Si la France interdit les statistiques ethniques, une enquête révèle des chiffres éloquents : 11,7 % des nouveau-nés ont reçu un prénom arabo-musulman en 2020. Le grand remplacement dit désormais clairement son nom.
Au regard des mutations démographique et migratoire que connaît la France, ce n’est pas vraiment une surprise : que ce soit en France en général ou dans plusieurs départements en particulier, la part des prénoms arabo-musulmans est devenue significative. C’est ce qui ressort de l’Ouest de la France. Une étude du site heure-priere.com, qui s’appuie notamment sur les statistiques de l’INSEE, démontre que dans certains départements il y a même plus de prénoms musulmans que bretons, même si le nombre de prénoms français reste majoritaire dans le total.
Ainsi, en Loire-Atlantique, si 5,29 % des naissances se sont traduites par l’attribution d’un prénom breton, 7,28 % l’ont été par celle d’un prénom arabo-musulman. Les chiffres du pourtour sont tout aussi intéressants. Ainsi, pour les prénoms arabo-musulmans, on en est 4,09 % en Côtes-d’Armor (7,70 % de prénoms bretons), 3,52 % dans le Finistère (9 % de prénoms bretons) et 3,82 % en Morbihan (contre 8,19 % de prénoms bretons). En revanche, en Ille-et-Vilaine, on fait à peu près jeu égal : 6,03 % de prénoms arabo-musulmans contre 6,8 % de prénoms bretons. Pour la seule Bretagne administrative, on est à 7 % de prénoms bretons dans le total des prénoms attribués.
Mais on constate aussi une augmentation des prénoms bretons sur toute la France. Ainsi, de 1950 à 2020, on passe de 1,14 % à 3,70 % en 2020 en passant par 1,64 % en 1993. Enfin, un autre constat : celui qui a trait à la part des prénoms arabo-musulmans sur tout le territoire du pays. Pour la seule année 2020, 11,74 % des nouveau-nés ont ainsi reçu un prénom arabo-musulman. En 1960, la part de ces prénoms n’était que de 2,24 %, alors même que l’Algérie était encore sous souveraineté française. On recense en effet 83 703 prénoms arabo-musulmans sur les 713 273 prénoms attribués en 2020. Mais on constate une certaine baisse – bien que relative – sur les trois années qui précèdent 2020 : 12,10 % de prénoms arabo-musulmans en 2017, 12,03 % en 2018 et 11,95 % en 2019. En termes de chiffres, on passe donc de 90 317 prénoms arabo-musulmans en 2017 à 83 703 prénoms en 2020, ce qui constitue une diminution de 7 % en trois ans. On constate une particularité : l’attribution de prénoms arabo-musulmans est surtout un phénomène masculin. Ainsi, les garçons portent trois fois plus de prénoms arabo-musulmans que les filles. L’étude entreprise par le site heure-priere.com est relativement solide et s’étend sur une période qui va de 1900 à 2020. Quant à la méthodologie, l’étude a bien tenu compte du fait que certains prénoms pouvaient ne plus apparaître comme arabo-musulmans à un autre moment. De même, elle n’a pas comptabilisé les prénoms dits « ambigus » dans la liste des prénoms arabo-musulmans : c’est ainsi le cas d’Adam, d’Adel, de Jade, de Nadine, de Nadia ou de Myriam. Mais si la prononciation arabe est respectée, le prénom est alors inclus dans la liste des prénoms arabo-musulmans, comme on le voit avec Ismail (et non Ismaël).
François Hoffman
Article paru dans Présent daté du 17 décembre 2021