Travailler plus pour rattraper le retard ! Voilà la nouvelle idée lancée par plusieurs responsables politiques. Mais les Français ont-ils envie de faire un effort pour gagner plus d’argent à l’heure où les habitudes de production et de consommation sont en pleine remise en question ? Surtout, travailler plus pour réparer les conséquences de l’amateurisme d’un président qui ne reconnaîtra jamais ses erreurs ? En tout cas, les prévisions plus que pessimistes pour l’année 2020 devraient suffire à faire peur aux Français et les faire marcher droit.
Après 55 jours de confinement, le président des Républicains, Christian Jacob, propose de revenir sur le totem des 35h du duo Aubry-Strauss-Khan avec une augmentation jusqu’à 40h hebdomadaire décidées entreprise par entreprise. Une solution pour permettre de rendre de la compétitivité, partagée par son allié le sénateur Bruno Retailleau pour qui tout assouplissement de la réglementation serait le bienvenu.
Mais comme le constatent de nombreux Français au chômage ou en situation de précarité, pour travailler plus, encore faut-il avoir un emploi. Car ceux qui ont poussé les entreprises à délocaliser comme ce fut le cas dans les années 2000 sont les mêmes qui aujourd’hui demandent aux salariés de travailler plus.
D’autres, comme le patron du Medef, s’étaient interrogé sur une remise en cause des jours fériés et des congés payés pour redémarrer la machine, avant de rétropédaler devant la levée de boucliers. Mais la France n’est pas une start-up. Les Français n’aspirent plus forcément à gagner plus que le voisin comme dans les années 80. Le monde a changé mais les dirigeants usent toujours de vieilles méthodes qui ne fonctionnent plus. Mitterrand n’avait-il pas déjà avoué à la fin de son deuxième mandat avoir tout essayé contre le chômage ?
Quoiqu’il en soit, le ministre du Travail a repris le « et en même temps » présidentiel, se déclarant réticente à la modification des 35h sans y être totalement opposée. Certains secteurs devront en effet rattraper le retard. Des décisions au cas par cas sembleraient être les plus appropriées. Le ministre reste pour sa part convaincu de la pertinence à court terme des ordonnances prises en mars dernier dans un sauve qui peut général.
En attendant, à l’Assemblée nationale, il semble que la majorité soit sur le point de vaciller. Alors que le groupe a déjà perdu 18 députés depuis le début de la législature, une vingtaine d’autres menacent de faire sécession. Avec de telles perspectives, l’exécutif n’a plus droit à l’erreur.
Pierre Bergerault
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