Désormais deuxième foyer européen après l'Italie de contamination par le coronavirus— le COVID-19 puisque tel est son nom de code — la France s'enferme dans une gestion minimaliste de la crise, oscillant entre alarmisme et relativisation du risque épidémique.
Le devoir des gouvernants est pourtant de prévoir et d'anticiper. Depuis plus de dix ans, l'apparition de maladies nouvelles, en Asie ou en Afrique, faisaient peser une menace lourde sur les populations du monde entier. Accuser ici la globalisation planétaire n'aurait pourtant que peu de sens, dans la mesure où les ravages pandémiques de la peste ou, plus récemment, de la grippe espagnole qui fit, rappelons le, bien plus de victimes que la guerre de 14/18 à la fin de laquelle elle se déclencha, se produisirent dans des contextes géopolitiques totalement différents.
En revanche, tout aurait dû être mis en œuvre pour prévenir les épidémies et les traiter. Au lieu de cela, la France a laissé se dégrader son système hospitalier, tandis que l'Etat désertait ses responsabilités de protection sanitaire et laissait se délocaliser en Chine ou en Inde l'industrie du médicament, pour le plus grand profit des laboratoires pharmaceutiques.
C'est à contre-temps, dans l'urgence et au cas par cas, que réagit désormais le gouvernement. À contre-temps et dans l'incohérence la plus totale, créant des zones de surveillance et de confinement à l'intérieur du pays mais refusant les contrôles aux frontières, interdisant les réunions de plus de 5000 personnes en milieu fermé mais laissant se dérouler toute autre manifestation, sportive, sociale ou politique, fermant des écoles, mais laissant les autres ouvertes, supprimant soudain la dernière journée du salon de l'agriculture, comme si cela devait changer quoi que ce soit au risque épidémique. Sans même évoquer la légèreté toute éthérique avec laquelle a été conduit le rapatriement des Français présents en Chine, exposant sans grandes précautions nos soldats de la base aérienne de Creil qui semble être au centre de la contamination dans le département de l'Oise.
Le pire n'est pas toujours sur et nous savons raison garder. Comme chaque fin d'hiver, nous apprendrons dans quelques semaines que la grippe saisonnière a fait des milliers de morts dans notre pays, (60 000 par an en Europe) et nous n'oublions pas que les maladies cardiovasculaires ou le cancer consituent des menaces autrement plus redoutables. Les Français, échaudés par tant et tant de mensonges et de manipulations conservent leur sens critique, cultivent leur scepticisme, et font la part des choses. Une certitude toutefois: quels qu'en soient les développements, cette alerte sanitaire aura mis en avant dans l'ordre de la santé comme dans celui de l'ensemble des domaines régaliens, la nudité absolue de l'Etat-roi.