La France était naguère encore un Etat-nation solide. La rencontre de deux titres d’ouvrages consacrés au macronisme nous invite à revoir ce jugement. Dans “Liquidation”, plongeant dans le passé pour mieux décrire notre avenir, l’universitaire Frédéric Rouvillois dévoile le sens caché du macronisme : sa volonté de liquider les réalités anciennes afin de leur substituer, sur tous les plans, un « nouveau monde » fluide, ouvert, sans identités ni barrières, afin que rien ne vienne gêner le mouvement perpétuel des individus et des biens qu’exige la mondialisation. Le député Olivier Marleix, quant à lui, a été l’un des premiers à dénoncer le comportement de l’oligarchie technocratique d’origine socialiste, au moment de la vente d’Alstom. Il a alors découvert celui qui deviendrait un des plus grands liquidateurs du pays : Emmanuel Macron, alors ministre de l’Économie. Depuis 2017, le “chef de l’Etat” poursuit son projet : ouvrir les portes de la France aux capitaux et gouvernances étrangers, à une mondialisation déloyale.
On a le choix : liquidation comme pour une entreprise, liquéfaction comme lorsqu’un solide, un bloc devient liquide, et évidemment, liquider comme lorsqu’on réduit un être vivant à l’état de cadavre. En fait, les trois sens correspondent à ce que notre pays subit de la part d’une prétendue élite pour laquelle le mot “national” ne peut-être qu’une qualification ringarde, “moisie”, voire un synonyme de “fasciste”. Une nation n’est pas un territoire, à moins d’être une île habitée par un peuple homogène. Une nation est une communauté humaine fondée sur une identité culturelle et historique, souvent une langue, une religion, un roman national, c’est-à-dire l’histoire d’un passé volontairement glorifié, et le sentiment d’un destin commun. Les frontières peuvent bouger. Si les éléments constitutifs d’un peuple demeurent, la nation subsistera aussi. La Pologne ou l’Allemagne ont survécu à leur glissement sur la carte. Parfois, tous les éléments ne sont pas réunis, mais l’un d’eux est assez fort pour pallier l’absence des autres. Ainsi de la Suisse dont l’art de vivre, le goût de l’indépendance et la démocratie ont constitué une surprenante identité malgré une apparente diversité. La France a, comme on dit, tout pour elle : une histoire, celle du plus vieil Etat-Nation d’Europe, plus de mille ans de vie commune, de guerres et de conquêtes, de résistances à l’envahisseur, de construction d’un Etat par trop centralisé, dirigé à partir d’une capitale écrasante ; une culture et une langue d’une richesse prodigieuse, des trésors d’architecture et de littérature, des oeuvres picturales ou musicales cultivant l’originalité, des travaux scientifiques à la pointe de l’humanité ; et même, une géographie d’une grande constance grâce aux montagnes du sud et de l’est, et malgré la fragilité du nord exposé aux invasions avec Paris à leur portée.
Malgré ces atouts évidents, malgré cette continuité exceptionnelle, la France est aujourd’hui menacée dans son existence. Son affaiblissement économique la rend dépendante de l’Europe et donc de l’Allemagne. Son évolution démographique laisse entrevoir un remplacement de population, une substitution de peuple. Son rayonnement culturel s’étiole avec la régression du français, avec le tarissement de sa créativité artistique et scientifique. Quelle est la cause de ce suicide lent et inexorable ? La trahison des élites ! La France produit depuis les lendemains des guerres mondiales et plus encore depuis les années 1970 une caste de détenteurs de pouvoirs, politiques, économiques, culturels qui ne l’aiment pas. La France avait une vocation universelle, entendait servir l’humanité. Peu à peu, il s’est agi de servir l’altérité, puis de déconstruire l’identité, puis de se servir du pays pour satisfaire des ambitions sans limite. Faut-il rappeler que le Bien Commun dont les politiques ont la charge, c’est celui de la communauté nationale, qui correspond aux limites de la souveraineté qui leur permet d’agir ? Des carrières personnelles outrepassent ces limites, dans le privé des grandes entreprises, ou dans le public des organisations internationales, et créent une confusion détestable. L’avenir de la France devient angoissant si l’on prend conscience de la sécession du peuple qui demeure enraciné et de l’oligarchie qui vit ailleurs. Trop de politiciens français voient dans un monde sans frontières leur avenir personnel, sans regard pour l’invasion migratoire que produit ce monde, et qui ne les touchera guère. Trop de responsables économiques agissent sur le vaste échiquier du marché mondial sans le moindre intérêt pour le sort de leurs compatriotes. Trop d’intellectuels français jouent avec les idées sans tenir compte de leurs conséquences dans la réalité. Lorsqu’un politicien favorise l’immigration par humanisme ou par intérêt économique, lorsqu’un dirigeant d’entreprise privilégie une fusion ou une cession désavantageuses pour le pays, lorsqu’un intellectuel développe une idée qui détruira un peu plus le tissu social de notre nation, il s’agit d’une trahison. Il faut aujourd’hui lancer un appel à la responsabilité des élites, ou à l’urgence de leur remplacement !
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