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L’obstacle des 500 signatures n’est pas une « posture victimaire »

Ne pourront se présenter à l’élection présidentielle que les candidats ayant recueilli au moins 500 signatures parmi les 42 000 élus pouvant parrainer, 500 élus dans 30 départements différents. Mathématiquement, jusqu’à 84 personnes pourraient donc se présenter simultanément. Mais la levée de l’anonymat décourage certains élus qui craignent menaces, exclusions, saccages, voire agressions.

« Drapés dans une posture victimaire » : chaque fois que sont évoqués les dénis de justice ou les violences dont sont victimes ceux qui n’appartiennent pas au « camp du bien », c’est cette expression qui est opposée aux plaignants. « Drapés » : les soi-disant victimes en font un étendard. « Posture » : il y a l’idée que c’est une pose, une attitude, pour les photographes, les commentateurs. « Posture victimaire », puisque nous sommes dans le domaine de la comédie. La crainte de ne pas recueillir les 500 signatures ne serait donc qu’une manipulation de certains candidats pour faire pleurer dans les chaumières, et engranger, marginalement, des voix supplémentaires.

Ceux qui tiennent ce raisonnement sont les mêmes qui, quelques mois avant les massacres islamistes de 2015, classaient dans la catégorie des « postures victimaires » les alertes émises après des agressions djihadistes. Cette expression, on la trouve par exemple noir sur blanc dans Le Monde peu avant la vague des attentats meurtriers de 2015.

Pour l’heure, Zemmour, Marine Le Pen et Mélenchon, trois des cinq candidats de tête, n’ont pas leurs 500 signatures. Il y a cinq jours, Mélenchon en avait recueilli 391. A la différence de 2017, la présence du candidat communiste le prive d’un très gros paquet de signataires potentiels, et il ne peut être exclu que le stalinien Roussel, crédité de 2 % des voix, représente seul ce courant d’extrême gauche, grâce à ses élus historiques, tandis que Mélenchon, malgré des sondages qui le placent entre 9 % et 12 %, mais dont l’ancrage est plus faible (LFI n’existe que depuis 2016), ne pourrait se présenter. Beaucoup de municipalités socialistes comptent des adjoints communistes, susceptibles de parrainer le candidat du PC, mais plus rarement des adjoints LFI. C’est une perspective dont Roussel ferait évidemment son miel.

Zemmour doit agréger sur son nom des transfuges

Pour Eric Zemmour le pari est encore plus difficile : son parti, Reconquête, n’existe que depuis un mois. Aucun candidat de Reconquête n’a donc été élu, sous cette étiquette, aux régionales et départementales de 2021 ni aux municipales de 2020. Or, les grands gisements de parrainages se situent parmi ces élus-là. Zemmour doit agréger sur son nom des transfuges de LR, des transfuges ou exclus du RN, des élus de Debout la France ou des Patriotes. Mais ces deux derniers partis ont leur propre candidat à la présidentielle. A supposer que ceux-ci ne parviennent pas à recueillir leurs 500 parrainages, ce n’est pas pour autant que ceux qui se seront engagés pour Philippot ou Dupont-Aignan aient le souhait ou le temps matériel de transférer leur parrainage à Zemmour.

En clair, cela signifie qu’il est pratiquement impossible à un candidat ne bénéficiant pas d’une structure de parti constituée avant les élections régionales, départementales et municipales, de se présenter à la présidentielle.

Le 21 décembre, le parti d’Eric Zemmour reconnaissait n’avoir recueilli que 200 à 250 promesses de parrainage. C’est ce qui conduit des élus LR à envisager de lui accorder leur signature. Mais Pécresse, qui, comme Hidalgo et Macron, dépasse les 500 parrainages, interdit pour l’heure aux élus LR de le parrainer, sous peine d’exclusion. Ce serait pourtant son intérêt. La seconde place face à Macron ne lui est pas garantie, mais si Zemmour (ou Marine) ne peut se présenter, le candidat unique de la « droite hors les murs » serait presque automatiquement l’adversaire de Macron au second tour. Quand Marine Le Pen évoque chez Bourdin le fait que Pécresse serait « l’actionnaire majoritaire » de Zemmour, elle fait allusion à la rumeur qui dit que des élus LR s’apprêteraient à donner leur signature à ce dernier. Si c’est avec la bénédiction de Pécresse, la manœuvre serait évidente. Mais l’exercice ne serait pas sans risque pour Pécresse elle-même. Depuis quelques semaines, des élus LR ont déjà été exclus pour avoir signé pour Zemmour. Comment justifier que ce qui vaut exclusion en décembre puisse être autorisé, voire encouragé, en janvier ?

« Nous galérons » (Marine Le Pen)

Et Marine Le Pen elle-même, où en est-elle du côté de ses 500 parrainages ? En 2021 le nombre des élus RN a fortement baissé. Mercredi, chez Bourdin, elle avouait : « Nous galérons », mais elle ne donne pas de chiffres.

C’est la publication des noms des soutiens qui crée cet obstacle quasiment dirimant, mais les délais sont trop courts pour changer la règle. Zemmour, Mélenchon et Marine Le Pen représentent ensemble – dans les sondages – 45 à 50 % des électeurs. Avouez que, s’ils étaient dans l’impossibilité de se présenter, on finirait par douter de la démocratie ! •

Francis Bergeron

Présent 

https://www.tvlibertes.com/actus/la-une-de-present-du-14-01-2022

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