Vous vous souvenez de la polémique suscitée, en septembre 2019, par une affiche de la FCPE représentant une mère voilée, avec cette légende provocatrice : « Oui, je vais en sortie scolaire, et alors ? » L’association de parents d’élèves avait assumé son affiche, se défendant de tout clientélisme. L’un des dirigeants de la FCPE, croyant se justifier, avait assuré que ladite affiche « faisait partie d’un lot dans le cadre du matériel électoral en vue des élections », ajoutant qu’il appartenait aux sections « de choisir ensuite les affiches à diffuser en fonction des réalités de terrain ». Paradoxalement, il cautionnait ainsi l’accusation d’une dérive communautariste.
Il arrive que des parents, adhérents de cette association qu’ils croyaient destinée à « propager et défendre l’idéal laïque », prennent conscience qu’ils ont été abusés. Comme le rapporte Le Figaro, l’Union locale Paris 9 demande, dans un communiqué, la réunion d’un congrès national afin d’y tenir « un large débat autour des valeurs fondamentales » de la fédération. Et la FCPE parisienne de s’indigner « d’une campagne indigne sur les réseaux sociaux, relayée par une certaine presse qui se plaît à interpréter nos débats internes comme des signes de faiblesse de la principale fédération de parents d’élèves ».
Loin de nous l’idée d’intervenir dans le fonctionnement de cette association, fondée en 1947, qui est devenue la première fédération de parents d’élèves et bénéficie, sous tous les gouvernements, d’importantes subventions publiques. Mais force est de constater que l’idéal laïque, qui l’animait à l’origine, s’est quelque peu dévoyé. Elle connaît les débats qui divisent actuellement la gauche. Comme La France insoumise, bien en peine de rejeter le soupçon d’islamo-gauchisme qui pèse sur une partie de ses membres.
Les causes de cette dérive ? Les orientations d’une association dépendent de ses principes, mais aussi des intentions politiques de ses dirigeants, qui ne sont pas toujours sans arrière-pensées. Il appartient à ses adhérents, en l’occurrence aux parents d’élèves, de contester la direction, de la contraindre à changer de cap, voire de la remplacer. À condition, bien sûr, que le processus démocratique ne soit pas verrouillé. Il est plus difficile de s’opposer à l’entrisme de groupes militants et religieux, qui travaillent plus au succès de leur propre cause qu’aux intérêts légitimes des adhérents.
En outre, au-delà des idéologies, une association qui se revendique de gauche – c’est vrai pour toute organisation politiquement marquée – peut difficilement échapper à la tentation de l’électoralisme. Les subventions accordées par l’État, le détachement éventuel de permanents, l’attention du gouvernement dépendent, en partie, des résultats aux élections. Tout devient bon pour attirer la clientèle, accroître sa représentativité, qu’on utilise ensuite à des fins politiques sans demander l’avis de la base.
La FCPE en est un exemple parmi d’autres, comme l’UNEF, longtemps un vivier du Parti socialiste, où l’on faisait ses armes. Aujourd’hui, l’influence communautariste, indigéniste ou autre, la stratégie de la convergences des luttes, le besoin de conserver sa place sur l’échiquier syndical, fût-ce en vendant son âme, l’ont conduite aux dérives qui ont émaillé l’actualité. Rappelez-vous cette vice-présidente se présentant à une audition de l’Assemblée nationale avec un voile.
Pour lutter contre ces dérives, l’État devrait commencer par supprimer ses subventions aux organisations qui s’accointent avec le communautarisme. Tâche ardue, qui suppose une volonté de fer : ce n’est pas le fort de Macron !