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La culture préférée d’Emmanuel Macron, c’est celle du MOI JE

La culture préférée d’Emmanuel Macron, c’est celle du MOI JE

L’exhibitionnisme macronien, sa mise en scène, sa théâtralisation sont bien connus des lecteurs du Salon beige. Il y a l’occasion des grands discours, celle des face-à-face avec les Grands de ce monde et qui permettent de figurer en bonne place ; celle des petits impromptus si agréables pour l’ego (même au prix d’un irrespect des consignes sanitaires pourtant serinées à longueur de programme télévisuel) sans même parler bien sûr de tous les épisodes du Grand Débat.

Et puis, peut-être le summum pour un Président français qui se pique de culture : la conclusion (en trente-et-une minutes de soliloque quand même) d’une visio-conférence organisée depuis l’Elysée avec des artistes de différents champs de la création, sur le sujet « Comment protéger les acteurs de la création culturelle en cette période difficile ? »

Comment résister ? Les idées crépitent, la bienveillance est totale, l’écoute est religieuse (le ministre de la Culture, Franck comme le nomme avec camaraderie M.Macron, prend attentivement en note les paroles présidentielles).

On va faire couler l’argent à flots et les aphorismes pleuvent, ne craignant pas l’oxymore : les utopies concrètes ; les vrais idéalistes sont des grands pragmatiques. On va réinventer notre été. On doit en faire un été apprenant et culturel ; on va devoir mettre du sport et de la culture à l’école ; et l’insistant nous sommes dans une phase de résistance-résilience. Ah, la résilience. Il aime décidément ça, le Président Macron. Rappelez-vous, c’était le nom de l’opération militaire lancée en grandes pompes à Mulhouse pour porter secours aux populations affectées par l’épidémie, et qui a soudainement disparu des radars ; c’est aussi Notre-Dame de Paris, décrétée symbole de la résilience de notre pays.

Les grands motifs de la communication présidentielle sont bien sûr là :

  • Les thèmes de l’universalisme (je crois à l’ouverture, à un universalisme qui permet de faire circuler les intelligences, les créations, les sensibilités), de l’exception française (on a besoin de défendre cette exception française) et surtout de souveraineté européenne (j’ai toujours défendu ce que j’ai appelé la souveraineté européenne) entremêlés. La nation française, pourtant si fréquemment invoquée dans ses multiples Adresses aux Français, ne figurant plus au programme culturel : on va revenir à l’état
  • Et après avoir évoqué le confinement des jeunes, E.Macron semblait adresser un message spécifique aux jeunes issus de l’immigration et qui avaient pour habitude de partir pendant plusieurs semaines ou plusieurs mois au pays : « On leur a déjà demandé un effort énorme pendant ce temps de confinement » ( !). Reprenant ainsi la sémantique castanerienne d’un séparatisme au sein de la jeunesse en fonction de l’origine, de ses supposées capacités à obéir et de sa volonté d’intégration.

Deux passages colorés ont déjà été relevés par plusieurs :

  • Le tigre: « On doit en quelque sorte enfourcher le tigre et donc le domestiquer. Il ne va pas disparaître, le tigre, il sera là. Mais le seul moyen qu’il ne déborde pas, c’est de l’enfourcher. Et ça doit être ça notre travail ensemble. Et ce ne sont pas que des lois, que de l’administration. Et c’est là que le génie français doit se faire. Le génie français, c’est le bon sens et la créativité. Nous, on n’est pas fort en ordre pour tout le pays. Il y a des pays qui sont beaucoup plus forts que nous là-dessus. Nous, on n’est pas fort ». Et dire que Mme Vallaud-Belkacem a déployé tant d’efforts pour lutter contre tous les préjugés ! 
  • Robinson Crusoë (en se référant à Simon Leÿs) : « Quand Robinson part, il ne part pas avec de grandes idées de poésie ou de récit… Il va dans la cale chercher ce qui va lui permettre de survivre : du fromage, du jambon, des choses très concrètes. Et il y a dans l’enseignement de Robinson quelque chose de ce qu’on vit. Robinson, quand le naufrage est là, il ne se prend pas la tête pour faire une grande théorie du naufrage. Sinon, nous n’aurions jamais écrit le récit de ses miracles [sic !]. Il prend d’abord du jambon et du fromage, mais il a en lui cette capacité à réinventer une histoire unique. Je crois qu’on a ça. Je ne suis pas tellement un théoricien du drame… On a en nous une forme de résilience ». Le président Macron assimilerait-il la situation actuelle de la France à un naufrage ?

En tout cas, le Huffington Post remarquait que déjà, en mars 2016 comme ministre de l’Economie, M.Macron avait utilisé cette allégorie :

« Robinson Crusoé n’est pas parti dans son île avec l’idée du fromage, du jambon ou de la prospérité, il est parti avec une liste très précise qui est le plus beau poème idéaliste: le nombre de jambons qu’il a pris, le nombre de fromages, le nombre de denrées », tout en l’attribuant, cette fois-là, au poète G.Chesterton ; on peut avoir quelques faiblesses.

De mauvaises langues (certainement) ont laissé entendre que M.Macron aurait pu être légèrement excité pendant son one-man-show, comme sous l’effet de produits divers. Il n’a pas besoin de ça. Il lui suffit de s’écouter parler : l’important, c’est lui.

Et d’ailleurs, il l’égrenait tout au long de son discours : au minimum (on en a peut-être laissé échapper un ou deux), 110 fois le mot « JE » (très fréquemment d’ailleurs, le je pense). Soit, en gros, quatre fois par minutes, une fois toutes les quinze secondes ! Et au minimum (on en a peut-être laissé échapper un ou deux) 31 fois le mot « MOI », soit exactement une fois par minute.

Pour M.Macron, la culture, c’est celle du MOI JE. Tout le reste n’est que faire-valoir.

https://www.lesalonbeige.fr/la-culture-preferee-demmanuel-macron-cest-celle-du-moi-je/

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