Ô surprise, le gouvernement découvre que les « emmerdes » volent en escadrilles. Il est vrai que la vie politique n’a jamais été un long fleuve tranquille et ne le sera jamais.
Néanmoins, il y a une grande différence entre des événements fortuits qui tracassent le politique, l’interpellent et l’alarment en survenant de manière inopinée et ceux qui s’inscrivent dans la logique de l’action gouvernementale et en sont les conséquences directes.
Regardons les faits en face :
– Emmanuel Macron est élu sans le soutien d’un réel mouvement politique, il l’emporte essentiellement en raison de l’affaire Fillon savamment manigancée, sans oublier les propres fautes et propres pièges de ce dernier.
– Les députés de la Macronie élus sont des députés « hologrammes » élus sur le seul nom du Président, et surtout sans corpus politique réel en dehors du fameux « en même temps », soit le paroxysme des contradictions érigées en système politique…
– Les projets slogans succèdent aux projets slogans, notamment la suppression de la taxe d’habitation qui prive les collectivités de leurs ressources et provoque les gilets jaunes par l’augmentation des taxes sur les carburants créées pour compenser, et la réforme des retraites à points : un chef-d’œuvre de technocratie qui étatise tous les régimes privés et provoque manifestation sur manifestation.
Pour faire face, le gouvernement utilise et réutilise les forces de l’ordre, police et gendarmerie, qui, samedi après samedi, font face à de multiples violences et accusations.
Les attentats terroristes, la pandémie du Covid-19 accroissent la tension sur les policiers et gendarmes qui ne supportent plus d’être vilipendés sur les réseaux et craignent pour leurs familles mises en danger.
C’est dans ces conditions que le gouvernement estime opportun de présenter un projet de loi pour interdire la diffusion des images des policiers prises lors du maintien de l’ordre, projet jugé par les journalistes, des avocats et professeurs comme une atteinte inadmissible à la liberté d’informer.
On ne peut nier qu’il y a nécessité de protéger les hommes et les femmes des force de l’ordre ; il reste à savoir comment.
C’est dans ce contexte très simplifié, en oubliant les bons mots et le sempiternel pathos du Président, que surviennent des épisodes non prévus : des policiers passent à tabac un compositeur noir ; 24 heures après, c’est un CRS qui est également passé à tabac par des Black Blocs.
Tout part alors en vrille médiatique, la crise politique éclate, le préfet de police sera-t-il le fusible ou est-ce le ministre de l’Intérieur lui-même qui doit partir pour sauver la Macronie ?
La réalité est beaucoup plus grave, la crise est plus profonde, elle a pour racines le Président lui-même, dont l’absence de vision politique construite à partir des réalités nationales est totale ! Sa majorité « hologramme » se fracture, car sans cohésion politique réelle. Elle perd jour après jour des députés.
Le roi est nu, sans prise politique sur la nation. Sans cohérence d’action, le roi Jupiter se « hollandise » à grands pas !
Il ne peut alors gouverner que par le diktat technocratique, il ne peut se protéger que par les forces de l’ordre, seul et dernier rempart des institutions.
Et, cerise sur le gâteau, le Conseil d’État censure une mesure, prise par décret, qui restreignait la liberté du culte, malmenée par une interdiction non proportionnelle : une gifle sans appel pour ce gouvernement prisonnier de son idéologie technocratique !
Aucun gouvernement ne peut perdurer dans ces conditions, la crise politique évolue vers une crise de régime.