Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Les droits de l'homme contre la famille

La Révolution, coupeuse de têtes - et au premier chef, si l'on peut dire, celle du roi ! - avait pour cible l'autorité paternelle et les inégalités fécondes. Elle a voulu créer une société d'individus. Nous arrivons au terme du processus.

Le droit français post-révolutionnaire a continué sur la lancée de 1789 Certes la Terreur était passée, on retrouvait la paix et une forme d'ordre social mais le code Napoléon, pour remarquable qu'il soit de précision et de concision, est resté dans cette logique de refus d'une société organique, construite sur la fondation stable des cellules familiales et de corps intermédiaires qui contiennent le pouvoir étatique dans de justes limites.

On connaît le mot de Renan la République ne connaît que le citoyen, « cet être abstrait né orphelin, resté célibataire et mort sans enfant ». C'est cela qui est inscrit dans la Déclaration de 1789 totalitaire dès l'origine malgré l’affirmation de nombre de droits justes : « Le principe de toute Souveraineté réside essentiellement dans la Nation. Nul corps, nul individu ne peut exercer d'autorité qui n'en émane expressément », dit son article 3. On n'y trouve ni père, ni mère, ni famille. La « Société » qu'elle construit est tout aussi abstraite que les individus qui la composent, et c'est elle, avec un grand « S », qui forme un bloc monolithique sans briques, sans « cellules de base », et surtout sans pierre d'angle. « Pour mieux t'écraser ma petite… »

En posant la Nation comme origine et mesure de toute autorité, l'État capte tout. Le droit des parents, les lois morales, l'éducation, les croyances religieuses : s'ils existent c'est par concession et l'individu ne saurait s'en prévaloir. « Non à une loi morale qui primerait sur la loi civile », disait Chirac dans une formule révélatrice et fondamentale pour comprendre pourquoi nous sommes en dissociété. Pourquoi l'État se veut premier éducateur et enseigner la morale - laïque - à nos enfants.

Le code civil de Napoléon ne contredit cela qu en apparence. Certes, il parle de la famille, des successions, des héritages, de l'autorité paternelle, des devoirs réciproques des ascendants et des descendants. Et du divorce. Mais la formule de Renan lui est applicable. Ce droit contractualise les relations humaines, méprise le lien conjugal pour privilégier et régenter la transmission patrimoniale, il dépouille le père et la mère de leur autorité pour l'organiser à son gré, et la leur rendre sous conditions. L'entreprise d'atomisation n'a fait que se développer au fil du temps, avec quelques retours en arrière ou des temps d'arrêt - il a bien fallu rétablir le droit d'association, ou créer des syndicats. La Déclaration universelle des droits de l'homme, adoptée en 1948 par les Nations unies dans la tradition américaine et anglo-saxonne, a rétabli la notion de famille dans son premier article, en parlant de « famille humaine » et en affirmant les droits fondamentaux de la famille face à l'État protection face aux « immixtions arbitraires », « droit de se marier et de fonder une famille », droit à une rémunération qui tienne compte de la réalité familiale. La famille y est reconnue en tant qu’ « élément naturel et fondamental de la société » qui « a droit à la protection de la société et de l'État ». L’article 26 affirme que « les parents ont, par priorité, le droit de choisir le genre d'éducation à donner à leurs enfants ».

Il suffit cependant de regarder le monde qui nous entoure pour constater que ces quelques perles dans une Déclaration par nature utopique - les « droits à » ont si peu de poids face au réel ! - pour constater que ces sages dispositions servent, en Occident et surtout en France, à s'asseoir dessus.

Jeanne Smits monde&vie 9 octobre 2015 n°914

Les commentaires sont fermés.