Ce jeudi tous les médias titraient à peu près à l’identique : « Biden dit penser que Poutine est un tueur » (Le Figaro), « Biden pense que Poutine est un tueur » (L’Express), « Pour Joe Biden, Poutine est un “tueur” et en paiera le “prix” » (Le Point), « Joe Biden accuse Vladimir Poutine d’être un tueur » (20 Minutes), etc. Sommes-nous à la veille d’une troisième guerre mondiale ?
Quand Donald Trump s’en était pris à Kim Jong-un, en 2017, les Occidentaux avaient levé les bras au ciel : « Une nouvelle guerre mondiale ? Il ne manquait plus que cela ! Trump va tout nous faire, la catastrophe est imminente. »
Pourtant le président américain avait quelques raisons de taper du poing sur la table. Un étudiant américain, Otto Warmbier, avait été détenu pendant 18 mois en Corée du Nord. Il avait été renvoyé aux Etats-Unis alors qu’il était dans le coma, et il était mort peu après. Et il y avait le nucléaire.
L’actuelle tension entre les Etats-Unis et la Russie semble être une conséquence de l’emprisonnement de Navalny après son retour en Russie, ce même Navalny ayant fait l’objet d’une tentative d’empoisonnement attribuée à une officine moscovite. Joe Biden évoque également une ingérence dans les élections américaines, sans donner de détails
Les propos du président Biden ont été d’une incroyable violence, traitant de tueur le président russe, et le menaçant d’un mauvais sort.
Joe Biden a-t-il eu des propos aussi extrêmes à l’égard de quelque autre chef d’Etat ayant récemment franchi la ligne jaune ? La junte birmane, qui tire sur les manifestants ? La Chine communiste, accusée de crimes contre l’humanité ? Xi-Jinping a-t-il été traité de tueur ? Tout ceci est assez surprenant.
Des informations secrètes
Poutine n’est pas un saint. Un ancien dirigeant du KGB peut difficilement passer pour un saint. Mais, dans l’histoire des relations entre les Etats-Unis et l’URSS, ou la Russie aujourd’hui, jamais des incidents limités n’ont conduit un chef d’Etat américain à des propos aussi extrêmes. A moins que Biden possède des informations secrètes.
Le président démocrate a poursuivi son exposé : « … si j’en viens à la conclusion que vous avez fait cela, soyez prêt. » Mais Biden n’a pas expliqué ce que ce mot « cela » recouvrait, ni à quoi Poutine devait être « prêt ». D’autant que la formule de Biden est curieuse : cela sous-entend qu’il n’a pas la certitude que la Russie soit responsable de « cela », mais il attaque, et en outre personne ne sait ce que « cela » recouvre, dans l’esprit de Biden.
Du côté russe, la riposte verbale ne s’est pas fait attendre : « C’est de l’hystérie due à l’impuissance. Poutine est notre président et une attaque contre lui, c’est une attaque contre notre pays », a par exemple réagi Viatcheslav Volodine, président de la Chambre basse du Parlement. « Biden a insulté les citoyens de notre pays », a-t-il ajouté.
On croyait que Biden avait gagné, non en raison d’un bourrage d’urnes, mais parce que les Américains voulaient un climat apaisé, et une diplomatie moins conflictuelle… Ça n’en prend pas vraiment le chemin.