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L’art d’empiler les réglementations, ou comment saborder l’agriculture française…

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Nous le savons tous, il faut manger les fruits et légumes de saison en saison. Pas besoin de se gaver de fraises à  ou de poireaux en juillet. Le fait est entendu : c’est mauvais pour la planète, mauvais pour la santé, très mauvais pour le porte-monnaie. Et puis il faut, autant que possible, manger bio. Et si l’on combine la saison et le bio, alors c’est top. Plus vert que vert, ultra-vert.

Dans cette optique du bio pour tous, certains agriculteurs-entrepreneurs ont fait appel aux technologies modernes. Foin des cultures de plein champ pour une clientèle triée sur le volet, bienvenue au hors-sol dans les serres. Jusque-là, pas de souci. Là où ça se complique, c’est lorsque certains se mettent à chauffer les serres. Une petite rampe à gaz, quelques degrés de plus, et hop, voilà les tomates qui mûrissent de mars à novembre.

La tomate chauffée est une pomme de discorde dont les écolos se sont saisis. En mai dernier, la Fédération nationale des agriculteurs biologiques (FNAB), la fondation Nicolas-Hulot (FNH), Greenpeace et Réseau action climat lançaient ainsi une pétition avec ce slogan : « Non à l’industrialisation de la bio ! Pas de tomate bio en hiver ! »

À ce jour, 85.000 personnes ont signé ladite pétition. Pour situer la chose sur l’échelle, près de 5 % de la consommation alimentaire des ménages est consacrée aux produits bio, et en 2018, plus de 9 Français sur 10 déclaraient avoir consommé des produits biologiques, et près des trois quarts de façon régulière, 12 % en consommant même quotidiennement. Nous sommes 66.990.000 Français, et même si les nourrissons ne remplissent pas le panier de leur mère ménagère, cela renvoie les 85.000 pétitionnaires à ce qu’ils sont : une goutte d’eau dans l’océan.

Qu’importe, les agriculteurs bio à serres chauffantes ont eu leur cadeau de Noël : samedi dernier, 21 décembre, est entrée en application une mesure franco-française d’importance puisqu’elle interdit désormais la commercialisation et la vente en hiver des tomates, courgettes, poivrons, concombres et autres aubergines cultivés sous serres chauffées. Mesure qui va dans le sens bon sens écolo puisqu’elle vise à « respecter le cycle naturel des saisons ».

Grande victoire, donc, pour les lanceurs d’alerte et de pétition qui déclaraient, au printemps, les serres chauffées « totalement incompatibles avec la philosophie de ce type de culture [le bio] ». Et les belles âmes de lâcher arrosoir et plantoir pour applaudir des deux mains. Sauf qu’il y a un hic…

Cette mesure, comme tant d’autres, ne s’applique qu’aux agriculteurs français. Or, disent les « chauffeurs » de tomates et autres légumes à ratatouille, cette pratique du chauffage est la seule qui permette de répondre à la demande et de rester compétitif face aux Italiens et aux Espagnols. Oui, mais rétorquent les écolos, une tomate produite avec chauffage émet huit fois plus de gaz à effet de serre qu’une tomate produite en saison.

Reste que, pour le moment, aucune loi européenne n’interdit le chauffage des serres en exploitation ! Et donc ? Et donc la France prend comme toujours les devants, imposant à ses agriculteurs des réglementations contraignantes que n’ont pas leurs voisins.

Et que croyez-vous qu’il arrivera ? C’est le bio français qui crèvera…

Joyeux Noël quand même !

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