Qui croire, sur le niveau de popularité d’Emmanuel Macron ? Le sondage YouGov de la semaine dernière ou le baromètre IFOP pour le JDD qui vient d’être publié ? Le premier disait : -3 en un mois, l’autre +3 ! Pour l’un, il est au plus bas de l’année, pour l’autre, au plus haut.
Malgré le scepticisme de rigueur, les évolutions par catégories d’âge et de préférence partisane disent certainement quelque chose de juste.
D’abord, le président de la République fait un tabac chez les plus de 65 ans : 50 % (+6). C’est considérable et l’on peut comprendre que ce public, qui lui était déjà en grande partie favorable, ait apprécié ses positions « autoritaires » et sur le passe sanitaire et sur l’immigration lors de son allocution sur l’Afghanistan. Ces retraités, très majoritairement vaccinés, n’ont par définition plus les soucis imposés par le passe en termes de vie professionnelle ou familiale.
Ensuite, le président de la République fait un boom chez les électeurs LR, les deux catégories (seniors et LR) se recoupant d’ailleurs beaucoup : 46 % (+12). En effet, avec le passe et l’électrisation du débat autour de sa personne, il a évacué du paysage les Bertrand, Pécresse et Wauquiez qui voulaient s’y faire une place. Emmanuel Macron a compris tout l’intérêt politique qu’il pouvait tirer d’une campagne présidentielle placée sous le signe de cette épidémie qui vampirise tout et annihile le fonctionnement normal d’une démocratie (cf. la participation électorale des scrutins de 2020 et 2021). Il nous l’a même dit : 2022 sera encore une année Covid. Il serait intéressant de voir comment tourneraient les choses si l’épidémie venait à refluer dans les prochains mois et si le débat démocratique, mis entre parenthèses, reprenait vraiment.
Ce sondage indique tout de même une baisse, logique elle aussi, chez les jeunes, où Macron atteint 61 % de mécontents (+10), ce qui confirme le flop de la séquence TikTok à Brégançon. Pas inquiétant, électoralement, puisque ces mêmes jeunes votent peu.
Le JDD savoure cette marche triomphale vers un second mandat qui semble se profiler pour Emmanuel Macron : « À huit mois de l’élection présidentielle, ce résultat le place en position de force, 8 points au-dessus de son prédécesseur Nicolas Sarkozy à la même période de son mandat et 25 points au-dessus de François Hollande. » Comme si l’élection en mode Covid était déjà jouée. Oubliant quelques détails qui pourraient avoir leur importance : en dehors de Marine Le Pen, on ne connaît aucun des autres candidats susceptibles de rivaliser avec eux. Ni à gauche, ni chez EELV, ni chez les LR, dont l’électorat, liquide entre Macron, les prétendants LR et même Zemmour, ne s’est toujours pas fixé et pourrait être la clef de l’élection.