Rarement un peuple fut aussi diffamé que les Vandales, puisque c'est à partir de leur nom que l'on a créé le « vandalisme » (terme popularisé en 1794 par l'abbé Grégoire). Originaires, non pas de Scandinavie comme on l'a cru longtemps sur la foi de Pline l'Ancien (Tacite les considérant quant à lui comme les descendants d'un fils du dieu Mannus), mais plus probablement des parages de l'île de Rügen, entre les cours inférieurs de l'Oder et de la Vistule, les Vandales sont au cours des « Grandes Invasions » ceux qui effectuèrent le plus long parcours. Vers 406, ce peuple celto-germanique passe le Rhin et pénètre en Gaule, puis en Espagne, où il va s'installer durant plusieurs années. Dès 429, cependant, les Vandales conduits par le roi Genséric traversent le détroit de Gibraltar et envahissent l'Afrique du Nord, où ils affrontent l'armée romaine. Finalement, ils s'établissent dans la région de Cartilage, dont ils s'emparent en 439. C'est là que naît l’État vandale, premier royaume germanique indépendant établi dans une province romaine, et qui ne va pas tarder à mettre en place une civilisation brillante. Ses possessions s'étendent alors de Tanger jusqu'en Tripolitaine. L'ultime coup de tonnerre sera la prise de Rome, en 455, prélude à la domination de la Sardaigne et de la Sicile. La chute du royaume vandale n'interviendra qu'au VIe siècle, suite à l'intervention d'une armée byzantine menée par le célèbre Bélisaire. L'ouvrage, centré sur les rapports avec l'empire romain, dit malheureusement peu de choses sur la culture des Vandales, dont la réputation de pillards et de destructeurs a été largement exagérée par les anciens chroniqueurs, en particulier les hommes d’Église, car ils s'étaient ralliés à l'arianisme. Yves Modéran est décédé en 2010, laissant ce livre inachevé, mais son collègue Michel-Yves Perrin s'est heureusement substitué à lui pour en mener à bien la publication.
Yves Modéran, Les Vandales et l'empire romain. Errance, 302 p., 35 €
A. B. éléments N°159