Que personne n’oublie ce visage…
Erwan était réunionnais. Une gueule de gamin franche et claire. Militaire dans une caserne à Bordeaux, il a été poignardé à mort en s’interposant dans une bagarre. Originaire de la ville de Saint-André, sa mère a réagi auprès de nos confrères locaux : « Il a donné sa vie pour son ami, il est passé devant. Il a dit calmez-vous, il ne pensait pas qu’il aurait reçu tout de suite un coup de couteau comme ça. »
Erwan a donc donné sa vie pour en sauver une autre, il a obéi à son devoir de soldat pendant une permission alors même qu’il n’était pas en service. La grande muette est endeuillée et tout le pays devrait l’être. En France, pays qui a vu les homicides exploser de 90 % en vingt ans, on meurt au coin d’une rue pour une broutille. On meurt parce que certains se promènent avec des couteaux, ont l’intention de s’en servir et, surtout, se croient impunissables. C’est ce sentiment d’insécurité, pour reprendre les termes de notre garde des Sceaux, qui tue, viole, agresse et mutile.
C’est, d’ailleurs, dans cette ville d’Angers que le député Matthieu Orphelin a manifesté pour la PMA et contre les « néonazis ». La France, pays dont les priorités confinent à l’absurde et où les élus débattent du sexe des anges entre deux coups de couteau. Combien faudra-t-il d’Erwan pour que cela change ?
Marc Eynaud