Une douleur de Notre Seigneur méconnue – celle de savoir qu’il envoyait ses disciples au supplice
Il est habituel et normal d’insister sur les souffrances personnelles de Notre Seigneur Jésus-Christ lors de Sa Passion, et en particulier au Jardin des Oliviers, où le démon le tente pour le dissuader d’obéir à Son Père en lui représentant toutes les souffrances qu’il aura à subir à l’avance, en particulier les souffrances morales, liées aux péchés des hommes dans toute l’histoire, passée, présente et future, avec tout spécifiquement les horribles sacrilèges innombrables contre Son saint corps et Son saint sang par des prêtres et des fidèles, autant d’insultes faites au sacrifice suprême du Golgotha, le gâchant pour toutes ces âmes qui se damnent par leur action sacrilège.
J’aimerais ici faire part d’une courte méditation d’une autre souffrance, peut-être méconnue, en tout cas que je n’avais moi-même jamais remarqué jusqu’à peu : ce qui est certainement naturel, car, faiblesse humaine oblige, il est plus simple d’imaginer les souffrances physiques et morales personnelles de Jésus-Christ que celles qui l’atteignent par le biais de Son amour du prochain. Expliquons-nous : notre faiblesse nous poussant à être égoïste, nous avons la tendance, l’inclination à plus craindre pour notre souffrance et notre salut personnels que ceux des autres.
Voici donc une souffrance immense, peut-être celle qui fut la plus grande tentation du démon pour dissuader Jésus-Christ de faire la volonté de Dieu — le démon ne savait évidemment pas que Jésus-Christ était Dieu et que toutes ses tentations étaient vaines — : le Christ savait que, par sa Passion, il entraînait inexorablement tous ses disciples fidèles, à commencer par les Apôtres, aux souffrances du martyre et des persécutions, du sarcasme à l’ostracisme. Il savait que, par la Rédemption, il entraînait inexorablement l’aggravation de la peine pour les traîtres, qui, jusqu’à l’avènement du Seigneur, faisaient le mal sans savoir contre qui ils le faisaient ; dorénavant ils le font consciemment, contre Jésus-Christ, aggravant ainsi leur supplice en enfer — un mauvais prêtre, mort en état de péché mortel, connaît une peine grave bien plus terrible en enfer que le païen, jamais baptisé, qui n’a jamais connu le Christ. Pire que tout, Notre Seigneur connaissait toutes les souffrances que Sa Sainte Mère allait encourir…
Évidemment, Jésus-Christ savait que ces croix, qu’il donne à ses frères d’adoption divine, sont en fait une grâce, car elle leur ouvre les portes du Ciel et leur donne les lauriers éternels. C’est donc un très grand bien, rehaussé par la semence de chrétiens engendrés pour le profit du plus grand nombre d’âmes, à commencer par celles des bourreaux, qui souvent se convertissent malgré la haine pugnace qui les animait un peu plus tôt — pensons à leur premier devancier, saint Paul.
Notre Seigneur savait aussi que ces croix sont d’autant plus lourdes que la nature humaine est faible. Cela devait lui fendre le cœur d’une souffrance innommable, nous aimant comme Il nous aime, de savoir qu’il nous faudrait passer par là pour nous sauver. En même temps, Sa nature divine lui rappelait tout de suite que le bon Dieu donne toutes les grâces nécessaires et qu’à l’instant de l’abandon de l’âme au bon Dieu, quelque soient les persécutions et les difficultés, l’âme se réjouit et trouve la paix.
Notre situation aujourd’hui correspond un peu au jardin des oliviers : la Passion violente est sur le point de se produire, elle a déjà commencé pour trop d’entre nous. Nous nous fortifions dans la grâce, mais nous voyons aussi tous les dangers. Nous apprenons à mourir et fortifions notre courage dans la vertu de force pour savoir mourir le jour venu !
Cela est bon, et bien. Le retour de l’esprit chevaleresque est nécessaire pour accomplir nos devoirs dans le combat qui a déjà débuté, en de nombreux sens, dans sa phase violente. Mais cela ne suffit pas ! Il faut être prêt à agir pour Dieu et pour le Roi, dans la vérité et la justice, dans chaque situation, même si cela devait signifier envoyer nos proches au supplice… Et cela est bien plus difficile à admettre que de sacrifier sa propre vie, et pourtant, Notre Seigneur nous a montré la voie et a vécu la même chose.
Quand Jésus, revenant vers Jérusalem avec Ses apôtres pour aller en Croix et le leur prophétisant, se voit dissuader par saint Pierre, celui-ci se fait traiter de « suppôt du diable »… La fuite n’est pas une vertu évangélique ! Pensons encore à saint Pierre, qui quitte Rome pour éviter la persécution sous le fallacieux prétexte de protéger les fidèles de Rome : finalement, Notre Seigneur lui apparaît et lui reproche de Le crucifier une seconde fois !
Protéger ceux que nous aimons ne signifie pas céder à la peur et à la pusillanimité, mais faire ce qu’il faut faire, dans la prudence et la clairvoyance, sans témérité, mais avec la détermination et la confiance que Dieu pourvoira.
En toute chose, agissons avec courage et force, de façon ordonnée, et avec une intransigeance, certes prudente, mais ne déviant jamais de l’essentiel.
Dès que vous avez une position de responsabilité, que ce soit père de famille, de curé, de chef d’entreprise, etc., il faut que vous ayez le courage d’engager tous vos protégés s’il le faut, et ne pas simplement être prêt à vous sacrifier vous-mêmes. Quand le Vendéen se battait pour Dieu et pour le Roi, toute sa famille était engagée, irrémédiablement. Ainsi, nous avons eu la grâce d’avoir beaucoup de saints martyrs ! Dieu pourvoira pour le reste.
Que Saint Louis et tous nos saints nous fortifient dans le combat contre nos ennemis, pour le bien commun et pour les âmes qui nous sont confiées !
Paul-Raymond du Lac
Pour Dieu et pour le Roi !
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