Alors que le projet de loi visant notamment à transformer le passe sanitaire en passe vaccinal – qui renforce donc de fait l’obligation vaccinale – est en cours de discussion, les élus de la majorité présidentielle se plaignent de menaces et redoutent même des attaques.
Ainsi, le 29 décembre dernier, la voiture d’un député LREM, Pascal Blois, a été en partie brûlée dans un incendie allumé dans son garage. Présidente de la commission des lois de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet a même lu devant ses collègues un message menaçant. Traitée de « collaborateur-marionnette », elle a été sommée de voter « non » au texte en cours de discussion sous peine de faire de l’Assemblée nationale « un gigantesque bain de sang où giseront les corps qui pensaient nous gouverner ».
Des députés LREM de l’Isère ont même reçu des menaces de mort au mois de novembre dernier. Pour ces différentes raisons, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a même demandé de prendre en compte les domiciles et les permanences des élus dans les patrouilles de police et de gendarmerie. En effet, dans un message destiné aux préfets, le patron de Beauvau estime que l’actuel débat parlementaire sur le passe vaccinal est « susceptible de susciter des menaces voire des passages à l’acte contre les élus ».
Ces intimidations ne sont pas nouvelles ; elles avaient même fait leur apparition lors de la crise des Gilets jaunes. Elles ont néanmoins pris une tournure supplémentaire avec la volonté d’accentuer les contraintes sanitaires. Il y a déjà quelques mois, l’institution du passe sanitaire avait créé des tensions qui se sont avivées au fur et à mesure des différents textes législatifs successifs. Il faut donc s’interroger sur les raisons de ces tensions.
La mise en cause des non-vaccinés, traduite parfois par un appel à ne pas les accueillir en cas d’hospitalisation ou même à les confiner, a mis de l’huile sur le feu.
Le 27 décembre dernier, Emmanuel Macron n’avait-il pas déclaré, au nom de « mesures proportionnées », qu’il fallait « faire peser les contraintes sur les non-vaccinés » ? Ces propos, cités par Le Canard enchaîné et prononcés juste avant la réunion du Conseil de défense sanitaire, démontrent que les Français qui n’ont pas reçu de doses sont bel et bien dans le collimateur du discours officiel. Un discours qui prétend pourtant ne pas vouloir imposer de règles restrictives et refuser de céder aux injonctions des « enfermistes » qui demandent des contraintes plus élevées.
Le récent renforcement des contraintes existantes, comme l’intensification de la lutte contre la fraude ou le retour du masque obligatoire dans certaines villes, a certainement eu sa part.
Dernière mesure annoncée : celle du ministre du Travail, Elisabeth Borne, qui envisage une amende de 1 000 euros par salarié pour les entreprises qui refuseraient de recourir au télétravail. Cette amende s’inscrit dans les sanctions qui pourraient être infligées par l’Inspection du travail.
François Hoffman
Article paru dans Présent daté du 31 décembre 2021