Le cabinet de conseil McKinsey, condamné à 573 millions de dollars pour son rôle dans la crise des opioïdes, a été l’un des piliers de la création du parti En Marche! en 2016, d’après Le Monde
Entre le tout-puissant cabinet américain McKinsey et Emmanuel Macron, c’est une longue histoire.
En effet, ces dernières semaines, une vive polémique a secoué la France après la révélation dans la presse que l’Etat a sollicité le soutien de McKinsey (récemment condamné à 573 millions de dollars pour fraude) pour conseiller l’Exécutif dans la gestion de la campagne de vaccination. L’Etat français ne dément pas, mais refuse de communiquer sur la rémunération du cabinet américain dont le tarif des prestations est extrêmement élevé.
Apparemment, ce n’est pas la première fois que McKinsey est sollicité par Macron. D’ailleurs, d’après une révélation exclusive faite par le journal Le Monde et intégralement lue par Lecourrier-du-soir.com, le média français nous apprend que le cabinet a participé à la création d’En Marche!
En effet, les relations entre McKinsey et Macron ont commencé à se tisser en 2007, date à laquelle Emmanuel Macron, jeune énarque, est nommé rapporteur adjoint de la Commission Attali. La commission avait pour mission de proposer à Nicolas Sarkozy des réformes économiques.
“Le jeune inconnu (Emmanuel Macron) impressionne la quarantaine de membres, tous grands patrons ou experts influents. Parmi eux, Eric Labaye, alors dirigeant de McKinsey en France, et Pierre Nanterme, son homologue d’Accenture”, note le journal Le Monde.
“On se réunissait le soir jusqu’à minuit dans une salle du Sénat avec Attali et Macron”, se souvient un membre de la commission. Et d’ajouter : “dans les sièges du public, il y avait trois ou quatre jeunes de McKinsey. Ils faisaient des simulations sur Excel. Normalement, les consultants n’avaient pas droit à la parole, mais leur chef était si brillant qu’on l’écoutait comme s’il était membre à part entière”.
Ce chef n’est autre que Karim Tadjeddine. “Il a 32 ans à l’époque. Il est passé par deux des plus grandes écoles de la République, Polytechnique et les Ponts et Chaussées. Cet « X-Ponts » est un crack des mathématiques financières. Il sait aussi comment fonctionne l’Etat, après avoir passé quatre ans à Bercy. Il y a notamment participé à la création de l’Agence des participations de l’Etat et à l’ouverture du capital d’EDF, avant d’être débauché par McKinsey”, renseigne Le Monde. On apprendra que Karim Tadjeddine fut l’auteur d’un chapitre du livre “l’Etat en mode start-up” préfacé par Macron.
Son aventure avec Macron ne s’arrête pas là car en 2010, Tadjeddine et l’actuel président de la France rejoignent le conseil d’administration du Think Tank En Temps Réel. “Ils y ont été recrutés par un membre de la commission, Stéphane Boujnah, un banquier passé par le cabinet de Dominique Strauss-Kahn à Bercy”, précise Le Monde.
Dans sa révélation, le journal français note l’implication de McKinsey dans la création du parti En Marche. D’ailleurs, d’après la même source, c’est une société baptisée LMP qui sera chargée de collecter et de traiter les données et les verbatims de la “grande marche” du nouveau parti, c’est-à-dire du porte-à-porte à travers la France pour recueillir les doléances et les désirs sur une application.
Que sait-on de la société LMP? Et bien, elle appartient à un proche de Macron du nom de Guillaume Liegey, lui aussi ex employé de McKinsey. Une source fiable confirme que plus tard, c’est des gens de McKinsey qui se sont chargés de la mise en forme du rapport de la “grande marche”.
Ainsi, à quelques semaines de l’annonce de la candidature de Macron, les réunions se succèdent. Mais, une constance : à chaque rencontre, on note la présence d’experts en provenance du cabinet McKinsey. “Emmanuel Macron n’a pas encore annoncé sa candidature mais, à l’été 2016, des groupes de travail sont déjà constitués pour élaborer son programme. On y croise Thomas Cazenave, mais aussi une dizaine de salariés de McKinsey. Ils planchent sur l’économie comme sur les dossiers régaliens. Chez McKinsey, Guillaume de Ranieri dirige la « practice » chargée de la défense et du secteur aérospatial. Il rejoint le groupe de travail concerné”, révèle Le Monde.
La source ajoute qu’après la victoire de Macron à la présidentielle de 2017, le nouveau président n’a pas hésité une seule seconde à recruter des jeunes de McKinsey dans son gouvernement. Parmi eux, figurent Mounir Mahjoubi, secrétaire d’Etat au numérique, mais aussi Cédric O.
Pour lire l’article du Monde dans sa version originale, cliquez ici : Le Monde
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