Au fil des informations on comprend mieux comment les feux ont pu prendre une telle ampleur cette année. Le facteur humain et la politique environnementale prennent un singulier ascendant sur les autres causes. Petit résumé.
Le DOI d’octobre
Le climat australien est fait majoritairement de sécheresse, de chaleur et de vent, si possible à l’extrême. On le voit bien sur une planisphère (image 1, clic pour agrandir). En Australie on a relevé, en 1996, la rafale de vent la plus forte jamais enregistrée lors d’un ouragan : 408 km/h à Barrow Island.
Les sécheresses sont endémiques et certaines très longues, jusqu’à plusieurs années. Selon Nerilie Abram, professeure à l'Australian National University à Canberra, et auteure en charge de la coordination d'un rapport spécial du Giec : « le réchauffement climatique ne cause pas à lui seul ces incendies particulièrement violents, mais peut rendre les conditions météorologiques plus propices ».
El Niño a une influence majeure sur le climat australien, mais aussi le dipôle de l’océan Indien (DOI, ou IOD, pour Indian Ocean Dipole / image 2). C’est une sorte de petit frère d’El Niño. Un IOD particulièrement intense se développe depuis octobre.
« Le principal coupable de nos conditions actuelles […] est l’un des événements dipôles de l’océan Indien (DOI) les plus positifs jamais enregistrés, a commenté le Dr Watkins, directeur des prévisions à long terme du Bureau de météorologie australien qui ajoute : Un DOI positif signifie que nous voyons moins de systèmes météorologiques porteurs de pluie et des températures plus chaudes que la moyenne dans de grandes parties du pays ».
Un autre phénomène s’ajoute cette année : « un réchauffement stratosphérique soudain et rare au-dessus de l’Antarctique à la fin de l’hiver, augmentant le risque d’incendies de forêt dans l’est de l’Australie. »
Tapis de combustible
La conjonction partielle ou globale de différents phénomènes naturels cycliques peut produire des sécheresses historiques. Et qui dit sécheresse suggère inflammabilité du couvert végétal. Celui-ci, composé de feuilles et de branches mortes, tapisse les sols des forêts dans lesquelles l’eucalyptus tient une place prépondérante.
Ce couvert, cette litière sèche comme de la paille au sol, est le combustible. Il est, plus que le réchauffement, la cause immédiate de l’extension des feux, selon les infos qui circulent maintenant dans les médias.
Ce constat est confirmé par Zeke Hausfather, directeur du climat et de l’énergie à l’institut de recherches Breakthrough, spécialisé dans les solutions technologiques pour les problèmes environnementaux :
« Une gestion forestière et un débroussaillage efficaces peuvent atténuer l’intensité des flammes ». Il déplore « l’accumulation de sous-bois ces dix dernières années, devenus particulièrement inflammables ».
Les feuilles d’eucalyptus sont comme de la benzine. Elles s’enflamment très rapidement grâce, entre autres, aux essences qu’elles contiennent. Un coup de vent peut les transporter à plusieurs centaines de mètres. Elles se posent en allumant un nouveau foyer.
Ce combustible est présent en masse. La raison de cette accumulation, désignée par des spécialistes et des pompiers, est l’insuffisance d’entretien des forêts. Des forêts précarisées par plus de 5 ans d’une sécheresse très sévère, des essences végétales très inflammables, des tonnes de combustible (feuilles sèches, branches, arbustes) au sol, les conditions étaient réunies et prévisibles.