Certaines circonstances suscitent certaines vocations. Durant l’année 2020, nombre de commentateurs se sont découvert une compétence innée pour la médecine – les maladies infectieuses en particulier. À les écouter, ces virologues en herbe seraient tombés tôt dans la marmite de la virologie ; en temps de Covid, tous toubibs et moi et moi aussi. D’autres conjonctures suscitant d’autres savoir-faire tout aussi inédits, l’exemple par Karim Zeribi et la psychiatrie.
Le prolixe consultant CNews Karim Zeribi commentait le dernier épisode d’instabilité dévote, celle commise par Ndiaga Dieye, né en France il y a 39 ans. Dieye, français donc comme vouzémoi, inscrit au registre des radicalisés à la sauce déséquilibrée sous-chapitre schizophrénie, a attaqué, à Nantes, une policière puis séquestré une habitante avant que ce petit ange parti trop tôt ne soit abattu. S’agissant de ces faits divers hebdomadaires commis par des représentants de la diversité importée, les débats souvent enflammés sont difficiles à équilibrer. Sur le plateau, Gabrielle Cluzel osait commettre le délit de lèse-padamalgame : ce nauséabond rapprochement entre immigration, islamisme, délinquance et terrorisme.
Et là, après la fameuse homélie du père Attali face à Éric Zemmour, on eut droit au prêche de Karim Zeribi. « Ceux qui nous disent qu’ils auraient largement préféré qu’on se trouve avec un assaillant sans papiers ou étranger pour revenir sur ces poncifs qui fait le fonds de commerce de certains partis politiques, à savoir s’il y a plus d’étrangers, notre problème est réglé, et que nous Français, on n’a pas de délinquants, pas de terroristes on est les champions du monde. »
Puis de poursuivre : « au-delà des débats et des bisbilles sur l’assimilation et machin, oui mais-il-est-français-mais-pas-vraiment […]. Il est français, ne vous en déplaise, à partir de quand on est français ? […] Vous avez cette obsession, et peut-être qu’à vos yeux je ne suis pas suffisamment français. » Toujours étonnant, cette schizophrénie du deux poids deux mesures : quand il s’agit d’imposer une repentance au méchant colonisateur français, on peut remonter sur plusieurs générations, étonnamment jamais quand il s’agit d’immigration qui s’est mal passée.
Vint enfin le temps du sermon d’Hippocrate, celui du diagnostic psychiatrique punitif posé à l’encontre de la dissidente Cluzel. « Vous êtes dans un délire total, un fantasme et même une obsession […] Quand on est français, on ne renvoie pas les uns et les autres en fonction de leurs origines, sinon on va décréter que vous accordiez un diplôme de francité, de bon Français ou pas à Pierre, Paul, Jacques, Mohamed, David ou Mamadou. »
Karim Zeribi, qui accusait Éric Zemmour « de vouloir la fragmentation de notre pays », nous avait déjà gratifié par le passé de tels diagnostics, notamment chez Hanouna, en qualifiant d’hystérique le traitement des questions d’immigration : « Quand on dit immigration, islam, musulman, on devient fou, on est dans une forme de passion irrationnelle et on n’arrive plus à poser le débat avec lucidité et responsabilité. »
Faute d’arguments face au réel, celui qui veut tuer son chien l’accuse de la rage, discréditer son contradicteur, de délire psychiatrique. Nul doute, on a la fibre psy ou on ne l’a pas, et nous espérons qu’au prochain attentat commis aux cris d’Allah Akbar par un radicalisé au psychisme fragile, Karim Zeribi, en sus de ses compétences en psychiatrie, s’en découvrira une supplémentaire, dans le domaine de l’ophtalmologie celle-ci, car il n’y a pas pire aveugle que celui qui ne veut pas voir.