Un sondage IFOP commandé par le think tank conservateur Cercle Audace l’affirme, en tout cas. Réalisé en mars 2021 mais publié cette semaine suite à une fuite, celui-ci met en exergue la très forte notoriété dont jouit l’ancienne députée du Front national Marion Maréchal. Retirée de la vie politique depuis 2017, l’ex-élue de Vaucluse consacre désormais son temps à faire vivre l’ISSEP, l’école supérieure qu’elle a créée.
Que dit le sondage ?
Il démontre, d’abord, que la nièce de Marine Le Pen n’a pas quitté l’esprit des Français puisque le sondage en question la crédite d’une notoriété supérieure à 90 % ; de quoi faire pâlir d’envie bien des personnalités politiques. On remarquera, aussi, que l’électorat potentiel de Marion Maréchal est tout autant rural qu’urbain avec, respectivement, 94 % de notoriété chez les premiers et 89 % chez les seconds. Sa popularité non plus n’est pas en reste : avec 41 % d’opinions positives sur l’ensemble de la population française, Marion fait mieux que sa tante Marine Le Pen, dont la cote de popularité stagne à 30 %. Là encore, les données du sondage IFOP témoignent d’une répartition assez proche entre les professions supérieures et les classes populaires (respectivement 34 et 51 %) ainsi qu’entre l’agglomération parisienne et la province (respectivement 30 et 43 %).
Plus étonnant encore, la directrice de l’ISSEP semble séduire une part non négligeable de l’électorat de gauche, notamment celui de Jean-Luc Mélenchon et de son parti La France insoumise. En effet, 32 % des électeurs insoumis sondés ont répondu « Bonne » à la question « Avez-vous une bonne opinion ou une mauvaise opinion de Marion Maréchal ? »
« Ce sondage met en lumière la capacité qu’a Marion Maréchal à fédérer un électorat populaire, depuis longtemps acquis au Rassemblement national, avec un électorat plus urbain et intellectualisé », explique, enthousiaste, Édouard Husson. L’intellectuel, proche du Cercle Audace mais aussi intervenant à l’ISSEP, proche également de Marion Maréchal, affirme que cette donnée est justement ce qui fait défaut à cette droite « hors les murs ».
Néanmoins, barricadée derrière sa volonté de ne pas franchir le pas, Marion Maréchal reste cantonnée à un rôle d’observateur métapolitique. Un retrait qui a, de fait, créé un espace pour Éric Zemmour. S’il n’est toujours pas officiellement candidat – il se murmure, dans son entourage, que ce n’est qu’une question de temps -, on peut toutefois considérer à première vue que ce sondage fragilise sa candidature ; Zemmour plafonne en effet à 18 % d’intentions de vote, 10 points de moins que Marion Maréchal. Or, pour son entourage, il « démontre au contraire qu’il existe une vraie demande de la part de cet électorat de droite ». Des propos que semble approuver François de Voyer, le directeur du Cercle Audace, lui aussi proche ami de Marion Maréchal : « Je ne pense pas que ce sondage fragilise Zemmour, au contraire, il démontre bien qu’il existe une attente politique vis-à-vis de cette droite “hors les murs” qui se situe aux confins des LR et du RN. L’entourage d’Éric Zemmour ou de Marine Le Pen devrait accueillir favorablement ce genre d’études : cela montre la vitalité des idées de droite. »
Ce sondage a toutefois de quoi inquiéter l’entourage de Marine Le Pen à la recherche de sérénité après la déconvenue des élections régionales et départementales et un congrès catalan aux allures de thérapie d’auto-rassurement. Un constat que partage Voyer : « Ce sondage démontre en tout cas que Marine Le Pen n’est pas la seule et unique alternative à Emmanuel Macron. Beaucoup d’électeurs partagent le constat du RN mais il existe un frein important pour une certaine frange « gaulliste » qui ne se résout pas à voter pour ce parti. Marion Maréchal et les idées qu’elle défend devraient davantage être une source d’inspiration pour les cadres du front : qu’ils s’implantent plutôt que de couper des têtes ». Ambiance…