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Le présidentialisme contre les libertés

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Interrogé ce 30 octobre par l'hebdomadaire Le Point, le vieux constitutionnaliste Pierre Mazeaud découvre ce qui devrait sembler une évidence depuis 1962, et plus encore du fait de l'expérience, après le départ du fondateur en 1969, sans parler du prince président de 1848 : les méfaits de l'élection présidentielle au suffrage universel.

Ayant réalisé toute sa carrière dans les plis de la cinquième république, laquelle en fit même le président du conseil constitutionnel, Mazeaud prend conscience à 92 ans de la tare fondatrice de ses institutions. « La présidentielle, observe-t-il enfin, c’est du rock’n’roll ». Ayant reconnu : « Lorsqu’il a voulu mettre en place l’élection du président au suffrage universel, Michel Debré et moi nous nous y sommes opposés. On a dit non. Et quand le Général a maintenu sa décision, nous l’avons suivi », il conclut : « Si seulement on pouvait en finir avec cette élection…» Mieux vaut tard que jamais, à tout pécheur miséricorde.

Toute la vie politique et tous les débats de l'Hexagone se concentrent ainsi sur une phase quasiment névrotique et hystérique, et ceci évacue aussi bien les préoccupations quotidiennes des Français que les nécessités d'une réflexion civique éclairée d'un niveau tant soit peu supérieur.

C'est ainsi que les véritables questions de défense, comme les considérations géopolitiques qui les déterminent de façon évidente, mais aussi la question plus générale des libertés, aussi bien sur le terrain social que sur celui de l'économie se trouveront éclipsées par la campagne à venir.

On peut le constater déjà dans la période de précampagne où nous nous trouvons. L'égalitarisme des discours démagogiques menace de plus en plus le sens des libertés de la nation.

Que la Chine rouge constitue une menace pour les libertés du monde, tout un chacun avait pu commencer à en prendre conscience, avant même la crise du Covid. La mise en place du crédit social, pensé dès 2012 année de l'ascension de Xi Jinping, visible dès 2018 et illustré par le "contrôle social", lui-même facilité par la reconnaissance faciale, tout cela doit être considéré comme un danger très clair. Et au cours de l'année 2019, les plus naïfs des adeptes européens du socialisme ont commencé à s'en rendre compte.

Mais il ne serait pas sérieux de perdre de vue les racines occidentales de ce scénario orwellien, basées notamment sur l'idée que la famille n'existe pas, que la propriété individuelle est condamnable, et que les enfants appartiennent à l'État.

Quiconque a tant soit peu parcouru, en classe de terminale ou dans la bibliothèque de la Pléiade, les écrits de Platon a pu ainsi découvrir les premières utopies fondatrices. Elles étaient formulées par écrit, de façon certes géniale, par le père de la philosophie, il y a vingt-cinq siècles. Sans doute circulaient-elles déjà depuis fort longtemps de manière non écrite dans le monde indo-européen. Elles ressemblent étrangement à ce qui cherche à nouveau à se réaliser en Chine sous les plis du drapeau rouge.

Ayant échoué en leur temps, leur prophète les a rectifiées largement dans la deuxième partie de son œuvre, et son principal disciple Aristote, plus d'un millénaire avant son continuateur saint Thomas d'Aquin les redressa définitivement, du moins jusqu'à l'apparition de sectes telles que les anabaptistes de la Guerre de Trente Ans, les illuminés de Bavière du XVIIIe siècle et ceci jusqu'aux phases extrêmes de la révolution française dont, hélas, les stigmates n'ont jamais été effacés.

C'est bien ce flambeau, éternellement rouge du sang de ses victimes, que reprenaient Marx et Engels, dès leur Manifeste communiste de 1848.

Prendre conscience et faire comprendre cela autour de nous, semble à l'auteur de ses lignes, plus utile que de se fourvoyer dans les illusions bonapartistes d'un quelconque Jupiter aussi funeste que celui élu au bonneteau en 2017.

JG Malliarakis  

https://www.insolent.fr/

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