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LREM aux municipales : la technique du coucou

coucou-gris-813d9.jpgLe coucou est un oiseau opportuniste qui réussit à faire alimenter et élever sa progéniture par d’autres espèces. Pour ce faire, la femelle coucou pond son œuf dans un nid d’une autre espèce qui le couve bêtement avec ses œufs. Une fois le coucou sorti de sa coquille, son premier boulot consistera à virer par-dessus bord les œufs de l’espèce accueillante afin de supprimer la concurrence. Ensuite, les parents « accueillants » vont se fatiguer à nourrir le petit coucou qui a de gros besoins.

Pour vivre heureux, vivons cachés

C’est en quelque sorte la stratégie déployée par La République en Marche pour les prochaines municipales. Les consignes transmises aux futurs candidats pour cette élection, sont claires : éviter autant que faire se peut, de se réclamer du parti présidentiel et, si possible, c’est-à-dire si une liste « chimiquement pure » de ce type ne peut pas être constituée, proposer des « alliances » avec d’autres listes, y compris des sortantes.

On dirait le slogan « ni de gauche, ni de droite » des dernières Présidentielles….

C’est dire si les prochaines municipales ne seront ni le lieu des débats d’idées, ni celui de la clarté politique, mais plutôt le lieu de la confusion totale, ce qui, n’en doutons pas, aura des conséquences sur la cohésion des équipes et des projets.

Déjà, de nombreux sortants, de gauche ou de droite évitent de se revendiquer d’une famille politique et font référence à des slogans très consensuels censés appâter l’électeur déboussolé afin de garder, si possible, leurs parts de marché dans le grand bazar politique et déploient le tapis rouge à des candidats En Marche.

LREM, quasiment absent des assemblées locales, cherche donc à faire son nid dans des écosystèmes politiques faibles pour mieux pouvoir ensuite les détruire.

Il est sympa, le coucou ! On l’entend chanter quand on se balade en campagne, mais on le voit rarement…

Alors, pourquoi se cacher, quand on revendique haut et fort son projet réformiste ?

Peut-être parce qu’après deux ans au pouvoir, le capital sympathie qui s’érode fortement surtout parmi les gogos de gauche qui ont cru aux promesses sociales. La sympathie est encore en devenir pour les électeurs de droite (LR) avec la réforme des retraites (peut mieux faire !).

Le noyau dur de LREM se situe désormais au centre, sorte de marigot politique d’où sortent, lorsqu’ils ne sont pas plombés par les affaires, les bons ministres consensuels pour faire passer avec un ersatz de social, les réformes néolibérales qui plaisent tant au Medef.

Pourquoi se cacher lorsqu’on revendique haut et fort la réforme du code du travail, qui nous vaut l’explosion des CDD, un recours aux Prud’hommes très cadré et des indemnités plafonnées même en cas de licenciements abusifs ?

Pourquoi avancer masqué lorsqu’on prépare (avec l’appui de syndicats « réformistes ») une réforme des retraites universelle qui ne l’est déjà plus, tant le nombre de dérogations accordées fait planer de doutes ?

Pourquoi ne pas revendiquer la détérioration de l’hôpital public dont se délectent les cliniques privées ?

 Pourquoi ne pas revendiquer les bienfaits supposés du ruissellement suite à la suppression de l’ISF, de la baisse des cotisations sociales des entreprises et de la pérennisation, sans nuances, du CICE qui devaient créer tant d’emplois et qui confortent surtout les dividendes ?

Pourquoi les mesures (certainement de justice sociale) concernant les allocations familiales ont-elles été différées après les municipales ?

Oui, pourquoi cette politique, considérée comme la meilleure au monde, (ça dépend pour qui) ne servirait-elle pas de guide aux futurs coucous LREM pour les prochaines municipales ? Pourquoi hésitent-ils tant à porter fièrement leurs couleurs et à revendiquer leur politique devant tout le monde ?

Sans doute parce que ces crétins d’électeurs, à qui on ne la fait pas deux fois de suite, seraient incapables de comprendre les bienfaits du néolibéralisme et de la mondialisation que cette politique sous-tend …

Cela nous promet donc beaucoup de listes qui se présenteront comme « apolitiques » aux prochaines municipales avec des coucous qui s’empresseront à la première occasion de virer les vieux politicards locaux envoûtés par le chant des oiseaux pour prendre leur place.

Il faudra donc décoder et poser les bonnes questions aux candidats lors des réunions préélectorales.

Faites preuve de curiosité

Ils sont nouveaux en politique, mais ils apprennent vite. L’entrisme, cher aux organisations d’extrême gauche et aux frères musulmans n’a pas de secret pour eux. Ce n’est qu’après des campagnes électorales très consensuelles qui permettent d’accéder au pouvoir que l’on constate les dégâts en lisant les clauses en petit caractère au dos de la profession de foi…

La question doit donc être posée sans détour : y a-t-il des candidats macronistes sur votre liste ? Et vous verrez sans doute apparaître une gêne sur le visage de votre interlocuteur qui bredouillera quelques arguments minables sur le pluralisme, les bonnes volontés, les compétences, l’apolitisme, etc…

C’est ensuite le programme qu’il faudra interroger. Il y a peu de chances pour que les choses soient claires sur la profession de foi. Les questions pourront alors porter sur la mise en œuvre (ou la conservation) de politique sociale en direction de la jeunesse, des personnes âgées ou des personnes en difficultés par rapport à l’emploi, d’une part, la politique d’investissement d’autre part (le « beau » ou l’utile) ainsi que les positions prises par la liste en matière de développement durable (sans oublier la question de l’agriculture intensive), des services publics de proximité et de la politique en faveur des entreprises et de la mobilité….

Pourquoi se méfier des coucous en politique ?

Ce qui est à l’œuvre relève de la tromperie. Avant, on croyait voter pour des idées et un programme clairement annoncé et au final, on était souvent déçu.

Ce qu’on nous propose aujourd’hui, c’est le flou entretenu sur les idées, sachant que le programme libéral, lui sera bien déployé si on se laisse endormir comme en 2017.

Un autre élément doit nous faire réfléchir : la circulaire publiée par la Ministre de l’Intérieur concernant les élections municipales, qui limite l’attribution par les Préfets des nuances politiques aux candidats des communes de plus de 9000 habitants (97 % des communes françaises exclues, tout de même…), ce qui entretiendra le flou sur la présence ou non de candidats appartenant à LREM par exemple, en dessous de ce seuil.

Cela permettra de limiter les effets d’une défaite mais aussi de revendiquer a postériori une grande victoire étant entendu que les nuances politiques concoctées par Castaner dans sa circulaire incluent LREM dans le Centre (au moins c’est désormais clair) et qu’une nouvelle famille baptisée LDVC (divers centre) apparaît. Elle regroupe des listes d’union ayant reçu l’investiture de plusieurs partis dont En Marche et Modem ou soutenues par ces mouvements (ainsi que par l’UDI).

Tout cela devrait permettre de réaliser de bien belles statistiques…

Quand vous entendrez les coucous chanter, il sera trop tard !

https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/lrem-aux-municipales-la-technique-220691

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