Une tribune libre de Nicolas Bay, député français au Parlement européen, vice-président du groupe « Identité et démocratie »
L’islamisme est un iceberg vers lequel les élites européennes foncent à grande vitesse. Le terrorisme n’en forme que le sommet de la partie émergée. L’immergée est l’impensé des politiques européennes en matière d’immigration.
Depuis 2015 et le massacre de la rédaction de Charlie Hebdo, il n’est pourtant plus possible de se voiler la face. Sauf à le vouloir. Sauf à être complice. Nous accueillons sur notre sol des centaines de milliers d’islamistes, peut-être même des millions. Ils ne sont pas des terroristes et ils ne le seront sans aucun doute jamais. Mais ces hommes et ces femmes « comprennent » les attentats, leur trouvent des explications qui masquent mal une volonté d’excuser voire de justifier.
No future
Les sondages comme les études plus fouillées n’ont cessé ces dernières années de le prouver. L’IFOP pour Marianne donne en ce mois d’octobre des chiffres terrifiants. Parmi eux, celui-ci : 61 % des jeunes musulmans estiment que la charia est supérieure à la loi française. Or, ils sont 80 % parmi les jeunes musulmans à déclarer que la religion tient une place « importante » dans leurs vies. Ainsi donc, seuls 19 %, un quart, placent la loi de la France avant celle de leur religion. C’est sans appel. C’est aussi no future en commun car, à n’en pas douter les enfants de ces jeunes seront élevés dans les mêmes principes par leurs parents. Minoritaires, ces islamistes s’accommodent de nos lois ; majoritaires, ils « comprendront » tout mouvement islamiste qui voudra proclamer la charia en Europe.
Qui est responsable de cette situation ? D’abord et avant tout, ceux qui nous gouvernent. L’islamisme n’est qu’un volet de ce que l’on peut appeler l’islamigration. Quand on accepte de faire venir chez soi une immigration dont l’histoire, la religion, les conceptions sont extrêmement différentes, et même parfois antagonistes, alors on ne peut être surpris, notamment du fait de l’ampleur numérique de cette migration, que l’assimilation ne fonctionne pas. La faute première est donc celle des responsables politiques, français et européens, mais aussi de l’Union européenne. Celle-ci finance des organisations liées aux réseaux internationaux islamistes. Ainsi 5,6 millions ont été versés à des proches des Frères musulmans comme la FEMYZO, un groupe de « jeunesse musulmane » mais qui a fait de la laïcité une cible, et qui travaille parfois avec l’Open Society de Georges Soros. Un certain Réseau européen contre le racisme est également financé. Sous couvert d’antiracisme, c’est à une traque de tout ce qui s’oppose à l’islamisation de notre continent que se livre ce lobby. Dissous en 2020 par le gouvernement après la décapitation de Samuel Paty, le Collectif contre islamophobie en France (CCIF) était membre de ce réseau.
L’Europe favorise la victimisation
Tout ce petit monde est subventionné par Bruxelles, choyé et même invité à parader dans des réunions de jeunes européens comme le week-end des 9 et 10 octobre derniers. Ces jours-là, les jeunes activistes de FEMYZO ont pu participer au week-end de la jeunesse organisée par le Parlement européen et même faire applaudir leur combat par de jeunes militants de gauche.
Depuis 2014, le Conseil de l’Europe organise la journée européenne contre l’islamophobie. Une aubaine pour tout ce que l’Europe compte d’islamistes en mal de victimisation. Il ne s’agit évidemment pas de défendre le brave épicier arabe, imaginaire des années 90, contre les terribles Dupont Lajoie, imaginaire des années 70, mais d’imposer des revendications dans l’espace public. Il s’agit également d’inverser les mots, les faits et les réalités. Ainsi, le port du voile devient une preuve d’émancipation, la loi sur le séparatisme d’Emmanuel Macron serait un « détournement de la laïcité ».
On l’a compris, pour ces islamistes, il s’agit de défendre les territoires tangibles ou symboliques acquis et d’en conquérir d’autres. Cette dialectique élémentaire, de très faible niveau intellectuel, ne peut fonctionner que sur des mentalités emprisonnées mentalement par la doxa racisme/antiracisme support idéologique de l’immigration, et donc de l’islamisation, depuis quarante ans en Europe. Bref, elle a porte ouverte auprès des commissaires européens et de la majorité des parlementaires de Bruxelles. Le rapport stratégique sur la sécurité pour 2020-2025 de l’Union européenne le dit : la bataille contre le terrorisme (le mot islamiste n’est pas utilisé) passe par plus de « cohésion sociale », une fin de la « polarisation ». En d’autres termes, les Européens qui refusent l’islamisation de leur continent et de leurs nations sont renvoyés dos à dos avec les islamistes. Les deux « polarisent ». Autrement dit, l’islamisme résulte d’un dysfonctionnement de nos sociétés. Il n’est pas un facteur exogène et conquérant dont les racines plongent dans un passé séculaire et des sociétés étrangères. Autant de candeur et de bêtise stupéfieront les historiens du futur. Reste à savoir qui ils seront et s’ils s’en féliciteront ou le condamneront. Tel est l’enjeu des années décisives qui viennent.
Tribune reprise de Causeur