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Le désordre mondial : 2/3

Source : Entretien publié par le magazine Rébellion

A la mi-2019, nous en sommes là des évolutions financières mondiales. Ce stade de développement monétaire sera – et est d’ores et déjà – utilisé par les banquiers commerçants pour faire avancer leur agenda de monnaie mondiale, elle-même rendant « indispensable » l’avènement du futur gouvernement mondial en charge de réglementer l’économie et les populations. Les déboires financiers mondiaux vont permettre, par la décrédibilisation du dollar en tant que monnaie mondiale, de mettre en place une monnaie mondiale viable, qui prend aujourd’hui la forme des DTS (droits de tirage spéciaux) dans le même temps qu’il va faire disparaître l’empire américain de façon à laisser la place à un futur gouvernement mondial. [Mais que restera-t-il des USA, NdSF] C’est dans le contexte nouveau des DTS monnaie mondiale qu’il faut comprendre la récente réhabilitation, par la BRI, du statut de l’or dans les bilans des banques (des banques privées et, par voie de conséquence, des banques centrales). Depuis le 29 mars 2019, l’or n’est désormais plus considéré comme étant un « actif à risque » pour les banques qui peuvent dès lors l’acheter et le revendre sans autre restriction comptable.

A l’inverse, c’est dans ce même contexte de l’avènement d’une nouvelle monnaie mondiale (DTS) qu’il faut comprendre la récente levée de l’accord de 1999 visant à coordonner les ventes d’or faites par les banques centrales de la zone euro. Pour les banques centrales européennes, il n’est plus nécessaire de vendre l’or détenu, mieux vaut le garder bien au chaud car il est redevenu un « actif sûr » permettant une valorisation de la monnaie qui y est adossée, dans l’objectif de la détermination du pourcentage de DTS détenus par les différentes monnaies. Ces mesures relèvent toutes d’un plan préétabli visant à imposer les DTS comme future véritable monnaie mondiale.

J’ajoute, pour finir, que la part, aujourd’hui, prépondérante du dollar US dans l’évaluation du panier de monnaie que représente les DTS sera très probablement diminuée, voire même sérieusement diminuée, dans les années qui viennent. C’est à cette aune qu’il faut apprécier le réel enjeu de la guerre commerciale que se livrent actuellement les USA et la Chine.

Les paradis fiscaux et l’optimisation fiscale sont des phénomènes centraux de la domination des groupes financiers ?
Effectivement, la domination des banquiers-commerçants se compose de deux facettes économiques, d’une part le contrôle des monnaies et d’autre part le contrôle des multinationales, rendu possible justement par le contrôle des monnaies (qui permet l’affectation des richesses).

Contrairement à ce que la doxa veut faire accroire au public non averti, l’évasion fiscale, l’optimisation fiscale et l’existence des paradis fiscaux ne sont absolument pas des accidents de l’histoire économique et monétaire. Pas plus qu’ils ne sont des phénomènes accessoires.

Tout au contraires, les paradis fiscaux sont la pierre angulaire de la domination politique des banquiers-commerçants. Car les paradis fiscaux, dont le profil a récemment évolué du concept de « corsaire » à celui de « pirate », sont le moyen privilégié utilisé par les plus grands détenteurs de capitaux pour affaiblir, à la fois structurellement et conceptuellement, les États entendus au sens politique initial du terme. Les Paradis fiscaux sont un double danger pour les États traditionnels :

. d’une part ils servent à siphonner l’argent public, discréditant et décrédibilisant par la même occasion la fonction étatique ;
. d’autre part, par leur apparente autonomie politique et leur réelle dépendance aux institutions financières qu’ils hébergent, les paradis fiscaux constituent des abus de droit public. Ces structures ont l’apparence des États mais ils ne répondent à aucun des critères qui qualifient le concept politique d’état. Qui dit « abus » dit également discrédit porté sur le droit ; un tel discrédit étant tout à fait nécessaire à l’établissement d’un Ordre politique nouveau.
Hier sous la domination politique des États avec un statut comparable à celui des « corsaires », les Paradis fiscaux ont, depuis la disparition des comptes numérotés, bifurqué vers une indépendance de plus en plus marquée vis-à-vis des autorités politiques et une accentuation corrélative de leur dépendance vis-à-vis des institutions financières gestionnaires des capitaux hébergés ; les « paradis terrestres » ont définitivement pris le statut politique de « pirates ». Cette évolution est en réalité une « révolution » juridique dans la mesure où un pas de plus a été franchi dans l’objectif de décrédibilisation des États, qui ont désormais définitivement perdu tout moyen de souveraineté monétaire et financière.

Parallèlement, le processus dit d’optimisation fiscale a été une étape essentielle du processus de perte de souveraineté financière des États. Initié aux USA au début du XXème siècle à la faveur de l’organisation fédérale de l’État (qui a permis la mise en concurrence fiscale des États fédérés), le processus d’optimisation fiscale s’est développé au niveau mondial à la faveur de l’imposition mondiale de la doxa du « libre-échange ». Techniquement, et sous couvert de régulation (des prix de transfert), l’OCDE a été l’une des principale cheville ouvrière – avec les institutions de l’Union Européenne et d’autres organismes (tels que les « fat four ») – permettant la mise en œuvre effective de l’optimisation fiscale au niveau international. L’optimisation fiscale a permis le transfert légal effectif, des États vers les paradis fiscaux, de sommes dans des proportions tout à fait colossales ; ces montants financiers échappant dès lors définitivement à toute souveraineté étatique. Pour dire les choses autrement, l’optimisation fiscale a généré des flux de capitaux vers les paradis fiscaux dans des proportions que les seules transactions occultes et trafics illégaux n’auraient jamais permis, renforçant d’autant le pouvoir de ces « paradis terrestres », véritables pirates politiques.

Quel est le rôle des banques centrales dans ce système ? Quelle est l’enjeu des « guerres des monnaies » que nous voyons se mettre en place avec la chute du dollar ?
Comme je l’ai souvent expliqué dans mes articles, livres et conférences, le concept de banque centrale n’est pas anodin. Il est né de la volonté des banquiers-commerçants de faire échapper la souveraineté monétaire au contrôle politique. Ces banques centrales ont été initiées par des banquiers qui susurraient à l’oreille de personnages politiques dans l’optique de centraliser la gestion des monnaies.

Le rôle et la fonction des banques centrales a toujours été, en plus de la centralisation monétaire (au niveau de l’émission des monnaies mais aussi à celui de la réglementation), la préservation des capitaux acquis, ce qui, techniquement, se traduit par l’objectif de lutte contre l’inflation. Les banques centrales, chapeautées par la BRI et accompagnées par le FMI et la Banque Mondiale – organismes issus des accords de Bretton Woods – sont en quelques sortes « les gardiens du temple monétaire et financier mondial ».

Quant à la « guerre des monnaies », ses enjeux sont, rien de moins que, l’établissement du futur gouvernement mondial. Au-delà de l’apparente lutte entre États et groupement d’États (UE) pour la prééminence de leur propre monnaie dans le panier de monnaies constitué par les DTS, le véritable enjeu monétaire mondiale se situe dans les instances qui contrôleront ces DTS. L’enjeu essentiel des DTS ne réside pas seulement dans la détermination de ses pourcentages mais aussi et surtout dans le fait qu’ils reposeront sur des matières premières limitées (et donc contrôlées) et que leur circulation sera elle-même sous complet contrôle (cryptomonnaie utilisant vraisemblablement le modèle technique de la blockchain).

C’est la raison pour laquelle il est important, pour les banquiers à la manœuvre, que la future monnaie mondiale :

. soit émise dans des proportions limitées, permettant seule le contrôle total ; d’où les velléités de retour à une certaine forme d’étalon-or des monnaies ;
. circule de façon totalement contrôlée, ce qui est aujourd’hui permis par les systèmes modernes de transmission de données et, en plus particulièrement, par le principe de la blockchain.

La réalisation d’une monnaie mondiale viable officiellement et totalement contrôlée par les principaux détenteurs de capitaux, lesquels contrôlent – par employés interposés – tant la BRI que le FMI, est une condition sine qua non de l’avènement d’un gouvernement mondial contrôlé par les mêmes banquiers-commerçants.

Les banques ont désormais la possibilité de ponctionner directement les comptes de leurs clients pour se renflouer si besoin. Dans le même temps, le pouvoir économique affirme sa volonté de supprimer l’argent « liquide ». Comment est-t-il possible de laisser une telle emprise aux banques ?
La question de l’emprise sociale acquise par les banques est intimement liée au renversement du pouvoir réalisé par les Révolutions du XVIIIème siècle, qui ont imposé un ordre social et politique nouveau gravitant autour des concepts de :

. séparation des pouvoirs ;
. régimes parlementaires de type représentatifs ;
. partis politiques.

Depuis l’avènement politique de ces trois fondamentaux, les hommes politiques sont devenus les porte-paroles officieux des principaux détenteurs de capitaux dans le même temps qu’était acté le découplage institutionnel entre pouvoir et responsabilité. Les véritables donneurs d’ordre, les créanciers qui financent les partis politiques, restant toujours dans l’ombre, ils ne peuvent structurellement pas être appelé à répondre politiquement de leurs actions, c’est-à-dire des ordres qu’ils donnent et qui sont officiellement mis en œuvre par des « hommes de pailles » appelés « hommes politiques ».

Par ailleurs, le concept de « parlement » moderne, soi-disant à l’initiative des lois, est également une double supercherie. D’une part, bien qu’abondamment claironnée comme la condition de la démocratie, il n’existe pas de réelle séparation des pouvoirs alors que les pouvoirs législatif et exécutif sont détenus par des personnalités issues du ou des parti(s) politique(s) ayant gagné les élections (appelé « parti de pouvoir »). D’autre part, l’avènement d’un organisme politique essentiel (c’est-à-dire politiquement structurant) dont la seule mission est de fabriquer du droit est le gage majeur, essentiel et imparable, d’un futur problème d’excès de lois et autres réglementations.

Et que dire du « parlement » européen qui porte le nom de parlement mais qui ne dispose officiellement pas de l’initiative des lois !

Enfin, le pouvoir politique ne se conçoit que dans la durée ; or, le temps long, est officiellement et structurellement dénié aux partis politiques qui doivent sans cesse se faire concurrence pour « gagner » le cocotier des élections.

Toute cette organisation politique des États, directement issue du siècle des Lumières et mise en œuvre, en occident, à la faveur des Révolutions du XVIIIème siècle, s’analyse en une véritable imposture institutionnelle et politique. Il s’agit en réalité, à la mode anglaise, d’habiller d’honorabilité, la violente prise de pouvoir politique par les principaux financiers. Conformément à l’adage populaire, « l’habit ne fait pas le moine ». L’apparence de contrepouvoir, abondamment claironnée, qui prend la forme du principe de « séparation des pouvoirs » et le régime parlementaire représentatifs sont des fumisteries qui cachent la réalité de l’exclusivité du pouvoir.

À suivre

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