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Michel Onfray Contre, tout contre la Nouvelle Droite ? (texte de 2015) 1/2

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L'article de Fabrice Valclérieux « Cher Michel Onfray, encore un effort », paru dans le numéro 154 d’Éléments, a suscité un flot de commentaires positifs, dont celui élogieux du principal intéressé. Il a aussi déclenché une pathétique campagne de dénigrement contre Michel Onfray, lancée par le Premier ministre Manuel Valls. Retour sur une tentative de diabolisation qui s'est soldée sur un retentissant échec.

« Les Papous vont hurler ! », avait prévenu Michel Onfray en conclusion de l'entretien qu'il a donné à Sébastien Le Fol, directeur adjoint du Point, venu l'interroger chez lui, à Chambois, dans l'Orne, où il vit « loin de la gauche mondaine, parisienne, celle de Saint-Germain ».

A posteriori, difficile de lui donner tort : depuis le 26 février dernier, date de la parution de sa charge contre « cette mafia qui se réclame de gauche », les Papous se sont déchaînés comme jamais contre lui. « Y aurait-il un malentendu, s'est interrogé avec malice le journaliste, même la revue de la Nouvelle Droite, Éléments, vous tresse des lauriers... ». La réponse du philosophe est un modèle de rectitude : « Je suis antilibéral, contre l'euro et l'Europe, pour les peuples, je défends un socialisme proudhonien, mutualiste et fédéraliste, je crois au génie du peuple tant que les médias de masse ne l'abrutissent pas pour le transformer en masse abêtie qui jouit de la servitude volontaire et descend dans la rue comme un seul homme au premier coup de sifflet médiatique, je ne crois pas que le marché doive faire la loi, je ne fais pas de l'argent l'horizon indépassable de toute éthique et de toute politique, je préfère les Girondins fédéralistes et provinciaux aux Jacobins centralisateurs et coupeurs de têtes, et avec ça je suis de gauche - si Éléments est d'accord avec ça, devrais-je cesser de croire ce que je crois ? ».

Panique à bord. Pour le psychanalyste Jacques-Alain Milner, Michel Onfray a déménagé : « Le voici maintenant réactionnaire post-1789, à l'unisson de la pensée contre-révolutionnaire la plus pure, la pensée originelle de la contre-révolution, la plus hostile aux Lumières. » En comparaison, affirme-t-il sans rire, « Zemmour, néo-bonapartiste, peut passer, pour un progressiste ». Tout en nuance, Monsieur le gendre de Lacan, déclame à son propos « "Entre ici, ami de mon cœur" », lui disent et Bonald, et Maistre, et Maurras, et Pétain. » Quand le temps des théologiens et des penseurs est révolu, vient celui des inquisiteurs et des exorcistes. Le diable est partout, abjurez-le.

Ils font comme les chiens qui ont peur : ils aboient !

Pourquoi attaquer Michel Onfray en pleine campagne électorale ? Ce n'est certes pas à propos des positions libertaires et socialistes proudhoniennes du philosophe, dont Manuel Valls ignore vraisemblablement l'essentiel, mais tout à voir avec l'aubaine d'une polémique afin de relancer sa campagne électorale en berne. La méthode est simple, il suffit de se rassembler autour d'un cri de ralliement commun à la gauche les « idées nauséabondes », les nouveaux « nouveaux fachos », l'« amicale brune ». C'est ainsi qu'il faut comprendre l'attaque préméditée, coordonnée et concomitante des hiérarques socialistes contre le philosophe normand. « Maintenant que le sol commence à s'ébranler sous eux, avait écrit, prémonitoire, Alain de Benoist, dans le dernier numéro d'Eléments, consacré au grand bouleversement des idées en cours, ils font comme les chiens qui ont peur ils aboient. Menacés de perdre leurs privilèges, craignant de se retrouver au stade du "sauve-qui-peut" ils surenchérissent dans l'intolérance et l'excommunication ».

L'offensive, menée sur plusieurs fronts et par vagues successives - ce qui nous en dit long sur la grande peur des socialistes et des petits cénacles germanopratins -, a démarré le dimanche 7 mars au matin, lors du grand rendez-vous matinal sur Europe 1 de Jean-Pierre Elkabbach. Pas de trêve de Dieu dans la presse. Quand on veut détruire une réputation, rien de mieux que le jour du Seigneur. C'est la grande force d'Elkabbach et de son émission dominicale : elle donne le ton pour les jours suivants. La chasse est alors ouverte et la meute journalistique a son gibier pour la semaine. Le Premier ministre ne l'ignore pas : il sonne l'hallali contre Michel Onfray. Entre deux vaines rodomontades sur la sécurité et le chômage, il déforme les propos du philosophe et dénonce : « Quand un philosophe connu, apprécié par beaucoup de Français [...] Michel Onfray, explique qu'Alain de Benoist, qui était le philosophe, l'intellectuel, de la Nouvelle droite dans les années 70 et 80, qui d'une certaine manière a façonné la matrice idéologique du Front national, avec le Club de l'Horloge, le GRECE [...], au fond vaut mieux que Bernard-Henri Lévy [...] ça veut dire qu'on perd les repères. » Le même jour, et avec les mêmes éléments de langage, Jean-Marie Le Guen, secrétaire d'État aux Relations avec le Parlement, explique peu ou prou la même chose dans Le Journal du dimanche : « Je suis effrayé quand je lis dans Le Point sous la plume de Michel Onfray que mieux vaut Alain de Benoist plutôt que Bernard-Henri Lévy. » Et cet intime de Dominique Strauss-Kahn de se lamenter publiquement à quelques jours des élections électorales : « Mais où va-t-on ? ». Un lamento identique avait été entonné par le chef du gouvernement, quelques jours plus tôt, lors d'un meeting dans la Haute-Vienne. « Où sont les intellectuels ? avait-il apostrophé en donnant son coup de menton caractéristique. Où sont les grandes consciences de ce pays, les hommes, les femmes de culture qui doivent monter, eux aussi, au créneau ? Où est la gauche ? ».

À suivre

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