Lu sur IFN :
Le délai de réflexion que les lois de certains pays imposent aux mères avant l’avortement fonctionne dans un nombre important de cas. La confirmation vient d’Irlande. Selon les chiffres publiés par le ministère de la Santé, environ 20 % des femmes qui avaient initialement demandé un avortement ont changé d’avis.
La règlementation irlandaise, en vigueur depuis janvier 2019, stipule qu’il doit y avoir un délai de réflexion d’au moins trois jours entre la première consultation et l’intervention chirurgicale pour retirer le bébé de l’utérus. C’est le cas si vous avez l’intention d’avorter au cours du premier trimestre de la grossesse, c’est-à-dire dans le délais légal pendant lequel un avortement est autorisé sans motif précis. Pour les avortements au cours des deuxième et troisième trimestres, en cas de diagnostic de malformation du foetus ou de risque pour la santé de la mère par exemple, la loi n’exige aucun délai de réflexion.
Répondant à une question posée par la députée Carol Nolan, qui est très active sur le front de la protection de la vie, le ministère irlandais a révélé que l’année dernière, 6 455 avortements ont été pratiqués au cours du premier trimestre de la vie d’un bébé, alors qu’un nombre beaucoup plus élevé de femmes avaient demandé l’avortement : 8 057. Ainsi, plus de 1 600 femmes enceintes ont décidé de ne pas avorter et de finalement donner naissance à leurs bébés. Cela représente près de 20%, un chiffre significatif qui montre l’efficacité du délai de réflexion imposé par la loi actuelle.
Bien sûr, il est possible que certaines de ces mères aient avorté à l’étranger après une visite initiale en Irlande, mais si c’est le cas, il s’agit d’un pourcentage très faible, étant donné les restrictions mises en place l’année dernière en raison du CoViD-19, tant sur les voyages que sur l’accès aux services de santé. Depuis le début de la pandémie en Irlande, la consultation à distance du médecin est possible, et l’avortement au cours du premier trimestre de la vie de l’enfant est dans la plupart des cas effectué non pas chirurgicalement dans un hôpital ou une clinique, mais avec la pilule abortive RU486. En d’autres termes, il n’y a pas de véritables obstacles pour celles qui veulent avorter, même à domicile, si ce n’est ce délai de réflexion.
Les chiffres publiés par le ministère de la Santé sont importants, car dans quelques semaines, le Parlement irlandais remettra en question la législation actuelle sur l’avortement en vue d’éventuels changements. Tous les trois ans, la législation est révisée, et parmi les dispositions que les militants pro-avortement voudraient abroger figure celle concernant cette période de réflexion obligatoire de trois jours, qui selon eux, constituerait un obstacle pesant sur le choix des femmes.
Mais les données montrent exactement le contraire. La pause de réflexion de trois jours permet de réfléchir et parfois de reconsidérer le choix de l’avortement, précisément parce qu’un tel choix est (évidemment) irréversible et fatale. Etant donné que de nombreuses femmes envisagent d’interrompre une grossesse tout en nourrissant de forts doutes, la pause et la réflexion les aident à prendre le courage de choisir finalement la vie plutôt que la mort.
Une telle période de réflexion est prévue dans la législation de nombreux pays. En Italie, par exemple, la pause est de sept jours, plus de deux fois plus longue qu’en Irlande. En Belgique, elle est de six jours, de cinq jours aux Pays-Bas, et de trois en Espagne et au Portugal. En revanche, une telle règle n’existe pas au Royaume-Uni, même si un sondage de 2017 montre que 79 % de la population serait favorable à son instauration pour une période de cinq jours.
Qui sait combien de vies sont fauchées à cause d’une décision hâtive et combien de mères, regrettent plus tard leur décision, et pleurent leurs enfants avortés. Si, comme le montrent les données irlandaises, un cinquième des femmes changent d’intention après une première visite, c’est aussi grâce à cette période de réflexion. L’abroger reviendrait à priver tout le monde de la possibilité de choisir, même ceux qui considèrent l’avortement comme un droit.
Les femmes qui considèrent l’avortement comme un droit (et ce n’est pas l’ensemble des femmes, peut-être même pas sa majorité) affirment qu’elles ne sont pas “pour l’avortement”, de sorte que la distinction entre pro-vie et pro-avortement serait trompeuse. C’est pourquoi les défenseurs de l’avortement se définissent comme pro-choix (comme si les personnes pro-vie ne choisissaient pas la vie). Ce même mouvement ajoute également que tous, y compris ceux qui considèrent l’avortement comme un droit, sont en eux-mêmes pro-vie, ne veulent pas la mort, et considèrent donc l’avortement comme une sorte de dernier recours. Pourquoi pas. Mais si tel est le cas, alors le mouvement des femmes qui considèrent l’avortement comme un droit, devrait définitivement accepter le délais de réflexion pour les femmes enceintes qui entendent mettre un terme irréversible à la vie de leur enfant. Un délais aussi long que possible.
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