En ce 13 avril, lundi de Pâques du calendrier catholique, lundi saint pour les orthodoxes, il ne s'agissait, dans notre république laïque hexagonale, ni de passion, ni de résurrection. Le supplice du jour consistait à devoir écouter l'homélie du soir. L'ennui nous en était imposé, après deux minutes du rite sympathique des applaudissements pour les infirmières et pour tous les soignants.
N'ironisons même pas sur les éprouvantes gesticulations et contorsions d'accompagnement. Visibles à droite de l'écran, on les sait destinées aux malentendants, ou plutôt à ceux d'entre eux qui ne savent pas lire les sous-titres.
Restons bienveillants. Soumis. N'est-ce pas le sens de ce mot arabe, islam, dont on cherche en haut lieu une version française ? Notre gouvernement espère la recevoir des Frères musulmans. Et ils ont sur le sujet d'excellentes propositions. À peu près autant que les délégués CGT sur la marche de l'entreprise qui les salarient.
Subissons. Encore une demi-heure d'un exposé qui aurait pu, sur un autre ton, moins boursouflé, moins répétitif, moins geignard, se contenter de tenir en 10 minutes.
Encore quatre semaines à attendre. Et aucune certitude quant aux masques et aux tests pour le vulgum pecus.
Nous avons appris, pour l'essentiel, tout ce que nous savions déjà. À peine la date, lointaine, du 11 mai nous est-elle garantie.
L'État promet. Il ne promet jamais qu'il tiendra ses promesses.
L'État reconnaît des carences qu'il ne pouvait dissimuler, qu'il ne s'apprête ni à corriger ni à sanctionner.
Certains polémistes avaient entonné les jours précédents le cantique de la souveraineté, à l'encontre d'une déclaration jugée de Mme Ursula Von der Leyen. Les faits méritent d'être rappelés. La présidente de la Commission européenne leur sert de tête de turc depuis son investiture du 1er décembre votée par le centre droit au parlement européen sans l'agrément des écolos et des marxistes. Or, parmi d'autres personnalités politiques allemandes, à commencer par la chancelière, elle était interrogée par l'hebdomadaire Bild am Sonntag[1], quant à l'idée qu'elle se fait du retour à la vie normale. Rappelons, à ce stade, qu'outre-Rhin, la gestion de la crise se passe, semble-t-il de façon plus rationnelle et moins cafouilleuse. Et, Mme von der Leyen, considérant que la solution du problème du virus chinois ne sera définitive, que lorsqu'on disposera d'un sérum et d'un vaccin, il faudra que les personnes les plus fragiles continuent à prendre des précautions sans doute jusqu'à la fin de l'année. Scandale que cette déclaration. Abus de pouvoir. Atteinte au droit des États.
Ce que l'enquête Bild am Sonntag soulignait aussi était le désir du plus grand nombre de nos cousins germains de voir les enfants retourner à l'école. Reprochera-t-on au gouvernement français d'aller dans ce sens ?
Eh bien ce n'est pas cela que je reprocherai à l'État central parisien.
Outre l'ennui que suscitent les discours, de plus en plus longs et de plus en plus creux du personnage qui préside à ses destinées, je ferai volontiers mienne l'analyse d'Olivier Auguste publiée le 6 avril dans L'Opinion, surtitrée Infantilisation[2] :
"Il y a deux façons de demander 'restez chez vous'.
"La première : choisir l’empathie en reconnaissant qu’il n’est facile pour personne de rester enfermé depuis trois semaines déjà et sans perspective claire de levée du confinement, encourager chacun à prendre ses responsabilités."
'Je tiens à remercier ceux d’entre vous qui restent à la maison, permettant de protéger les plus vulnérables', dit la reine Elizabeth, avant d’en appeler à 'l’autodiscipline, la détermination bienveillante et la solidarité'de ses sujets."[3]
"La seconde : dénoncer, enguirlander la minorité de fautifs, faire la morale."
"Suivant la vieille inclination de l’administration française selon laquelle seul l’Etat peut nous protéger de nous-mêmes, c’est ainsi que procèdent la plupart de nos responsables politiques – et, avec eux, autorités sanitaires, médias et tout ce que les réseaux sociaux comptent de procureurs."
Alors oui, pour ma part, j'avoue préférer la Reine d'Angleterre. Elle ne s'exprime que rarement à la télévision, tous les 10 ou 12 ans environ. Son discours ne dure que quatre (4) minutes. C'est un métier. Elle le fait très bien.
JG Malliarakis
Apostilles
[1] cf. article "Fahrplan für die Rückkehr zur normalität".
[2] cf. article "Confinement: il faut voir comme on nous parle".
[3] cf. Le discours de la reine Elizabeth II, sous-titré en français "Vidéo de 4 min 21