Emmanuel Macron est un énarque, un technocrate, un éphémère banquier dont la carrière s’est faite à l’ombre du socialisme converti aux affaires, du PS à la Banque Rothschild grâce à Attali et Minc réunis. Elu, après qu’on eut évincé Fillon pour lui, et contre Marine Le Pen, il avait gagné à gauche, sauvant un grand nombre de ses amis socialistes et il a continué avec entrain la décadence sociétale qu’ils avaient entamée : après le “mariage homosexuel” du président dont il fut collaborateur, ce fut entre autres la PMA pour les lesbiennes. Discours écologique à destination des verts, dépense publique et endettement traditionnels chez les socialistes, antiracisme à la limite du Wokisme lorsqu’il parle des mâles blancs pour faire jeune et branché, mais suppression de l’ISF réduit à la taxation de l’immobilier, composaient un cocktail à la Pagnol où le “quatrième tiers” avait un goût de “droite” qui, en fait, était un arome de “très riche”.
De déclaration maladroite en sortie carrément injurieuse envers le peuple, Macron est apparu comme étant de gauche, mais de la haute. Une pluie de taxes pour compenser la dépense souleva le peuple qui décidément ne l’aimait pas plus qu’il ne l’aimait. Le second mandat était mal parti. C’est alors que l’idée de récupérer la droite la plus bête du monde lui vint à l’esprit. Un premier auteur de droite lui souffla : “levez-vous, orages désirés” car en face des Gilets Jaunes et de leurs tempêtes parisiennes à répétition, il incarna l’ordre appliqué avec une férocité qu’ignorent les sauvageons des banlieues autrement plus dangereux pourtant. Puis vint le second, avec la “divine surprise” du Covid. Macron tenait “sa” Guerre, “sa” Libération … et sa réélection.
En principe, la santé, il y a un ministre pour ça. Non, la France a obtenu du ciel un caporal-infirmier, qui caporalisera la population ravie d’une attention si soutenue, avec toute une série d’avantages qui ressemblent comme deux gouttes d’eau de Vichy à ceux que le gouvernement de notre pays a connus à l’une des heures noires de son passé : confinement, couvre-feu, restrictions de circulation, contrôles renforcés, autorisations de sortie, discrimination dans la fréquentation des lieux publics, passeports intérieurs, etc… La protestation des gens de droite sincèrement attachés à la liberté est demeurée minoritaire : l’ordre efficace et protecteur a plus de poids dans l’électorat classé à droite que la liberté. C’est dommage, mais c’est ainsi. En prime, la guerre autorise de fréquents communiqués de l’Etat-Major, en l’occurrence de son super-chef. D’où le grand intérêt que le conflit ne s’épuise pas avant les prochaines élections. Celles-ci pourront se passer dans le brouillard favorable aux sortants, puisque les électeurs seront obsédés par leur santé plus que par celle du pays. Requinqué par son idée de passe-sanitaire et par l’élan majoritaire vers la vaccination, Macron a donc décidé de nous faire une piqûre de rappel en nous annonçant une troisième dose obligatoire. Le rôle de “père-fouettard” pour le bien de ses enfants irresponsables, ça marche : il aime ça, le peuple, comme aurait dit Louis de Funès, et comme l’a si bien incarné le Maréchal de la “Divine surprise”. Et l’air de rien, après l’ordonnance, ça permet de faire passer un prospectus électoral : la méchanceté du virus explique ce qu’on n’a pas fait, comme la réforme structurelle indispensable des retraites bien trop dangereuse pour la réélection, et elle transforme le succès relatif en victoire éclatante de même qu’elle explique les échecs devant des obstacles trop contraignants.
S’il n’y avait pas eu le covid, il eût fallu l’inventer. D’ailleurs, si on n’a pas inventé la pandémie on a surjoué la peur tant celle-ci rend les gens dociles et libère les détenteurs de pouvoir. L’ATIH ( Agence technique d’information sur l’hospitalisation) vient de révéler dans un rapport qu’en 2020, dans les hôpitaux, seulement 2% des lits, 5% des soins critiques et 11% des “réanimations” avaient été occupés par des patients atteints du Covid… tandis qu’on fermait 5700 lits. Le problème était sérieux, la manipulation aussi. Certes, dans la durée, les patients du covid occupaient plus de temps disponible, par exemple 19% pour les lits de réanimation, mais la pression ne s’exerça qu’à l’occasion de pics et certains indicateurs mis en place par les autorités lors de l’épidémie ont exagéré cette pression hospitalière. Quant aux résultats exemplaires, on doit les chercher. En réalité, la France se situe dans la moyenne. La différence des résultats tient moins à la politique menée qu’à la population, son âge médian, sa concentration urbaine, sa manière de vivre, son état de santé, la qualité de son système de soins. Les chiffres diffèrent finalement peu d’un pays à l’autre en Europe occidentale. Il y a un décalage entre leur modestie proportionnelle, 120 000 morts en France, soit 1,61 % des cas détectés et 0,2% de la population, et les mots angoissants employés pour parler de la pandémie : “effroyable progression” et “taux effarant” sur LCI, par exemple. En Suède, la crise a été gérée par une Agence spécialisée. En France, c’est l’Etat et son Chef qui ont été mis en avant. Après bien des erreurs et des tâtonnements, celui-ci dit avoir gagné sa guerre grâce à la vaccination et au passe sanitaire qui y oblige. L’Allemagne a moins de vaccinés, mais moins de morts. Il est probable que le temps lissera les écarts. La 5ème vague annoncée fatiguera-t-elle les Français ou les plongera-t-elle à nouveau dans le brouillard propice aux réélections ?
La brume ne pourra toutefois pas effacer le temps perdu et l’argent gâché dans le domaine économique où les cris de victoire sont mensongers au point d’être indécents. Le “record” français d’une croissance de 6,5% n’est que l’effet conjugué d’une récession initiale plus profonde (-8%) et d’une injection financière plus massive avec un record mondial de dépense publique de 60% et une dette de 120% par rapport au PIB. Malgré cet effort, dont on peut se demander s’il n’est pas électoral, le niveau de 2019 n’est pas réatteint. L’Allemagne fait moins bien, mais elle a davantage de réserves. Malgré son hymne au travail, Macron joue les cigales. (à suivre)
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