Recettes publiques en berne, dépenses qui flambent… le plan d’aide gouvernemental de 45 milliards d’euros est déjà à sec. Le ministre de l’Economie l’a répété lundi au Sénat, la croissance sera encore plus mauvaise que lors de la crise des subprimes, probablement en dessous des -3%. Cependant, le gouvernement dit vouloir sauver l’économie « quoi qu’il en coûte », selon l’expression du président Macron dont l’imprécision n’augure rien de bon…
L’enveloppe de 45 milliards ainsi débloqués dans le projet de loi de finances rectificative se monte maintenant à 55 milliards et pourrait s’envoler vers les 150 milliards. Mais qu’importe, selon certains, puisque la France emprunte déjà à taux négatifs et que les 2 400 milliards de dette publique n’auront pas vocation à être remboursés… telles sont les nouvelles lois de la finance internationale.
Dans le détail, les 35 milliards de report de charges, beaucoup d’entreprises esseulées ne pourront pas les rembourser. Le ministre de l’Economie a indiqué que ces impôts pourraient donc être annulés.
Quant aux 8,5 milliards pour financer le recours au chômage partiel ou technique, ils ne suffiront pas. Dans l’entourage du ministre du Travail, on parle désormais de 11 milliards sur trois mois. Les entreprises auront en effet encore besoin d’aide à la reprise après le confinement.
Idem pour les 2 milliards affectés à la santé. Le président Macron a dû en rajouter quatre la semaine dernière pour financer masques et autres respirateurs. Il en avait déjà promis cinq à l’Institut Pasteur pour la recherche, on en n’est plus à ça prêt…
A ces dépenses, s’ajoutent des pertes sèches pour les recettes publiques pouvant être estimées à 80 milliards d’euros selon l’Institut Rexecode. La consommation, qui représente 70% de la croissance nationale, actuellement cantonnée au minimum, va affecter les rentrées au titre de la TVA. En témoigne la baisse de 50% des paiements par carte bleue par rapport à l’année dernière au même moment. Et avec le secteur immobilier, totalement à l’arrêt, l’Etat ne perçoit plus les droits de mutation à titre onéreux.
Quoi qu’il en soit, toujours selon l’Institut Rexecode, dans le cas d’un confinement de 2 mois, la croissance devrait être de -5% pour un déficit public de 7,4% du PIB. De son côté, Bercy table sur un recul de la croissance de 3% et une hausse du déficit public de 2% par mois de confinement.
Pour le ministre des Comptes publics, Gérald Darmanin, ces chiffres ne prendraient pas en compte les effets positifs d’un « plan de rebond » qu’il a évoqué sans toutefois en préciser les contours. De quoi rester sceptique sur la gestion de l’après crise. Surtout si elle est dans la même veine que l’actuelle.
Pierre Bergerault
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