelensky lui-même l’a confirmé. Et le principal témoin des démocrates, l’ambassadeur Gordon Sondland, a fini par admettre que l’existence de ce troc n’a pas dépassé la consistance d’une rumeur. Comble de malheur pour Adam Schiff, le grand inquisiteur de cette affaire, l’abus de pouvoir n’apparaît pas dans la constitution parmi les raisons possibles d’une destitution. Le faux détail s’est vu confirmé par les plus grands juristes du pays.
L’obstruction au Congrès complète – mal – la panoplie des griefs contre Trump. On lui reproche d’avoir interdit d’une façon « inhabituelle, systématique et discriminatoire » l’accès à la barre à certains témoins supposés « gênants ou dangereux » pour l’accusé. Là encore, rien de vrai. […]
C’est maintenant l’heure des débats. Schiff va tenter de faire avaler à ses 435 collègues l’étrange, l’insipide mixture qu’il leur a mitonnée. Alors que tous – moins deux – furent d’accord le mois dernier pour entamer une procédure de destitution contre Trump, tous ne le sont pas aujourd’hui pour franchir l’ultime étape assignée à la Chambre : le vote. Les débats, les discours et même les envolées oratoires ne comportent que peu de risques. Mais un vote s’avère indélébile. Pour cette raison, des lézardes, des défections apparaissent dans le bloc, en apparence compact, des assaillants. Il y a les élus qui remettent en jeu leur mandat dans des circonscriptions remportées par Trump en 2016. Ceux-là ont carrément peur. Il y a les écœurés par tout ce déballage, ce chaos, cette partialité, ces mensonges, et qui voudraient en finir. Ceux-là ont des états d’âme. Ces calculs et ces émotions peuvent être gérés par l’arithmétique et traduits en chiffres. Pour l’instant, ils sont au moins une douzaine à se demander si le camp auquel ils appartiennent est le bon. Certains les voient déjà en transfuges. Eux hésitent encore. Sauter le pas dans un moment historique ? Pourquoi pas ? D’autant que la direction du parti a renoncé à toute pression sur ses ouailles. Champ libre. Un risque pour les démocrates. Mais un risque inévitable. Chaque défection sera une flèche contre Schiff et ses complices. Chaque voix contre la destitution résonnera jusqu’à l’élection de novembre prochain. La Chambre devrait voter la semaine prochaine.
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