Quand le roi Louis XVI se faisait vacciner, ainsi que ses frères, futurs Louis XVIII et Charles X...
A chaque siècle, ses anti et pro-vaccins. Alors qu'il est très probable que nous soyons de nouveau reconfinés après les fêtes, certains pays comme l'Italie, le Royaume-Uni, l'Italie, la Suède, l'Autriche, l'Allemagne (et ce matin la fermeture des frontières aériennes aux Pays-Bas), ayant déjà pris des décisions en ce sens, les français se déchirent sur ce fameux vaccin qui est censé mettre fin à la pandémie de Covid-19.
Qui, quoique l'on dise ou que l'on fasse, va finir par devenir obligatoire par nécessité de santé publique (ne ce fusse pour se déplacer). Tous ces échanges, parfois virulents sur les réseaux sociaux qui ont fait sortir de leurs grottes les apocalyptiques du moment, fous de Dieu et une multitude de spécialistes autoproclamés du coronavirus, me renvoient à ce qui s'est passé avec la variole sous le règne de Louis XVI.
Au XVIIIème siècle, cette maladie fait des ravages, touche toutes les classes sociales sans distinction. C'est de Chine que va venir la solution et traverser l'Europe via Constantinople où vit Lady Mary Wortley Montagu, l’épouse de l’ambassadeur britannique qui réussit à guérir les premiers malades. Les médecins vont se déchirer sur la méthode employée d'inoculation (non ce n'est pas un gros mot et encore moins une nouvelle pratique sexuelle) et chacun y va de son laïus sur la question. La Faculté de médecine en France émet de fortes réserves, on hurle à la diablerie (on dit qu'elle " va contre la volonté du Très Haut") et au complot contre la monarchie.
Féru de sciences, Louis XVI, loin d'être le benêt que l'on se plait à nous décrire, commande des rapports sur ce fameux vaccin miracle qui a emporté son grand-père et prend une décision révolutionnaire, celle de se faire inoculer le remède au grand dam de ses médecins qui craignent que le monarque passe ad patres. Pire ses deux frères, les futurs Louis XVIII et Charles X lui emboitent le pas. La France retient son souffle et on se demande bien ce qui va pousser sur le corps des Bourbons après ce vaccin. Le communiqué qui est placardé sur toutes les villes de France et de Navarre sera assez explicite sur les motivations du descendant d'Henri IV : "La Famille royale persuadée enfin par l’évidence des faits les plus authentiques et les plus multipliés, qu’il n’existait qu’un moyen de se mettre désormais en sûreté contre les malheurs qui la menaçaient encore de toute part, prit tout à coup, seule et sans impulsion étrangère, le parti courageux de recourir à l’inoculation ". L'aristocratie retient son souffle et on susurre même qu'il serait tout de même bon " de ne pas mélanger le sang des nobles et celui du peuple". Sait on jamais. Tout est une question d'époque et de contexte.
A là surprise générale, le roi survit sans dommages collatéraux et inspire une nouvelle mode à Versailles. Il est bon ton de se faire vacciner afin de goûter le léger frisson de l'aiguille qui fera trémousser ces messieurs sous leurs perruques et pâmer ses dames dans leurs robes à panier. Le journal "Mercure" se fend de louanges et invite la France a suivre l'exemple royal, écrivant ce qui suit : "Heureusement les Médecins n’auront plus à lutter contre les préjugés ; les mères de famille ne s’opposeront plus aux avantages que leurs enfants retireront de l’inoculation, et la fausse prudence ne se glorifiera plus de mettre des entraves à l’amour du bien public ". Dont acte. La monarchie aura quand même quelques peines à convaincre les campagnes de suivre le mouvement qui se voudra plus massif dans les grandes villes. Et le covid..., pardon, la variole de disparaître progressivement au cours des siècles, une maladie qui va finir par être oubliée de notre subconscient.
Quelle conclusion tirer de cette histoire au final qui n'est pas sans rappeler ce que nous subissons actuellement et dont nous ferions bien de nous inspirer si chacun d'entre nous souhaite retrouver son travail pour lequel il a été mis (malgré lui) au chômage partiel, ses parties fines arrosées du samedi soir et cesser de geindre sur le soi-disant "liberticide fascisant" dont il est l 'innocente victime ? C'est Catriona Seth, professeur à l'Université de Nancy qui nous la livre, sans ambages, dans un article qu'elle a consacré à ce sujet historique : "Triomphe de l’individualité qui a d’abord été accusée de mettre en danger la communauté en créant le risque d’une contagion artificielle, l’inoculation est devenue l’un des éléments déterminants du passage de la charité personnelle à la bienfaisance organisée. Elle a été le lieu d’une double prise de conscience parallèle, celle de l’importance, pour chacun, de la santé du corps social, celle de la contribution de tout individu à la force commune de la société."
Partant de cette magistrale leçon que nous impose l'Histoire, je ne peux m'empêcher de penser à ces grands noms de la médecine, tel que Pasteur pour ne citer que lui, qui ont contribué par leurs découvertes à faire disparaître des maladies graves grâce à leurs vaccins et qui font que nous pouvons aujourd'hui nous promener tranquillement sans craindre les assauts de de nos voisins, les "méchants pas beaux" microbes. Toute vérité n'est pas bonne à dire mais ceci donnera de quoi réfléchir ou disserter à ceux qui auront eu le courage de tout lire et le culot de partager ce post. A Bon entendeur