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L'arme de la dissolution

proxy.jpgCe 20 octobre, à l'Assemblée nationale, le Premier ministre Castex s'est étrangement irrité face aux questions légitimes que lui posait le président du groupe parlementaire de droite Damien Abad. Cette confrontation, à elle seule, illustre malheureusement les doutes que l'on peut formuler quant à la détermination du pouvoir à combattre l'islamo-terrorisme.

Le député lui rappelait la liste des 37 propositions, la plupart de bon sens, avancées par son parti. Il soulignait qu'elles avaient, toutes, été refusées dans leur intégralité, par la majorité parlementaire. Celle-ci s'est constamment montrée soucieuse depuis 2017 de ménager ce qu'elle considère, au mépris du droit français, comme "la communauté musulmane". Or, le collaborateur de M. Macron, supposé représentant de la "droite" (?) au sein du gouvernement, n'aime pas être contredit et n'a su lui répondre qu'un pitoyable "Vous êtes dans l'incantation, nous sommes dans l'action…"

Vous vous prétendez "dans l'action", M. Castex ? Eh bien prouvez-le ! C'est au pied du mur dit le proverbe que l'on voit le maçon, et, plus encore, si on ose dire, le franc-maçon.

Parmi les mesures fortes annoncées en réponse au terrorisme islamiste, et au meurtre ignoble du 16 octobre c'est le ministre de l'Intérieur qui, dès le 19 octobre, a quasiment promis la dissolution du CCIF.

Nous disons "quasiment" parce qu'il a déclaré sur Europe N° 1 qu'il "souhaitait" que cette mesure – laquelle s'opère par un décret pris en Conseil des ministres, – soit "proposée" au gouvernement. Il reste donc du chemin à parcourir, avant qu'elle soit effectivement appliquée… si possible avant que les dirigeants du Collectif contre l’islamophobie en France, "manifestement impliqué" dans les évènements, selon le ministre, aient eu le temps de prendre certaines dispositions, autour de leurs archives en particulier.

Principal instrument dans de la sidération politiquement correcte imaginé, au gré des lois françaises, par les Frères musulmans, cette association peut être considérée comme le test du degré de réaction effective de l'appareil d'État.

Détruire vraiment le CCIF, et la liste évoquée des 51 autres structures de même acabit, ce serait remporter une vraie victoire sur l'islamo-terrorisme.

Renoncer à cette lutte, ce serait reculer devant l'ennemi. Cela reviendrait à lui montrer la faiblesse de la France républicaine, faiblesse dont il ne doute pas, faiblesse qui l'encourage à avancer.

Souvenons-nous à ce sujet de la naissance de l'arme de la dissolution par décret des associations politiques constituées sur la base de la loi de 1901 : celle-ci repose sur une loi du 10 janvier 1936 sur les ligues antiparlementaires qualifiées d'extrême droite. Il ne prétendait pas répondre aux événements du 6 février 1934, contrairement à ce qu'on lit trop souvent, mais aux incidents ayant entouré l'enterrement de Jacques Bainville.

En juin 1936 après la victoire du Front populaire, l'Humanité en redemande.

Dans toute son histoire cette loi n'a guère été utilisée contre l'extrême gauche, sinon à des périodes exceptionnelles comme celle de 1968, où d'ailleurs les groupes gauchistes visés semblaient beaucoup contrarier la ligne du parti communiste. Les groupuscules dissous se reconstituèrent aussitôt : la Jeunesse communiste révolutionnaire donna impunément naissance à la Ligue communiste. Un peu plus tard celle-ci, dissoute à son tour à la suite de violences intolérables, se rhabilla non moins impunément en Ligue communiste révolutionnaire, appellation beaucoup plus rassurante et légaliste pour sûr.

À vrai dire jusqu'ici l'arme de la dissolution a surtout servi, sur la base de provocations toujours bien montées, telle l'arrestation de Dominique Venner en 1959, première d'une longue série que notre génération a pu observer et archiver, contre les militants de droite.

Le décret-loi de Daladier du 26 septembre 1939, prononçant la dissolution du parti communiste, répondait à l'annonce du pacte germano-soviétique, à son approbation par le bureau politique et par L'Humanité. Il ne s'agissait pas de réprimer une ligue mais de sanctionner une trahison.

Tout l'art du débat dans le régime actuel consiste à botter en touche. Au lendemain du crime terroriste de Conflans, nos politiciens se sont affolés à l'idée de ne pas réagir au diapason des médias. Ils ont donc multiplié les réactions les plus confuses et les bombements de torse les plus improbables. Les matamores, au sens littéral du terme, se sont dans la plupart des cas, montré tels qu'en eux-mêmes, experts en singeries.

Il convient donc de prendre avec des pincettes toutes les annonces, sachant qu'elles ne seront généralement pas suivies d'effet. La logique même de l'architecture présidentialiste du pouvoir impose au tenant du titre de raisonner d'abord en fonction de sa réélection. Et toute la courtisanerie qu'il entretient redouble d'empressement dans cette perspective. L'attachement des animaux domestiques à leur maître semble en comparaison plus digne, plus naturel et plus fiable.

Or, dans l'avalanche des yakas, et autres propositions vaines ou inapplicables, la dissolution au moins se distingue, non seulement par sa pertinence intrinsèque, sa facilité et sa clarté, mais aussi par toutes les possibilités juridiques, concrètes et intelligentes, qu'elle offre au suivi et au travail des services engagés dans la lutte contre la subversion.

Il faut la mener jusqu'au bout.

JG Malliarakis

https://www.insolent.fr/2020/10/larme-de-la-dissolution.html

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