Depuis que la personnalité du Professeur Raoult, directeur de l'Institut Hospitalo-Universitaire Méditerranée de Marseille est apparue sur la scène du débat public, elle est clairement devenue un objet de passions contradictoires. Ne me sentant aucune compétence dans sa discipline, qui est la biologie, n'ayant reçu de formation fondamentale que celles des mathématiques puis de l'économie politique, il m'est devenu difficilement supportable, dois-je l'avouer, d'entendre le ton des polémiques autour de ses déclarations.
J'avertis donc mes amis lecteurs : la question que j'envisage de survoler n'est pas de savoir si le traitement qu'il préconise, et qu'il applique au beau pays de Provence, est, ou n'est pas, pertinent, efficace, recommandable, compassionnel, etc.
Le problème qui me préoccupe vient de la prétention de ses adversaires à parler, généralement en meute, au nom de ce qu'ils appellent la Science, avec un grand S, puisque notre république laïque s'inscrit dans l'ère du vide.
À ce sujet, rappelons que Pascal, vrai savant lui-même, vrai philosophe et vrai croyant soutenait, au XVIIe siècle et en considération des expériences de Torricelli, inventeur du baromètre, que "la nature a horreur du vide". De nos jours les physiciens corrigent volontiers cette affirmation, mais elle est considérée, cependant, comme une sorte de vérité de base. Et on l'applique sans remords dans toutes sortes de domaines dans des raisonnements empiriquement vrais.
Rappelons d'abord que la médecine n'est pas une science mais un art. Sous la plume du fils d'un artiste et du descendant d'une dynastie de médecins, sauvé lui-même par la chirurgie, cette précision ne se veut nullement péjorative : elle ne l'est qu'aux yeux des scientistes. Ceux-ci se réclament de certitudes dont on n'a peut-être pas encore assez mesuré le danger[1].
Car, en face du professeur [de microbiologie] Raoult on instrumentalise, au premier rang, le nom moins professeur [de médecine] Delfraissy. C'est lui qui me semble préoccupant.
De qui s'agit-il ? Citons servilement sa fiche Wikipédia au 16 avril : "Jean-François Delfraissy, né le 19 mai 1948 à Paris, est un médecin et professeur de médecine français, spécialisé dans l'immunologie. Il est nommé président du Comité consultatif national d'éthique en 2016. Le 11 mars 2020, il est nommé président du Conseil scientifique Covid-19 institué par Olivier Véran pour conseiller le gouvernement..."
En 2016 le ministère de la Santé venait de se débarrasser, en l'an de grâce 2013, sous la responsabilité de Mme Touraine, de l'encombrant stockage des masques. Inutiles voire dangereux déclarait-on encore en janvier 2020. Sans doute les proclamera-t-on obligatoires, – sous peine d'amende ? – au mois de mai. Quand a bombardé Delfraissy à sa tête, le comité d'éthique était devenu l'instrument d'une philosophie d'État que tout lecteur peut librement interroger. Certes, sous le règne de François Hollande l'économie présidentielle fut d'abord conseillée, puis pilotée comme ministre, par un jeune et brillant inspecteur des Finances. Le neurologue Véran candidatait dans l'Isère pour le parti socialiste. L'année suivante, en 2017, tout cela fut officiellement rejeté comme "le monde d'avant", "l'ancien monde", etc.
Dans le "nouveau monde" actuel, ce 16 avril, on apprend par les médias que le professeur Delfraissy laisse entendre, au nom de la Science, que l'on va discriminer au lendemain du déconfinement annoncé pour le 11 mai, "environ" 18 millions de Français, jugés "à risque", qui "resteront" confinés alors que les jeunes des banlieues retourneront à l'école, au nom de l'égalitarisme.
Quand on lit les déclarations de ce professeur "d'éthique" cela n'est pas annoncé au conditionnel, cela ne se veut pas un conseil de prudence, c'est écrit comme un ordre, comme un décret. Au nom de la Science, vous dis-je. Quelle Science ? Celle du Dr Mengele ?
Robespierre fut destitué et guillotiné en 1794, en très grande partie pour avoir imaginé et mis en scène, quelques semaines avant sa chute, le culte de la Déesse Raison.
On se demande si l'affreux, le monstrueux, Incorruptible n'était pas un précurseur.
JG Malliarakis
Apostilles
[1] Au sujet de telles "certitudes" je me permets de renvoyer mes amis lecteurs à deux articles de Pierre Le Vigan sur Bd Voltaire et sur Strategika.