Avec Réfléchir&Agir, Rivarol incarne le pendant le plus radical de la presse française. Nous en sommes fiers car le souci de réalisme et de vérité l'emporte chez nous sur des positions d'esthète et des demi-mesures qui, finalement, ne dénoncent ni ne règlent strictement rien. Directeur de Rivarol, Jérôme Bourbon a accepté de faire avec nous un tour d'horizon de l'actualité de notre combat.
Jérôme Bourbon, qu'est-ce qui vous a poussé à vous engager en politique ?
J'ai grandi dans une famille de centre droit. Le déclencheur a été l'émission L'Heure de Vérité de Jean-Marie Le Pen dans les années 80. Je l'avais trouvé génial, maniant la langue française comme personne. Et il tranchait avec les autres politiciens en parlant avec son coeur et ses tripes. Ses réponses durant l'émission étaient pleines de bon sens, de courage et de lucidité. Mais je dois avouer que la forme, chez lui, m'a encore plus séduit que le fond. J'étais à peine adolescent.
Comme vous, j'ai adhéré au FN à la même époque en ne venant pas d'une famille d'extrême droite. Mais outre l'émergence médiatique de Jean-Marie Le Pen et ma révolte devant l'immigration, la mort de la paysannerie française aussi, la lecture d'auteurs comme Brasillach, Céline ou Drieu a autant fait pour ma conversion au fascisme...
Je l'ai fait après car j'avais juste quinze ans quand j'ai été conquis par Le Pen. Ensuite bien entendu, j'ai lu Bardèche, Drumont, et toute la presse de droite nationale. Curieusement, j'ai commencé par Minute, puis j'ai lu National Hebdo, Présent, Rivarol...
Vous avez donc été militant FNJ...
Oui dans mon Jura natal. J'ai été candidat à plusieurs reprises, tant aux élections universitaires que politiques localement (cantonales, municipales, régionales).
Comme nous, vous avez connu le Front national des années 80 et surtout 00. Quelles différences y voyez-vous avec celui d'aujourd'hui ?
Le niveau a chuté. Notre génération (dans les années 90) a connu des conférences de formation pour les militants et cadres (avec l'Institut de formation nationale), National Hebdo et Identité, une université d'été du FNJ de qualité dans le cadre magnifique du château de Neuvy-sur-Barangeon (avec conférences, ateliers propagande pour faire un tract ou une vidéo, vie communautaire et lever des couleurs...). Et il y avait des militants au vrai sens du terme, avec des idéaux et des convictions fortes, très engagés. Autrefois aussi, les militants étaient plus radicaux. On pouvait parler de Bardèche, de Faurisson et d'auteurs jugés sulfureux aujourd'hui au FN. Il y avait bien sûr des divergences non négligeables (païens/catholiques, régionalistes/jacobins, nationalistes/ européens) mais il y avait cette radicalité commune et cette camaraderie militante.
J'ai connu la même chose. À l'époque, un profil comme Louis Aliot était une exception. Dans le FN d'aujourd'hui, c'est devenu la norme, et nos profils sont devenus l'exception...
Absolument. On sentait, déjà jeune, qu'il était carriériste. Et intellectuellement, j'ai toujours pensé qu'il était un astre éteint : il reçoit la lumière mais il ne la diffuse pas. C'est comme Steve Briois, quand je le vois et que je l'entends, j'ai l'impression de retrouver un des humanoïdes de La Colline a des yeux de Wes Craven.
Et au niveau du logiciel politique du FN ?
Il y en a eu plusieurs le programme politique Pour la France en 1985, les 300 Mesures en 1993, et Pour un avenir français en 2002. Aujourd'hui, il n'y a rien. Et les fondamentaux ont été bazardés. Il n'y a plus de volonté de remigration ou ce qu'on appelait autrefois l'inversion des flux migratoires. Au contraire, Marine Le Pen propose un solde migratoire positif, juste inférieur à celui des autres partis du Système.
Comme vous, je préférais le FN d'avant mais force est de constater que ce FN-là plafonnait à 15% alors qu'il est aujourd'hui à 33 %... Certes, il est servi par une situation du pays qui a largement empiré, et des attentats qui ont ouvert les yeux de quelques Français, encore bien isolés cela dit. Mais on a l'impression que les deux formules Le Pen (père et fille) sont des échecs au final...
Si Marine Le Pen avait été performante, le FN aurait davantage profité de l'effondrement des partis du Système. Comme vous le dites, elle a profité d'une situation dramatique. Le débat présidentiel face à Macron a montré le vrai visage de Marine Le Pen. Elle peut faire illusion dans les formats courts. Mais dans les formats longs, son incompétence crasse, sa vulgarité, son arrogance, ses limites intellectuelles apparaissent de manière trop visible, notamment en matière économique (confondant l'euro et l'écu, SFR et Alstom -quand elle ne confond pas ses notes ou les amendements au parlement). Elle a fait une mauvaise campagne en 2012 et de nouveau en 2017. Elle a été catastrophique dans les trois débats qui ont jalonné la dernière élection présidentielle elle a été mouchée par Mélenchon dans le premier, par Fillon et Poutou dans le second, et enfin par Macron dans celui de l'entre-deux-tours. Là, ce fut le naufrage, le cimetière de la poissonnière, le suicide de la parricide, la lessiveuse de la déménageuse, la camionneuse est passée à la centrifugeuse...
Je pense aussi que, vu l'état, l'inculture et la bêtise des Français (qui ne connaissent même pas les institutions pour lesquelles ils votent), nos idées ne seront jamais majoritaires dans le pays. Notre radicalité effraie le Français de base, abruti et assommé par des dizaines d'années de télé et de discours repentants et anti-nationaux...
On avait interrogé un jour le professeur Faurisson sur la notion de courage. Il avait répondu qu'il n'avait pas grand-chose à en dire vu qu'il avait rencontré très peu de gens courageux dans sa vie... Mais qu'il pourrait en revanche écrire des livres entiers sur la lâcheté tellement c'était un trait de caractère répandu dans notre peuple et dans notre camp aussi. Déjà, les générations les plus âgées ne sont pas par définition révolutionnaires. Ce sont des possédants qui fondent leurs choix et leurs analyses sur le court terme. Ce sont les gens qui n'ont pas grand-chose à perdre qui sont révolutionnaires. Après, on peut certes reprocher au peuple français d'avoir voté Macron. Mais on peut comprendre qu'il n'ait pas eu envie de voter pour Marine Le Pen, vu son niveau et son attitude lors du débat final. Comment lui donner la responsabilité du code nucléaire, de l'armée, de la police, de la gendarmerie, de la diplomatie ?
On a dit la même chose de Trump qui devait ruiner le pays et appuyer sur le bouton nucléaire. Quasiment deux ans ont passé, et rien de tel ne s'est produit...
Marine Le Pen est une virago hystérique. Je ne confonds pas le canal neuronal et le canal hormonal. Quand je vois son attitude vis-à-vis de son père, des militants, de Rivarol, c'est vraiment une épouvantable harpie. De plus, Trump s'est construit tout seul, il a prouvé quelque chose. Marine Le Pen n'a rien prouvé du tout à part son incompétence. Elle n'a fait que récupérer le mouvement de son père et, professionnellement, tout le monde sait qu'elle a été une avocate ratée qui a été recyclée au FN par son père (qui a créé une section juridique ad hoc pour cela début 1998). Quand on voit son côté hautain, hystérique, ricanant lors du débat avec Macron, on comprend que les Français n'aient pas eu envie de voter pour elle.
J'avoue ne plus beaucoup croire non plus en Marion Maréchal-Le Pen...
Elle a l'appui des lobbys sionistes, en France et aux États-Unis. Qui la soutient chez nous ? Causeur, Valeurs actuelles, L'Incorrect, Ivan Rioufol (qui est un agent israélien), même Jean-Yves Camus semble l'aimer. Et je rappelle que le conseiller de Marion, Arnaud Stéphan, voulait à toute force qu'elle allât pleurer à Yad Vashem et s'agenouiller devant l'Idole avant sa tante. Elle n'a pas soutenu son grand-père lors du parricide, elle est aussi hautaine que sa tante d'après les témoignages que j'ai eus au Conseil régional de PACA - où elle a imposé en position éligible des gens aussi contestables qu'Olivier Betati, un opportuniste sarkozyste qui nous a craché dessus pendant trente ans, ou Marc-Étienne Lansade qui est un homme des réseaux Balkany (même Le Canard Enchaîné le dit), ou son flirt poussé avec Abou Sofiane condamné pour proxénétisme. Je n'ai aucune confiance en elle.
On est d'ailleurs en train de nous faire de Marion le Macron de la mouvance...
Exactement. Sa séquence américaine lui a valu tous les directs à la télé, ce qui est assez suspect. J'ai l'impression de revivre dix ans après la mise sur orbite médiatique de sa tante. Et pour le pouvoir macronien, c'est tout bénéfice car, plus que Marine, Marion affaiblira Laurent Wauquiez, un Sarkozy bis, qui est le rival le plus dangereux pour Macron à l'heure actuelle. Je rappelle aussi que Marion avait dit que, en 2007, si elle avait eu l'âge (à un an près) de voter, elle aurait voté Sarkozy. Sa ligne est celle d'un conservatisme un peu plus dur que les Républicains, mais guère plus. C'est la ligne Eric Zemmour, en moins talentueux et cultivé.
Peut-on attendre quoi que ce soit d'un peuple français qui, depuis 1962, vote toujours pour les mêmes, refait toujours les mêmes erreurs, gobe toujours les mêmes mensonges crédulement. Je n'aime pas De Gaulle mais il avait raison en qualifiant les Français de veaux...
Cela n'a sans doute pas toujours été vrai historiquement mais c'est le cas pour la période moderne dont vous parlez. Avec ce que Bernanos appelait déjà la machine à décérébrer, et qui fonctionne aujourd'hui à jets continus (médias, éducation nationale, ordinateurs), cela ne fait qu'empirer.
On parle du bon sens du peuple français, je n'y ai jamais cru...
Je n'y crois pas non plus. Encore moins pour les nouvelles générations qui ont biberonné à l'antiracisme depuis leur naissance, qui considèrent donc tout à fait normal que les homosexuels se marient et adoptent des enfants, que la Gay Pride c'est normal, que le racisme et l'antisémitisme c'est le mal absolu, etc.
Peut-on réellement espérer sauver notre pays et notre civilisation ?
Il faut dire la vérité aux gens. Comme disait Jean-Marie Le Pen, à vue humaine, c'est fichu. En effet, il suffit de voir les démographies comparées des Français et Européens de souche et celles des allogènes (et plus fortes encore dans leurs pays d'origine) pour comprendre cela. On peut construire toutes les digues que l'on voudra, si la pression démographique est telle, rien ne les arrêtera.
Oui mais si on interdit nos côtes, si besoin par la force, ils y réfléchiront peut-être à deux fois...
Ce logiciel-là n'est pas celui qui est à î'Élysée. Quand on voit qu'on est incapable de supprimer des assassins et des violeurs d'enfants, alors imaginer ce que vous dites est réellement de la science-fiction. Le problème est que les défenses immunitaires de notre peuple ont été abattues. En trente ans, SOS Racisme a réussi à imposer le principe de l'immigration de masse. L'antiracisme, la cause homosexuelle, féministe, voilà les nouvelles normes de notre société. Le processus est en train d'être achevé.
Comme nous, vous n'êtes pas invité dans certains médias radio et télé de la mouvance (comme TV Libertés). N'y a-t-il pas finalement une mouvance médiatique à deux visages chez nous : un côté assez lisse qui a peur de bien des sujets et une autre plus radicale (mais assez réduite). Cela fait plus de 25 ans que nous faisons R&A mais si c'est pour défendre une ligne droitarde et molle à la De Villiers ou à la Causeur, ça n'a aucun intérêt. Autant faire autre chose !
Je suis entièrement d'accord. D'ailleurs, à quoi sert-il d'arriver au pouvoir si c'est pour faire la politique de l'adversaire ? De plus, je ne crois pas que nous puissions arriver aux responsabilités par la voie légale et démocratique. Ce serait plutôt dans une situation de chaos comme on l'a connue en 1958 ou en 1968. Notre rôle est de former des gens qui soient prêts lorsque cette échéance arrivera, si elle arrive... C'est la seule possibilité selon moi. Mais je n'en vois pas pour l'instant. N'oublions pas que les fascismes du XXe siècle sont nés dans les tranchées. Nos deux dernières générations n'ont rien connu de tel et n'ont donc pas beaucoup de caractère, c'est assez logique. Elles n'ont vécu que la permissivité et la société de consommation, que peut-on attendre d'une telle génération ? Pas grand-chose. Concernant votre question sur la presse de notre mouvance, il y a plusieurs cas de figures, vous avez des mous par calcul et stratégie (et par manque de courage là encore), mais il y a aussi des mous par conviction qui croient vraiment à leur discours.
Beaucoup des nôtres sont partis en croisade contre l'islam. Mais le vrai problème n'est pas l'islam mais l'immigration. En renvoyant tous les non-Européens chez eux, on règle définitivement le problème de l'islam. De plus, je suis frappé de voir que pas mal des nôtres n'ont jamais de mots assez durs sur les musulmans (que nous ne défendons évidemment pas à R&A) mais on ne les entend jamais sur le cerveau du crime. Comme le dit notre cher Eugène Krampon, est-ce Tarik Ramadan que l'on voit matin, midi et soir à la télé ou Ruth Elkrief, Jacques Attali, Drucker, Hanouna et BHL ? Est-ce que tes créateurs de SOS Racisme étaient Arabes ?
Bien sûr ! Ce ne sont pas les musulmans qui tiennent les banques et les places financières ou les médias. Et on voit aujourd'hui le Système critiquer l'islam au nom de la Gay Pride ou du féminisme. Et, pour répondre à votre question, quand Zemmour attaque l'islam, il est condamné à 3000 euros d'amende et est souvent relaxé en appel. Avec le révisionnisme, on est condamné dix fois plus lourdement, avec des peines de prison ferme.
Encore une fois, tout mettre sur le dos de l'islam, c'est confondre conséquences et causes...
L'immigration n'est pas que mahométane. Les Asiatiques ou les Noirs évangéliques, ça rend l'immigration plus acceptable ? Je ne le crois pas. Cette dénonciation unique de l'islam est une analyse erronée, au diapason de ce que disent les médias et la classe politique française. Ça arrange le CRIF et le lobby juif bien sûr.
Vous êtes un des rares catholiques à avoir une vision identitaire et racialiste. Quand Bernard Antony défend l'idée, totalement fausse historiquement de surcroît, d'une Jeanne d'Arc noire, on voit bien les limites du catholicisme sur la notion d'identité de notre peuple et de notre civilisation...
Il n'y a pas que lui hélas... Marine Le Pen ou Philippe de Villiers n'ont pas dit autre chose. Mais ça a le mérite de définir les frontières entre les droitards patriotards et les nationalistes authentiques.
Bravo, je pense comme vous.
Et n'oublions pas que sainte Jeanne d'Arc est le symbole de la résistance à l'envahisseur. Donc prendre une Jeanne d'Arc noire est une provocation ridicule et totalement aberrante. Sarkozy ne disait pas autre chose dans son discours à Polytechnique en 2008, quand il martelait que la France était une nation métisse, et qu'il n'y avait pas d'autre vérité que celle-là. Les différents Présidents de la République ont tenu le même discours. Cette provocation sur Jeanne d'Arc est tout sauf innocente. C'est dramatique que des gens de la mouvance soutiennent cette apologie du métissage. C'est de la trahison pure et simple. N'oublions pas que le catholicisme authentique est une religion de l'Incarnation et que les peuples, les races, les nations créés par Dieu n'ont pas vocation à être mélangés et confondus dans un magma mondialiste uniformisateur.
propos recueillis par Pierre Gillieth Réfléchir&Agir N°59
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Commentaires
Il n'est pas mauvais de pratiquer les socialistes , les vrais - ceux qui défendirent l'eugénisme , les héritiers de Platon .
Le déclin du talent signalé par Bertrand Russell au lendemain de la Victoire s'est poursuivi .
L'Occident est déclassé dans tous les domaines . Ce n'est un secret pour personne .
- ceux qui ne comprennent pas peuvent passer une quinzaine de jours à Singapour .
Le Débarquement et la Victoire : vos pires ennemis vous imposent encore ces mensonges .
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