Selon Philippe Crevel, directeur du Cercle de l’épargne, environ 100 milliards d’euros seront épargnés par les Français d’ici la fin de l’année, en raison de l’épidémie du Covid-19 et du confinement.
Une des clés de la sortie de la crise économique réside dans la mobilisation de cette épargne.
Pour autant, ce phénomène conjoncturel ne vient que confirmer la tendance structurelle de l’augmentation du taux d’épargne des Français.
Cela sans compter l’immobilier, toujours perçu comme une valeur refuge.
Pour les économistes, cette épargne liquide est une épargne de précaution, essentiellement investie dans l’assurance-vie et les livrets d’épargne.
Ainsi, par peur de l’avenir, les Français confient leur patrimoine, par le canal de la dette souveraine, à un État-providence qui le dépenserait pour les protéger.
Il est permis, au contraire, de soutenir que le pouvoir politique est une des premières causes du désespoir français.
Dans son Testament politique, Richelieu nous prévenait que « les effets seuls et non les paroles » comptent.
Les effets de la politique suivie depuis quarante ans se lisent dans les comptes des livrets d’épargne. Les Français doutent de l’avenir et ont peur.
Premièrement, la nullité du retour sur l’investissement collectif consenti se traduit par des doutes quant à l’avenir.
Pour les mannes de l’État-providence, le pouvoir politique capte une grande partie de la richesse nationale.
En échange, les Français ne reçoivent pas grand-chose.
Ni rémunération de leur patrimoine digne de ce nom, seulement le déficit et la dette publique dont les seuls corollaires sont la pression et l’instabilité fiscales, ni des services à la hauteur de la mobilisation de capital consentie, comme malheureusement la gestion calamiteuse de la pandémie du coronavirus le montre.
Tout comme pour la sécurité, la justice et l’éducation.
Ensuite, les inconséquences d’un pouvoir politique ayant perdu la boussole de l’intérêt national alimentent cette peur.
En renonçant à la « volonté de faire valoir l’héritage qu’on a reçu indivis » (Ernest Renan) et par ses injonctions culpabilisantes, le discours politique des quarante dernières années vise à faire entrer les Français dans une sorte de pénitence collective.
Les élites politiques et économiques demandent, en quelque sorte, à la France de se nier elle-même. Elles ne la considèrent plus capable de grandeur ni de génie.
Les Français se trouvent ainsi réduits à des « Gaulois réfractaires », inaptes, illettrés et fainéants, qui coûtent un pognon de dingue.
Qu’est la proclamation d’un « nouveau monde » si ce n’est une injonction à disparaître pour « l’ancien » ?
In fine, tous les Français, quelle que soit leur condition, ont peur.
Cette « haine de soi », qu’on demande aux Français d’intérioriser, opère comme une injonction autoréalisatrice.
Ils ne peuvent, dès lors, qu’adopter un réflexe de conservation.
Critiquer l’aversion pour le risque des Français quand toute la sphère politique leur dénie le droit d’être relève de la pure malhonnêteté intellectuelle.
Pour mobiliser le capital des Français, financier mais plus encore humain, il suffirait pourtant simplement de leur redonner de l’espoir.
« N’ayez plus peur » devrait être la pensée pragmatique qui anime toutes les politiques publiques aujourd’hui.
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