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Emmanuelle Ménard, la seule à avoir compris la menace séparatiste

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Le nouveau projet de loi contre le séparatisme, ou pour les principes républicains (c’est un peu comme on veut, il paraît), n’en finit pas de diviser. Ce samedi 23 janvier, c’est la députée  qui a, selon plusieurs sources bien informées et selon la formule consacrée, provoqué un tollé. Qu’a-t-elle proposé, pour cela ? Rien de moins que de modifier l’article premier de la loi de 1905 en le remplaçant par les mots suivants : « L’État français, fort de son héritage chrétien, assure la liberté de culte et la liberté de conscience. »

Alors là, je dois dire qu’en termes d’heures sombres, on retrouve quasiment le quinté dans l’ordre.

1) Modifier la loi de 1905, loi écrite dans les loges maçonniques : crime de lèse-majesté ;

2) Remplacer l’expression « la République » et son fameux cortège de valeurs, toutes plus humanistes et généreuses les unes que les autres ;

3) Utiliser l’expression « État français », qui, pour les plus obtus des députés En Marche ! (pléonasme ?), fait forcément référence à Vichy, et Vichy au nazisme, etc. ;

4) Utiliser l’expression « héritage chrétien » en parlant de la France : généralement, pour faire passer la pilule, on dit « judéo-chrétien », déjà. Ensuite, dans le système mental de la République, on ne parle jamais de cathédrales, de calvaires, de toponymes, de fêtes ancestrales : on attend que ça tombe en désuétude, dans la France des ronds-points et des centres commerciaux qui, elle, n’a aucun héritage à défendre ;

5) Établir un lien de causalité entre le substrat chrétien et la liberté de conscience : oulala, décidément, Emmanuelle est courageuse. Pourtant, le christianisme, ce sont les croisades, l’Inquisition, les tortures, les bûchers, l’obscurantisme, la saleté, l’ignorance et la laideur du Moyen Âge ; c’est la servitude, l’esclavage, l’hypocrisie, le malheur. Tout le monde sait ça, et si vous ne le savez pas, relisez n’importe quel manuel de l’Éducation nationale. Difficile, aujourd’hui, donc, de réaffirmer que les pays chrétiens ont été – de bien loin – les plus tolérants envers les autres religions. C’est pourtant vrai.

Mme Ménard a sans doute compris que le débat n’était pas limité aux deux pôles également repoussants que l’on nous présente dans ce combat métaphysique : il n’y a pas de choix à faire entre l’ et les héritiers de la Révolution, entre les valeurs de la charia et celles de la République laïque. Ce n’est pas la violence barbare ou la faiblesse coupable ; ce n’est pas l’inculture obscurantiste ou le bourrage de crâne progressiste ; ce n’est pas la burqa ou l’avortement, les prières de rue ou les manifestations antifas, les bandes de lâches agressifs ou les troupeaux de pleutres masqués. Nous, Français, héritiers de deux millénaires de civilisation, ne sommes pas obligés de choisir. Elle est sans doute la seule à avoir compris qu’opposer « la République » à l’ politique, c’était perdre avec certitude.

Et maintenant, deux mots sur la forme, pour finir. L’État français n’est pas un régime en particulier. L’héritage chrétien de la France est indéniable. Qu’y avait-il donc de faux, dans le projet de Mme Ménard ? Rien. C’était apparemment déjà bien assez.

 
Arnaud Florac

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