(photo (Kyro) : statue du chevalier Bayard à Grenoble) |
"Sans peur et sans reproche..."
Le 30 avril 1524 une balle d'escopette (petite arquebuse) aveugle et sans vie fauche dans le dos le courage et l'honneur de la chevalerie incarnés par le chevalier Pierre Terrail, seigneur de Bayard, héros invaincu et reconnu "Sans peur et sans reproche", par ses pairs et jusqu'au roi François 1er lui même, qui au soir de la victoire de Marignan voudra entrer en chevalerie, adoubé des mains de ce preu.
Le connétable de Bourbon, rallié à Charles Quint contre son roi de France, apprenant l'agonie du chevalier vint à son chevet lui disant :
— « Ah ! Monsieur de Bayard, que j’ai grand-pitié de vous voir en cet état, vous qui fûtes si vertueux chevalier ! »
— « Monsieur, » répondit le mourant, « il n’est besoin de pitié pour moi, car je meurs en homme de bien ; mais j’ai pitié de vous, car vous servez contre votre prince et votre patrie ! »
Ce parangon de l'Honneur médiéval était entré vivant dans la légende à 28 ans, lors de la troisième guerre d'Italie, quand en 1504, il avait défendu tout seul "comme un diable", le passage d'un pont enjambant le Gargliano jusqu'à l'intervention tardive de l'artillerie française. Il gagna ce jour là l'emblème du hérisson et sa devise "Vires agminis unus habet" ("on a la force d'une armée"). Sa mort qui symbolise le déclin de la chevalerie devant l'armement moderne fut pleurée par son armée autant que ses ennemis, car le chevalier incarnait autant la bravoure que la probité, s'opposant aux pillages et protégeant les faibles.
La veine héroïque quant à elle continuera a offrir au monde des exemples vertueux de courage et de fidélité, comme par exemple, cet autre 30 avril, 339 ans plus tard où dans une hacienda du Mexique, une poignée de légionnaires perpétuent à leur tour cette conception médiévale de l'Honneur en "faisant Camerone" !
Erwan Castel, Cayenne le 30 avril 2014