Revenons, voulez-vous, sur un détail du psychodrame politique surjoué, ce 9 août, après l’assassinat d’un prêtre montfortain de Saint-Laurent-sur-Sèvre par un individu échappé du Rwanda et entré en France en toute illégalité, sans avoir pu en être renvoyé, depuis 2012, au gré des procédures.
Marine Le Pen – dont la prudence et la discrétion affichées depuis quelques semaines face à la grogne populaire des « anti-vax » pouvait laisser perplexes certains de ses électeurs quant à la valeur de ses choix stratégiques pour affronter le pouvoir en place – a su profiter de la faille sécuritaire de l’État macronesque – toujours béante et tragiquement confirmée ce lundi – pour revenir d’un tweet à ses « fondamentaux », dans le hublot médiatique. Tout cela, après un énième « Je me rends sur place » du ministre Darmanin, pathétique et toujours dérisoire d’impuissance.
Tacle incendiaire de la postulante à l’Élysée : « En France, on peut donc être clandestin, incendier la cathédrale de #Nantes, ne jamais être expulsé et récidiver en assassinant un prêtre. Ce qui se passe dans notre pays est d’une gravité sans précédent : c’est la faillite complète de l’Etat et de @GDarmanin. MLP #Vendée. »
Voile rouge et réponse précipitée du locataire énervé de Beauvau chargé de protéger nos corps et nos églises : « Quelle indignité ! Plutôt que de dire sa compassion aux catholiques qui ont accueilli ce meurtrier, madame Le Pen polémique sans connaître les faits : cet étranger n’était pas expulsable malgré son arrêté d’expulsion tant que son contrôle judiciaire n’était pas levé. »
« Quelle indignité ! […] Vous n’avez pas honte ? » On croirait entendre rejouer, à cinq ans d’intervalle, la comédie de Sarkozy, drapé dans sa vertu républicaine, pour faire taire un Pujadas qui avait osé l’entreprendre sur l’argent sale de Libye. Facilités oratoires d’évitement – et de copie – de ceux qui laissent couver l’incendie par faiblesse morale et qui ne l’éteindront jamais – quoi qu’ils veuillent en faire accroire – par défaut de sens national…
Alors, justement : à qui, pour l’heure, la palme d’or d’indignité ? À celle qui – quoi qu’on puisse penser de ses angles d’attaque – dénonce ici la vérité de l’incendie, dans son rôle logique d’opposition musclée à la République des capons, ou à celui qui voudrait nous dissimuler, par l’apostrophe agressive, sa propre stérilité dans l’action et, au-delà de son échec personnel, l’impuissance d’une coterie de gouvernement chargée pourtant de nous défendre ? Terrible aveu, qui ne voudrait pas l’être, que cette pitoyable esquive sans cesse répétée, assassinats après massacres, comme une litanie excusable : « Le moment ne doit pas être à la polémique mais aux condoléances. » Indignité du faux-semblant !
On ne connaît pas, aujourd’hui même, le nombre exact des clandestins vivant en France (ce qui semble une aberration – ou une volonté délibérée ? – à l’heure du flicage sanitaire de la population). Plusieurs centaines de milliers, sans doute. Selon un rapport parlementaire du 5 juin 2019 faisant l’état des lieux des expulsions au sein de l’Union européenne, la France arrivait alors à un taux de renvoi de 23 % des migrants illégaux, la moyenne, dans l’Union, étant de 44 %. Les taux sont de 71 % en Suède, 89 % en Allemagne et au Royaume-Uni.
Chiffres sans appel d’impuissance tricolore, effarants. Illustration des freins législatifs ou judiciaires qui paralysent notre État. « Le ministre de l’Intérieur ne dénonce pas l’absurde de contradiction qui est au cœur de notre État de droit et qu’il faudrait modifier », déplore Philippe Bilger. Qui aura le courage de réformer les lois pénales et migratoires qui nous conduisent au chaos ? Pas ceux qui nous gouvernent, puisqu’on les voit à l’œuvre. Quelle indignité !