L'apparition soudaine de l'hypothèse Taubira pourrait faire rire, ou, suivant l'humeur, pleurer sur la tombe des idéaux de la vieille gauche française. On saura bientôt, si la rumeur prend corps, si une forme d'unité se dessine autour de ce personnage et de sa candidature présidentielle, le scénario qu'elle camoufle.
N'écartons pas l'idée que le désastre annoncé de l'opération Hidalgo ait suscité une démarche de substitution. Le parti socialiste dispose encore d'une très forte implantation locale. Il ne saurait être question pour lui de se retrouver à un niveau plus bas encore que celui atteint par Benoît Hamon en 2017. Pas question non plus de laisser poser le problème de la légitimité même de l'équipe actuellement gestionnaire de la Ville de Paris.
Précisons : 1° d'abord Hamon avait obtenu 6 % des voix, soit un score inférieur à tous ceux obtenus par PS depuis sa refondation au congrès d'Épinay de 1971. Les sondages prédisent à Hidalgo quelque chose comme 4 %. Un tel score pourrait signifier la mort clinique du parti en dépit de son implantation territoriale.
Pour des raisons évidentes la Taubira pourrait en recueillir artificiellement un peu plus, ne serait-ce qu'en additionnant l'apport du lobby LGBT et des communautés ultramarines. Par ailleurs elle n'appartient pas au PS : de ce point de vue l'honneur serait de toute manière sauvé.
2° l'opération envisagée, par le biais de soi-disant primaires populaires, permettrait aussi, outre une toute petite dynamique unitaire, de trouver une procédure d'exfiltration pour la candidature, encore plus problématique, d'Arnaud Montebourg et de grappiller son petit filet de sympathies.
3° au lendemain des élections présidentielles puis législatives de 2022, Valérie Pécresse a promis de réformer la loi dite PLM du 31 décembre 1982 qui fausse les résultats à Paris, Lyon et Marseille, dans le but, alors assez clair, de sauver la majorité municipale de Gaston Defferre dans la patrie de Pagnol.
C'est cette loi qui a permis à une fausse majorité de conserver Paris conquise il y a maintenant 20 ans par les socialistes.
Aux élections municipales parisiennes de 2020 les listes patronnées par Hidalgo avaient obtenu, au premier tour, 162 000 voix sur 1 332 000 électeurs inscrits. Au second tour, alliée aux écologistes et aux communistes, elle n'avait obtenu que 225 000 voix sur 463 000 suffrages exprimés, ne gagnant une majorité de sièges au Conseil de Paris qu'en vertu du découpage des arrondissements. Cette même pseudo-majorité municipale, était conduite aux régionales d'Ile-de-France de 2021par Audrey Pulvar, la protégée d'Anne Hidalgo. Elle était mise en déroute, n'obtenant que 10,5 % des voix sur l'ensemble de la Région et seulement 13 % des voix à Paris.
La possibilité d'une reconquête de Paris semble donc mûre. Et, si la Mégère Hidalgo perd une nouvelle fois, battue à plate couture, on peut imaginer un scénario plus rapide, à partir notamment de la question des finances délabrées de la Ville. Rappelons qu'il est actuellement envisagé de la mettre sous tutelle.
La substitution Taubira correspondrait assez bien au virage de l'idéologie Terra Nova, substituant elle-même l'addition des communautarismes à l'ancienne prétention de la gauche à la représentation des forces dites populaires et de la classe ouvrière.
Or, si l'on examine le curriculum vitae de Mme Taubira... outre sa participation, au titre des radicaux de gauche, à l'élection présidentielle de 2002, où elle obtint 2 % des voix passant pour avoir précipité l'élimination de Jospin ... outre son laxisme judiciaire comme ministre de Hollande ... outre la loi qui porte son nom et autorise les mariages contraires à la règle de parité... son principal titre de gloire, du point de vue de la gauche "Terra Nova" et du communautarisme, est celui de la loi mémorielle du 21 mai 2001, "tendant à la reconnaissance de la traite et de l’esclavage en tant que crime contre l’humanité"qui porte également le nom de loi Taubira.
L'article 1er est très explicite : "La République française reconnaît que la traite négrière transatlantique ainsi que la traite dans l'océan Indien d'une part, et l'esclavage d'autre part, perpétrés à partir du XVe siècle, aux Amériques et aux Caraïbes, dans l'océan Indien et en Europe contre les populations africaines, amérindiennes, malgaches et indiennes constituent un crime contre l'humanité."
L'esclavage tel qu'il a régné, du VIIe siècle jusqu'à nos jours, en terre d'islam, se trouve ainsi exonéré de la loi. Elle ne l'est pourtant pas toujours dans la mémoire des communautés rivales qui se disputent les territoires perdus de la république.
A ce sujet tabou de "La Traite arabo-musulmane", la revue historique "de gauche" qu'est Historia, dirigée par Claude Perdriel et Maurice Szafran consacrait son numéro 899 de novembre 2021 :
On y trouve par exemple, en page 31, cette citation surprenante du fameux historien et géographe musulman ibn Khaldoun, étonnamment impunie, à propos des Africains : "peuple différent de tous les autres [...] ils sont noirs et dépourvus de raison. Ils mangent les étrangers chaque fois qu'ils le peuvent" [...] "au sud du Nil se trouve un peuple noir appelé les Lamlam. Ils sont païens [...] ils constituent la masse ordinaire des esclaves [...] au-delà vers le sud, il n'y a pas de civilisation à proprement parler." etc.
Fondé sur une telle "mémoire" conflictuelle, empoisonnée par de telles considérations, et leurs contrecoups, le communautarisme, qu'incarne l'hypothèse Taubira, ne saurait mener un pays qu'à l'explosion sociale.
JG Malliarakis